jeudi 31 décembre 2009

Rund um & le Christkindelsmärik à Tokyo

Cette année, le marché de Noël de Strasbourg s'exporte à Tokyo. L'édition régionale "Rund um" de France 3 Alsace y a consacré quatre émissions spéciales – 4 fois 5 minutes :

Épisode 4 – Un Alsacien chez les Nippons – jeudi 31 décembre
Épisode 3 – Une famille en or... gues – mercredi 30 décembre
Épisode 2 – Le Tokyo de Jacques Peter – mardi 29 décembre
Épisode 1 – Le Christkindelsmärik à Tokyo – lundi 28 décembre

Sayônara !


mardi 29 décembre 2009

Taxe carbone : les juges constitutionnels sur les pas de Ségolène Royal...


Je me désolais de n'avoir entendu que Ségolène Royal exprimer clairement ce que je pense au fond du projet de "taxe carbone" tel qu'on nous la mitonnait jusqu'ici : "écologiquement inefficace et socialement injuste" avait-elle lancé dès la première esquisse du projet de loi.

Ce soir, neuf Sages viennent de lui emboiter le pas, in extremis : le Conseil Constitutionnel vient de censurer l'ensemble des dispositions relatives à la taxe carbone. Les sages du Palais-Royal considèrent que l'ensemble des "exonérations, réductions, remboursements partiels et taux spécifiques" dépouillent la loi de son ambition de lutte contre le réchauffement climatique et créent "une rupture d'égalité devant les charges publiques". "Moins de la moitié des émissions de gaz à effet de serre aurait été soumise à la contribution carbone", en raison de ces multiples exemptions, selon les juges constitutionnels. [in Le Monde]

Décision n° 2009-599 DC du 29 décembre 2009
Loi de finances pour 2010

Le 29 décembre 2009, le Conseil constitutionnel, par sa décision n° 2009-599 DC, a statué sur la loi de finances pour 2010 dont il avait été saisi par plus de soixante députés et par plus de soixante sénateurs. Les requérants contestaient la réforme de la taxe professionnelle à laquelle se substitue notamment une contribution économique territoriale. Ils contestaient également des dispositions relatives à la contribution carbone, au régime fiscal des indemnités journalières d’accident du travail, à la majoration de la taxe intérieure de consommation applicable aux carburants et à l’extension du revenu de solidarité active à certains jeunes de moins de vingt-cinq ans.

En premier lieu, en ce qui concerne l’institution de la contribution économique territoriale, le Conseil a rejeté l’ensemble des griefs formés par les requérants. (...)

En deuxième lieu, le Conseil a jugé que l’importance des exemptions totales de contribution carbone étaient contraires à l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et créaient une rupture d’égalité devant les charges publiques. Par voie de conséquence il a censuré l’ensemble du régime relatif à cette contribution (articles 7, 9 et 10). (...)

II – Contribution carbone.

L’article 7 de la loi instituait une contribution carbone. Les travaux parlementaires soulignaient que l’objectif de cette mesure est de « mettre en place des instruments permettant de réduire significativement les émissions de gaz à effet de serre » afin de lutter contre le réchauffement de la planète. Pour atteindre cet objectif, il a été retenu l’option « d’instituer une taxe additionnelle sur la consommation des énergies fossiles » afin que les entreprises, les ménages et les administrations soient incités à réduire leurs émissions.

Toutefois, les articles 7 et 10 de la loi instituaient des exonérations, réductions, remboursements partiels et taux spécifiques. Ainsi étaient totalement exonérées de contribution carbone les émissions des centrales thermiques produisant de l’électricité, les émissions des mille dix-huit sites industriels les plus polluants, tels que les raffineries, cimenteries, cokeries et verreries, les émissions des secteurs de l’industrie chimique utilisant de manière intensive de l’énergie, les émissions des produits destinés à un double usage, les émissions des produits énergétiques utilisés en autoconsommation d’électricité, les émissions du transport aérien et celles du transport public routier de voyageurs. En outre, étaient taxées à taux réduit les émissions dues aux activités agricoles ou de pêche, au transport routier de marchandises et au transport maritime.

