dimanche 24 mai 2009

Eux, nous, l'Europe.

À quinze jours de l'élection, la campagne se recentre enfin sur les véritables enjeux du projet européen. Car mis à part le Petit dictionnaire pour aimer l'Europe de Marielle de Sarnez, les militants européens n'ont pas eu grand chose à se mettre sous la dent jusqu'ici — nonobstant le formidable travail des Commissions démocrates, pas évident à suivre lorsqu'on n'est pas parisien... les Mouvements départementaux étant restés à l'écart de ce travail de réflexion approfondi sur notre projet européen, à Strasbourg et dans le Bas-Rhin en tout cas — les cordonniers sont comme toujours les plus mal chaussés :)

Peut-être n'est-il pas trop tard pour redresser la barre et essayer d'éviter l'abstention record qu'on nous annonce pour le 7 juin ?

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[mise à jour] : insertion des liens vidéo

Hier, le Mouvement démocrate réunissait à Paris ses principales têtes de liste à l'appui du Programme démocrate pour la législature 2009 - 2014. Morceaux choisis :

François Bayrou ouvre la 3ème Conférence nationale avec 3/4 d'heure de retard. Il appelle à la tribune la meilleure équipe de candidats et salue leur principale qualité à ses yeux : ils sont courageux. De nombreux militants apprécient déjà l'indépendance d'esprit de Corinne Lepage, de Jean-François Kahn ou de Sylvie Goulard, entre autres.

Corinne Lepage voit dans l'Europe un bouclier pour défendre notre démocratie. Rebondissant sur quelques sujets d'actualité – enfants interpelés et gardés à vue à la sortie des écoles, la société du flicage d'Hadopi –, elle affirme que l'Europe est la seule à même de poser des lignes jaunes. Une Europe qui nous renvoie une image inquiétante de notre démocratie française et de notre état de droit national. En matière environnementale, l'Europe est un creuset de meilleures pratiques. Fustigeant le tout-nucléaire qui continue d'être un frein à notre diversification énergétique, elle rappelle qu'en Espagne, les centrales solaires atteindront bientôt l'équivalent de la production d'un réacteur nucléaire, sans le moindre déchet. Enfin, Corinne cite le dernier ouvrage d'Ulrich Beck Pour un empire européen comme illustration de ce que pourrait un modèle de développement européen pour le Monde. Vidéo : CL

Robert Rochefort s'adresse aux jeunes gens, parqués dans des stages relais en lieu et place de vrais emplois. Il rappelle que l'OCDE critique le fait que le RSA ne soit pas accessible aux moins de 25 ans. Il nous faut un plan de relance européen, un programme Erasmus pour l'apprentissage, doubler l'effort de recherche en Europe, généraliser l'apprentissage de 2 langues européennes y compris les langues régionales. Vidéo : RR

Sylvie Goulard rappelle un point essentiel dans une intervention étonnamment courte : l'Europe se construit avec les autres pays européens. Elle souligne une grande qualité du programme de législature à ses yeux : le programme démocrate est ouvert.
Sylvie rappelle que la Constitution allemande fête aujourd'hui son 60ème anniversaire. C'est vrai que l'Allemagne n'avait pas participé à la fondation du Conseil de l'Europe, le 5 mai 1949. Vidéo : SG

Gino Ponin Ballom
rappelle que l'Europe a des frontières outre-mer, à quelques heures de Miami ou de Johannesburg. Pour le chef de file de la liste démocrate Outre-mer solidaire il est nécessaire pour l'Europe d'entamer de nouvelles relations avec ses territoires outre-mer. Vidéo : GPB

Jean-Marie Beaupuy témoigne des difficultés à débattre du projet européen avec ses concurrents de la région Centre Massif central. Il déplore le détournement de campagne organisé par l'UMP, à l'image des réducteurs de têtes... Vidéo : JMB

Jean-Luc Bennahmias interpelle Daniel Cohn-Bendit : si la campagne d'Europe écologie ne te suffit pas, pas besoin de t'occuper de celle de l'Ump ! Fabienne Faure défend l'idée que les listes démocrates sont représentatives de la population dans son ensemble et que les élus siègeront à 100%. On n'en espérait pas moins :) Vidéos : JLB et FF

Jean-François Kahn souligne l'importance du distinguo entre les faits et les opinions. Le débat d'idée doit primer sur les questions de personne. Le débat démocratique doit s'appuyer sur les faits véritables, et non sur des leurres médiatiques. JFK rappelle l'absolue nécessité de faire de la politique autrement, y compris chez nous. Vive JFK !! et vive la vraie blanquette de veau à l'ancienne :) Vidéo : JFK

Bernard Lehideux réaffirme vigoureusement l'opposition des démocrates à la reconduction de Manuel Barroso à la tête de la Commission européenne : on ne peut pas en même temps se réjouir de l'élection d'Obama et en même temps continuer à voter pour les amis de Bush ! Vidéo : BL