Ces exemptions auraient conduit à ce que 93 % des émissions d’origine industrielle, hors carburant, soient exonérées de contribution carbone. Moins de la moitié des émissions de gaz à effet de serre aurait été soumise à la contribution carbone. Celle-ci aurait donc porté essentiellement sur les carburants et les produits de chauffage qui ne sont que l’une des sources d’émission de dioxyde de carbone. Pour les activités industrielles, ces exemptions n’étaient pas justifiées par le régime des quotas d’émission de gaz à effet de serre dans l’Union européenne, ces quotas étant attribués à titre gratuit jusqu’en 2013.

Le Conseil a jugé que, par leur importance, les régimes d’exemption institués par la loi déférée étaient contraires à l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique et créaient une rupture caractérisée de l’égalité devant les charges publiques. Il a, par voie de conséquence, censuré l’ensemble du régime relatif à la contribution carbone (articles 7, 9 et 10 de la loi de finances).

(...) »

Lire l'intégralité de la décision n° 2009-599 DC du 29 décembre 2009
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dimanche 20 décembre 2009

Regard démocrate sur le fiasco de Copenhague

Il faudra s'interroger sérieusement sur les véritables causes de ce fiasco planétaire.

Après vingt ans de débat scientifique entre climatologues, deux ans de préparation active, des mois de négociations diplomatiques, le sommet de Copenhague accouche in extremis d'un texte de 3 pages, dépourvu du moindre engagement contraignant, sans même aucun objectif chiffré pour la réduction de nos émissions de CO2 !
Tout ça pour ça...

  • Je repense au principe d'équité défendu par François Bayrou lors du forum d'Europe Écologie. Aucun accord ne sera accepté s'il n'est pas équitable à l'égard des pays pauvres. La comptabilité des émissions de CO2 par tête d'habitant est la seule base de discussion possible entre les pays développés et les pays émergents. On en est encore loin, très loin...
  • Je repense au coup de gueule de Brice Lalonde sur les accords REED (comptabilité des forêts comme puits de carbone) qui a sans doute sauvé l'honneur de la France et de l'Europe en dénonçant un projet de comptabilité « complaisante voire frauduleuse » initié par la présidence suédoise de l'Union européenne et qui faisait la part belle aux pays forestiers d'Europe, au détriment des pays du Sud.

Ce soir sur TV5 Monde, François Bayrou tirait un bilan assez juste de Copenhague, pointant les excès médiatiques, l'absence de l'Europe et rappelant aussi toute l'importance des autres sujets environnementaux dans le Monde : l'accès à l'eau, le problème des déchets dans les mégapoles à la démographie galopante, la faim et l'accès aux soins des plus élémentaires.

Il est temps qu'une écologie responsable et raisonnée prenne le pas sur les discours catastrophistes de l'urgence climatique qui nous ont mené à ce fiasco...

Internationales - TV5 Monde avec F. Bayrou :



PJ : projet d"accord" du 18 décembre à Copenhague (PDF 3 pages)
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samedi 19 décembre 2009

Stammtisch & résultats de la consultation interne des adhérents alsaciens

« Yann Wehrling, chef de file proposé par le Bureau exécutif du Mouvement Démocrate, approuvé par les adhérents après la consultation qui s'est déroulée du 17 au 19 décembre. »

Résultat de la consultation :
  • J'approuve: 64.94%
  • Je n'approuve pas: 30.74%
  • Je vote blanc: 4.33%
PS : je communiquerai ici le nombre de suffrages quand il sera connu. En première approche, il pourrait y avoir 231 votants, ou n fois plus... Sous toute réserve.

mardi 15 décembre 2009

Biodiversité : la Secrétaire d'État à l'environnement pose un lapin au Grand Hamster d'Alsace

Depuis 1993, le grand hamster* d'Alsace est protégé par la Convention de Berne sur la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe. Michel Barnier était alors ministre de l'environnement. On dit "d'Alsace" car le grand hamster d'Europe (des champs) a déjà totalement disparu des autres régions françaises.

De l'eau a coulé sous les ponts depuis 1993 mais la situation du grand hamster ne s'est pas arrangée, au point que la France est poursuivie devant la Cour européenne de justice de Luxem- bourg pour non assistance au Grand hamster, depuis juin dernier.

À peine un millier de rongeurs étaient encore dénombrés sur la plaine d'Alsace en 2001, alors que le seuil de viabilité de l'espèce est estimée à 1.500 individus. Malgré le renforcement du plan de sauvegarde, le grand hamster était encore présent sur seulement 90 communes d'Alsace en 2004 -- 16 dans le Haut-Rhin, 74 dans le Bas-Rhin. En 2009, on n'en dénombrerait plus que 450 individus, réfugiés autour d'une dizaine de communes du Bas-Rhin. Cf chronologie complète.

L'Office national de la chasse écrit :
Dans la plupart des communes du Bas-Rhin, l'espèce semble très rare. Seules deux communes près de Strasbourg ont encore des populations un tant soit peu intéressantes. Elles constituent encore le seul noyau de peuplement de toute la France. Dans le Haut-Rhin le hamster est quasiment éteint.

source : données O.N.C.F.S. - graphique A.P.E.L.E.

Or donc, Chantal Jouanno, secrétaire d'État chargée de l'environnement était bien décidée à prendre le taureau par les cornes pour sauver le grand hamster, sous la menace de la Cour européenne de justice. Vendredi dernier, la secrétaire d'État était attendue à Blaesheim, près de Strasbourg pour annoncer l'extension du périmètre de sauvegarde du rongeur et le renforcement des obligations faites aux agriculteurs... Déplacement annulé en dernière minute.

« On l’a dissuadée de venir» par crainte d’un accueil houleux des agriculteurs, aurait déclaré le président du Conseil régional (et président de l'UMP du Bas-Rhin) André Reichardt.

La disparition du grand hamster n'est pas un mauvais coup du sort ; elle résulte essentiellement de l'urbanisation** de la plaine d'Alsace (enclavement des zones, mortalité routière) mais aussi et surtout de l'envahissement de la monoculture du maïs sur les terres agricoles -- estimée aujourd'hui à plus de 80%.

Comme souvent, cette menace sur la biodiversité est en réalité une alerte quant à nos propres comportements. La monoculture du maïs et la disparition des biotopes ont créé des déséquilibres écologiques et économiques qu'il serait temps de contrecarrer.

Car au delà du grand hamster, c'est toute une filière socio-économique qui pourrait tirer bénéfice du renouveau d'une agriculture vivrière de proximité (filières courtes), par la réimplantation de maraîchages et de vergers sur la plaine d'Alsace.

Les grands hamters ne s'en porteront que mieux.
Les hommes aussi.

* : en allemand, le verbe hamstern signifie faire des provisions, thésauriser -- comme le hamster dans ses bajoues et son terrier.

** : on oublie trop souvent que l'Alsace est la 3ème région la plus dense de France, derrière l'Île-de-France et le Nord-Pas-de-Calais, loin devant Rhône-Alpes, PACA ou la Haute-Normandie.

mardi 8 décembre 2009

La fabrique du Projet humaniste

Après :

le Projet humaniste du Mouvement démocrate a été adopté à l'unanimité des congressistes présents à Arras les 4, 5 et 6 décembre 2009, moins 2 abstentions.

[cliquer sur l'image pour télécharger]


Le Projet humaniste d'Arras est désormais ouvert à débat et à discussion au sein des Commissions du Mouvement démocrate.
Je reviendrai ici, bientôt, sur quelques éléments marquants des débats d'amendements à Arras.

(...) Nous croyons que le projet qui peut rassembler les Français se résume en un mot : humanisme.