Yann Wehrling estime à juste titre que pour l'opinion publique, la campagne des Européennes ne fait que commencer. Yann rappelle les 3 défis majeurs qui attendent les députés européens dans les prochains mois : la réforme de la politique agricole commune, le défi climatique et les enjeux plus politiques avec la réforme du financement de l'Union. Vidéo : YW

Marielle de Sarnez résume en quelques mots le programme de l'UMP : la présidence française du Conseil européen par Nicolas Sarkozy. Si l'Europe l'avait voulu, elle aurait pu mieux affronter la crise. Le désintérêt de l'opinion publique et le risque d'abstention ne sont-ils pas déjà le signe que l'Europe n'a pas été à la hauteur ? Bonne question. Question inquiétante... L'Europe aurait-elle besoin d'un électrochoc salutaire voire... d'une véritable Constituante ? Vidéo : MdS

François Bayrou rappelle avec force, en introduction, la nécessité d'une capitale démocratique pour l'Europe : Strasbourg. Pour lui, nous sommes les seuls à défendre farouchement le siège du Parlement européen à Strasbourg. Pour trois raisons au moins : le symbole de l'histoire européenne, des déchirements passés et de la réconciliation ; la nécessaire séparation des pouvoirs pour distinguer l'exécutif, la Commission et la capitale parlementaire où sont représentés les peuples européens et enfin, parce que c'est bien pour la France et pour l'Alsace, aussi. Verbatim. Vidéo : FB

Il note ensuite l'état de désespoir résigné et de déréliction de la société française. Pour l'Europe, il propose de substituer le concept d'Europe puissance à celui d'Europe volonté et enfin d'oublier le concept d'Europe fédérale qui dit parfois le contraire de ce que l'on souhaite exprimer – subsidiarité oblige – pour lui préférer le terme d'Europe coopérative. On notera aussi que le modèle rhénan a été cité comme exemplaire en fin de discours. Vidéo : FB

François Bayrou rendra également un hommage appuyé à Robert Schuman pour son esprit visionnaire et pour sa grandeur d'âme.

Le programme complet est téléchargeable ici :

7 commentaires:

  1. Merci beaucoup pour ce CR clair et concis, fort utile aux absents :)

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  2. Sympa! Merci pour ton point de vue ....personnel mais ça n'enlève rien!! au contraire

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  3.  
    Merci pour ce travail de compte rendu. Mais

     (merde encore un mais…)

    Je ne sais pas si cela vient de ton style journalistique, ou de l’exercice de résumé, mais j'ai l’impression que tout cela ne devait pas être très passionnant.

    Tu nous rapportes qu’en même pas mal d’évidences et de points de vues mollassons. C'est le retour du centre mou???

    A part Bayrou, toujours excellent, le seul à tirer son épingle du jeu (d’après ton compte rendu) est, comme d’habitude, JFK. Il me semble carrément dominer les autres au niveau de sa clairvoyance et de son énergie.  
     
    JFK ! JFK ! JFK ! JFK ! Oouais Chui fannn !

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  4. @ tous : il ne s'agit pas d'un compte-rendu mais de quelques morceaux choisis en toute subjectivité :)

    Attendez donc les vidéos et les verbatims pour vous faire une idée et voir si tout ça était si... mollasson. Mauvaise impression due à mon style télégraphique, sans doute.

    Pour le CR complet de cette conférence nationale, voir les instances départementales et la coordination idoine :)

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  5. Le Taurillon : Quelles doivent être les priorités du budget communautaire pour les 5 prochaines années ?

    Robert Rochefort : Selon moi, l’Europe doit soutenir financièrement la recherche et l’innovation, cela est essentiel pour accroître la compétitivité européenne, et donc l’emploi.

    Il me paraît également important de financer de grandes infrastructures. D’une part en période de crise, une politique de grands travaux favoriserait la relance économique. D’autre part, ces infrastructures européennes permettraient de renforcer les liens interrégionaux au niveau européen, comme cela serait le cas d’une ligne TGV entre la France et l’Espagne dans le Sud Ouest de la France. Le désenclavement des régions et des territoires du Sud Ouest est une priorité absolue, et il y a trois axes à privilégier : la descente en Aquitaine, l’axe méditerranéen de Montpellier à Perpignan, et la transversale Bordeaux-Montpellier. Les deux premiers sont à penser en collaboration avec les autorités espagnoles.

    Ensuite, une part conséquente du budget doit bien sûr rester consacrée à la Politique Agricole Commune et à la politique de cohésion territoriale. Selon moi, l’Europe doit soutenir une agriculture de qualité.En outre, une part conséquente du budget doit également être consacrée à la lutte contre le changement climatique. Enfin, l’Europe doit financer une ambitieuse politique sociale, notamment en matière d’emploi, de santé publique, de formation et d’éducation, de retraite, de chômage. Nous devons avoir un alignement par le haut dans les différents pays de l’Union, et non un alignement par le bas.

    Par ailleurs, je tiens à souligner le fait que les moyens financiers dont dispose l’UE sont bien trop faibles. Il faut accroître son budget, ce que nous proposons de faire par la mise en place d’une « taxe tobin » sur les transactions financières spéculatives, par exemple. Nous soutenons également la mise en place d’une « taxe carbone » à nos frontières.