L’humanisme, n’est pas un vœu pieux, un souhait vague. L’humanisme, comme projet de société, si on le prend au sérieux, est exigeant, radical. Il consiste à organiser la société autour du développement humain, individuel et collectif.

Le mot est porteur de significations précises : garantir à tous les biens nécessaires : ceux de la subsistance, du logement, de la santé, du soin face à la maladie, de la prévention, l’emploi au plus grand nombre, l’éducation, la formation professionnelle, la sécurité et la sûreté, la protection contre toutes les discriminations. Offrir à tous, en tout cas au plus grand nombre, les biens supérieurs : la reconnaissance de son identité ou de ses identités, la culture, l’expression artistique, la formation au long de la vie, la protection des opinions, des convictions philosophiques ou religieuses. Assurer au pays les conditions de son rayonnement, création économique, recherche scientifique, création artistique, vie culturelle, protection de sa langue, et même de ses langues régionales, et de sa pensée. Donner au citoyen la liberté de juger et lui reconnaître le droit de comprendre et d’influencer, par ses choix politiques, l’évolution de la nation. Le protéger et favoriser son émancipation face à toutes les dépendances et à toutes les aliénations.

De tout cela, nous sommes bien loin. D’immenses progrès ont été faits, au travers des générations, dans le domaine des biens matériels. Cependant les inégalités subsistent et se creusent, de plus en plus de femmes et d’hommes sont exposés à la précarité et à la violence de conditions de vie inacceptables. Et quant au développement moral il semble plus souvent reculer qu’avancer. La culture elle-même se transforme le plus souvent en spectacle, et de moins en moins en pratique. Dans la société, le citoyen se ressent comme soumis à la loi du plus fort. On a l’impression que le privilège va au privilège. Dans le domaine des biens supérieurs, où la personne humaine se trouve ou se retrouve, notre temps a beaucoup à construire.


Extrait du préambule de François Bayrou
LE PROJET HUMANISTE

dimanche 6 décembre 2009

Copenhague chez les Démocrates, à J - 1

De retour d'Arras, je découvre la 2ème partie du débat sur Copenhague à laquelle je n'avais pas pu assister, en raison d'une réunion simultanée sur les élections régionales.

C'est tout à fait remarquable et à l'image de l'ensemble des débats qui se sont tenus à Arras ce week-end – je reviendrais sur le Projet humaniste – et sur ses 10 heures de débat et d'amendement – dans un prochain billet.

Yann Wehrling et Jean-Luc Bennahmias introduisent et animent ce débat sur le sommet de Copenhague. Les interventions de la salle sont d'un excellent niveau.



Quelques questions mériteraient d'être approfondies et j'essaierai de revenir ici, par exemple, sur le bilan carbone des cellules photovoltaïques et des voitures électriques, qui est loin d'être aussi favorable qu'on le pense... La sobriété énergétique me semble bien être le plus gros gisement d'économies d'émission de CO2, pour les transports notamment et pour l'isolation thermique des bâtiments. Rendez-vous dans un prochain billet.

Compléments documentaires :

jeudi 3 décembre 2009

Inquiétude d'un démocrate avant Copenhague : ALERTE sur la FINANCIARISATION du marché du Carbone





Après mes 3 attentes* pour Copenhague, je rejoins ici les Amis de la Terre pour exprimer une inquiétude face à la tournure des négociations : le marché des quotas de carbone est artificiel, injuste et dangereux.

Le marché du carbone est né à la suite du Protocole de Kyoto. Ce marché permet de négocier et d'échanger des droits d'émission de gaz à effet de serre (CO2, méthane, protoxyde d'azote).

En Europe, le marché des droits d'émission fonctionne depuis le 1er janvier 2005 ; il est aujourd'hui le plus important du monde "European Union Emissions Trading Scheme" ou EU ETS.

Le premier facteur d'injustice de ce marché est criant : les droits d'émission ont été octroyés gratuitement aux différents pays en fonction de leurs capacités industrielles existantes. Hormis l'injustice inacceptable entre pays développés et pays émergents, un tel marché ne peut être qu'artificiel car les quotas de carbone initiaux (ou permis d'émission) ont été distribués arbitrairement et gratuitement.

Il est avéré que le marché ne fonctionne pas correctement : le prix du droit d'émettre une tonne d'équivalent CO2 est passé de 30$ en 2004 à 0,20$ après avril 2006, marquant un effondrement de la valeur des droits d'émissions jusqu'en 2007 et un excédent de quotas par rapport à la demande pour cette période d'émission. « Acheter des droits d'émission est donc bien moins coûteux que de réduire ses émissions. » (source : Wikipedia)

Sébastien Godinot des Amis de la Terre explique :
En réalité, la majorité des échanges de crédits carbone n’est pas gérée par les industries concernées légalement par les quotas, mais par des banques et investisseurs qui se mettent à spéculer sur les crédits carbone, et créent des produits financiers de plus en plus complexes, similaires aux produits dérivés « subprimes » qui ont conduit à la crise financière actuelle. »

Le marché carbone, principalement basé en Europe, s’est élevé à 126 milliards de dollars en 2008. Il pourrait dépasser 3 000 milliards de dollars d’ici 2020 si un marché mondial est créé, attirant en masse les spéculateurs.

Anne-Sophie Simpere des Amis de la Terre poursuit :

Les marchés carbone pourraient être à l’origine de la prochaine crise financière, du fait de l’absence quasi totale de régulation de ces marchés . Un effondrement des marchés aurait des effets catastrophiques non seulement sur l’économie mondiale mais aussi sur le climat. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre ce risque. »

Au delà du risque financier, les Amis de la Terre remettent également en cause la capacité des marchés à réduire efficacement et sans risque les émissions de Gaz à effet de serre.

Pour Anne-Sophie Simpere :

Les marchés carbone n’ont pas permis les réductions d’émissions de GES promises. Pire, ils sont largement basés sur des mécanismes de compensation des émissions des pays riches dans les pays pauvres. Ces mécanismes sont les plus risqués et mettent sur le marché une partie de crédits carbone fictifs. L’amplification du phénomène pourrait conduire à l’effondrement du prix du carbone. »

Sébastien Godinot conclut :

Les marchés carbone sont aujourd’hui un moyen pour les Etats les plus riches, historiquement responsables des changements climatiques, de continuer à faire du « business as usual » incompatible avec les exigences climatiques scientifiques.
Les États parient sur des mécanismes de marchés financiers au sortir d’une crise financière catastrophique dont les leçons n’ont pas été tirées : avec ce genre de poker, la prise de risque est maximale.
Les Amis de la Terre demandent au contraire au gouvernement d’utiliser des outils éprouvés, simples et fiables tels que la régulation, la taxation des émissions de GES et des investissements publics massifs dans les technologies propres, pour réduire les émissions d’au moins 40% d’ici 2020, sans compensation.
»


* : 1 - quotas par tête d'habitant plutôt qu'en pourcentage (François Bayrou), 2 - clarté des objectifs sur la réduction du CO2 et pas autre chose (Michel Rocard) , 3 - taxation du kérosène scandaleusement exonéré jusqu'ici (ma pomme).

mardi 1 décembre 2009

C'est quoi, ça ?

Ci-dessous, pièce à conviction liée au billet d'Arnaud et à celui de Julien tirée du journal L'Alsace du dimanche 29 novembre 2009.

[cliquer pour agrandir]

mercredi 25 novembre 2009

Trois attentes d'un démocrate sur Copenhague - FB dans la 'soute' d'EE...

Intervenant au Forum d'Europe Écologie sur Copenhague, Michel Rocard et François Bayrou ont assez bien exprimé mes attentes de démocrate face à Copenhague, peut-être mieux que Daniel Cohn-Bendit lui-même... En résumé :

PREMIÈREMENT — Il faut fixer les objectifs de réduction de CO2 par tête d'habitant plutôt qu'en pourcentage, pour ne pas créer de graves injustices entre les pays développés et les pays en voie de développement. Un Chinois ou un Mexicain émet aujourd'hui 3 fois moins de CO2 qu'un Européen ou 5 fois moins qu'Américain du Nord ; un Indien 10 fois moins qu'un Européen ou 20 fois moins qu'un Américain, un Africain 100 voire 200 fois moins...