    Le Taurillon : Etes‐vous favorable la création d’un gouvernement économique européen qui remplacerait l’actuel Eurogroupe ?

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  6. Le Taurillon : Pourquoi briguez-vous un mandat européen ?

    Nathalie Griesbeck : Au cours du mandat qui s’achève, des législations extrêmement importantes ont été prises en faveur de notre indépendance énergétique, de la lutte contre le réchauffement climatique ou encore pour un encadrement strict de l’utilisation des produits chimiques. Ces exemples montrent combien l’Europe n’est plus un rêve quand environ 70 % des législations qui régissent notre quotidien sont d’essence communautaire. L’UE est devenue l’échelon décisif, celui où se joue l’avenir des 450 millions d’Européens. Je souhaite agir là où se décide l’avenir, plutôt que pavaner sous les feux des projecteurs !

    Le Taurillon : Quelles sont selon vous les 3 priorités de l’Union européenne pour les 5 années à venir ?

    N.G : Il faut désormais aller plus loin. La crise a montré combien la solidarité du peuple européen et la coordination de ses politiques revêtent une importance considérable. Que serions-nous actuellement sans cet Euro pourtant si contesté ? Il nous faut tout d’abord désigner une nouvelle Commission européenne capable de prendre en considération nos aspirations, pour mettre en œuvre les grands chantiers d’une Europe sociale, d’une Europe fiscale, d’une Europe protectrice des libertés individuelles qui passe notamment par une politique européenne de Défense et de Sécurité.

    Le Taurillon : Le Traité de Lisbonne revient sur la reconnaissance des symboles européens, pensez-vous que cela soit une bonne chose ?

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  7. PARIS (AFP) — François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, a appelé samedi à voter aux européennes, affirmant qu'un "recours contre les abus de pouvoir, c'est le peuple".

    "Jamais je n'ai vu le peuple français dans l'état de désespoir résigné dans lequel des pans entiers sont en train de s'enfoncer", a assuré M. Bayrou, entouré des têtes de listes MoDem, lors d'une conférence nationale organisée à Paris à quinze jours du scrutin.

    "Vous pouvez vous servir de votre bulletin de vote le 7 juin", a ajouté le député des Pyrénées-Atlantiques devant plusieurs centaines de participants. Car "il existe toujours un recours contre les abus de pouvoir, et ce recours c'est le peuple".

    Le responsable centriste est l'auteur d'un vigoureux pamphlet antisarkozyste à succès, intitulé "Abus de pouvoir".

    "Vous pouvez, avec un seul bulletin, envoyer" plusieurs messages, a-t-il détaillé: "dire qu'on croit à l'Europe, qu'il faut changer les orientations de la politique qui gouverne la France", mais aussi "envoyer un petit signal au parti au pouvoir pour dire qu'on n'accepte plus ses dérives, et au principal parti d'oppossition pour lui rappeler qu'il va falloir qu'il se bouge".

    "On n'a pas seulement besoin d'une Europe qui marche tant bien que mal" mais "d'une Europe qui décide de dessiner, à sa place et dans sa responsabilité, l'avenir de la planète", selon le député béarnais.

    Préférant le terme d'"Europe volonté" à celui d'"Europe puissance", selon lui "sujet à ambiguïté", il a pointé "des risques que l'Europe demeure ce qu'elle est, une collection d'individualités gouvernementales".

    Or "il n'y a rien de plus nuisible pour l'Europe que des gouvernants qui cherchent perpétuellement à tirer la couverture à soi", a averti le leader centriste, dans une allusion à Nicolas Sarkozy.

    Alors que le MoDem a été accusé de toutes parts de vouloir nationaliser le scrutin européen, ses têtes de listes ont ciblé le vert Daniel Cohn-Bendit, candidat d'Europe-Ecologie, qui avait accusé M. Bayrou de "dérailler".

    "Dany, si la campagne d'Europe-Ecologie ne te suffit pas, tu n'es pas obligé de mener la campagne de l'UMP", a lancé Jean-Luc Bennahmias (ex-Vert), tête de liste dans le sud-est, qui dirigea la campagne de Daniel Cohn-Bendit aux européennes de 1999.

    "J'ai croisé ce matin Daniel Cohn-Bendit et je lui ai dit: je découvre que tu fais de la politique comme les vieux", en envoyant des "boules puantes", a renchéri l'ex-journaliste Jean-François Kahn, tête de liste dans le sud-est.

    Marielle de Sarnez, vice-présidente du MoDem et tête de liste en Ile-de-France, a fustigé les programmes des partis concurrents.

    "Le programme de l'UMP se résume à la présidence française de l'Union de Nicolas Sarkozy", celui du PS au "manifesto de leurs collègues socialistes européens" et celui des Verts à "tout sauf Bayrou", a-t-elle dit.

    Au MoDem, "nous avons un programme, une équipe, et, j'ai l'impression que c'est ce qui énerve nos concurrents, nous avons un leader", a-t-elle ajouté.

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