Les objectifs de réduction de CO2 ne peuvent en aucun cas contraindre le développement des pays émergents. C'est une question éthique avant d'être une question politique. Comme démocrate et comme démocrate humaniste, nous devons refuser les objectifs de réduction en pourcentage pour fixer des quotas par tête d'habitant, quelque soit le pays - voir billet du 29 septembre. Mais accepter cette idée est un défi gigantesque pour les pays riches ! Il faudra bien y arriver pourtant.

DEUXIÈMEMENT — Les objectifs de Copenhague doivent être clairs si l'on veut aboutir à un accord. Il s'agit de réduire les gaz à effet de serre et de rien d'autre ! Michel Rocard a parfaitement exprimé ce point de vue, en fin négociateur qu'il fut... Rien ne serait pire que de vouloir "refaire le Monde à Copenhague" en voulant mettre sur la table les problèmes de corruption, le problème de l'eau, de la faim dans le monde, etc. Europe Écologie et François Bayrou ont semblé réservés sur ce principe de négociation énoncé par Rocard.

J'ajoute qu'à mon sens, il faudrait évacuer la question controversée du réchauffement climatique. Réduire la pollution de l'ère industrielle est un objectif en tant que tel. Améliorer la qualité de l'air de nos centres-villes et réduire les perturbations climatiques locales dans le ciel des mégapoles est un objectif de santé publique (CO2, microparticules, ozone) avant d'être le moyen de lutter contre un hypothétique réchauffement... Alors laissons-là l'urgence climatique (controversée) pour nous intéresser plus directement à l'air pur qu'on aimerait bien respirer tous les jours. La réduction de CO2 doit devenir un objectif en soi, comme pour toutes les autres formes de pollution. Nous devons protéger notre atmosphère aussi bien que nos sols et notre environnement.

TROISIÈMEMENT — Le CO2 émis par les aéronefs reste le grand absent de cette négociation. Le sujet serait-il carrément tabou ? En raison d'accords internationaux sur l'aviation civile, le kérosène est totalement exonéré de toute taxation sur le carbone – TIPP ou 'taxe carbone', c'est pareil au bout du compte, j'y reviendrai dans un prochain billet. Ne serait-il pas temps de soumettre le carburant des avions aux mêmes taxes que les carburants des moteurs terrestres, afin de donner au transport aérien son véritable prix ?

Seul un accord international permettrait d'effacer cette aberration qui subventionne le transport aérien au détriment des autres moyens de transport... Un seul aller-retour Paris-New York produit plus de CO2 par passager qu'une voiture familiale pendant un an... Est-il bien juste de rajouter une "taxe carbone" à la TIPP sur l'essence (plus de la moitié du prix de l'essence !) alors que le kérosène échappe scandaleusement à toute forme de taxation ?





Retrouver ici l'intégralité du Forum Copenhague organisé par Europe Écologie le 21 novembre 2009 à l'Assemblée nationale.

lundi 23 novembre 2009

23 novembre 1944, libération de Strasbourg : qui était Leclerc de Hauteclocque ?

Tous les cinq ans, Strasbourg commémore l'entrée de la 2ème Division blindée du général Leclerc, à Strasbourg le 23 novembre 1944.

Leclerc est un pseudonyme. L'officier picard s'appelle Philippe de Hauteclocque. Le 22 juillet 1940, il rejoint De Gaulle à Londres, prend le pseudonyme de Leclerc et part pour l'Afrique avec le grade de commandant, dans le but de rallier le Cameroun et l'Afrique équatoriale à la France libre.

Arrivé au Cameroun, le commandant Leclerc usurpe le grade de colonel pour se placer au dessus d'un lieutenant-colonel en poste. Peu après, De Gaulle le confirmera dans ce grade, sans passer par le grade de lieutenant-colonel.

Le 21 mars 1941, Serment de Koufra (en Lybie), le colonel Philippe Leclerc fait promettre à ses hommes :

Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg »

La 2ème DB débarque en Normandie, à Utah Beach en juillet 1944, devenue partie intégrante de la 3e armée américaine du général Patton. À la 2ème DB revient l'honneur de libérer Paris, les 24 & 25 août 1944.

Le 23 novembre 1944 vers 9h45, la 2ème DB entre dans Strasbourg par la Porte de Pierre. « Tissu est dans iode » sera la phrase codée pour signaler la réussite de la prise de la capitale alsacienne. Extrait d'archives du documentaire de Dominique Forget (2 minutes), issues des archives nationales des États-Unis The National Archives :




Ce soir, un Conseil municipal exceptionnel commémorera l'événement, en présence du maire de Périgueux et du président des Anciens de la 2ème DB - retransmission en direct, ici -.

Demain, de 17h30 à 19h, un film documentaire de Dominique Forget retraçant le périple de la 2ème DB de Koufra à Strasbourg, sera projeté place Kléber (extrait ci-dessus), suivi le lendemain dimanche de la reconstitution historique d'une célèbre photo de Jeep et d'un apéritif sur le parvis de la cathédrale.

lundi 16 novembre 2009

Copenhague : oui au débat démocratique !

L'urgence climatique est-elle soluble dans la démocratie ? Sous ce titre un brin provocant, j'ai signalé il y a quelques jours, ici même, une conférence de Vincent Courtillot, géophysicien et directeur de l'Institut de physique du Globe, aux Journées scientifiques de l'Université de Nantes.

À quelques jours du sommet de Copenhague, il importe de ne pas laisser aux experts (et aux lobbystes) le soin de penser et décider à notre place. C'est le débat démocratique qui doit éclairer les décisions politiques, et non les rapports d'experts.

Merci à Vincent Courtillot pour son effort de pédagogie et de vulgarisation — je suis en pleine lecture de son Nouveau voyage au centre de la Terre, passionnant, j'y reviendrai —.

Ce week-end sur Public-Sénat, Bibliothèque Médicis nous a offert une nouvelle occasion de débat sur la question complexe et controversée du réchauffement climatique. Avec Claude ALLÈGRE, ancien ministre de l'éducation nationale, Vincent COURTILLOT, professeur de géophysique, Jean JOUZEL, climatologue, directeur de recherche à l'institut Simon Laplace, Frédéric DENHEZ, journaliste scientifique, Jean-Pierre FLEURY, producteur, réalisateur, Fabrice LARDREAU, écrivain (60 minutes).



Et samedi 21 novembre à l'Assemblée nationale, à l'initiative d'Europe Écologie, de nombreux responsables associatifs, politiques feront le point sur la question, à 3 semaines de l'ouverture du sommet de Copenhague. Parmi eux : Daniel Cohn-Bendit, Cécile Duflot, Michel Rocard, François Bayrou...

[ cliquer pour agrandir ]

jeudi 12 novembre 2009

Choisissez le futur Président du Conseil européen

Les 27 chefs d'État et de gouvernement de l'Union européenne désigneront, pour la première fois, le 19 novembre prochain le 1er Président "stable" du Conseil européen – voir un précédent billet sur l'alerte du Mouvement européen à ce sujet –.

Devant l'intérêt suscité par cette nomination, la Fondation Robert Schuman nous donne la possibilité de voter entre les personnalités dont les noms sont avancés pour ce poste, persuadée que notre opinion comptera...

Reste à savoir si la nouvelle Présidence "stable" du Conseil européen – 2 ans ½ selon le Traité de Lisbonne – ne risque pas de faire de l'ombre à la diversité politique, culturelle & linguistique au sein des instances de l'Union... L'avenir nous le dira.

Dernière minute :
Simone Veil déclare soutenir Vaira Vika-Freiberga
Lire aussi le vibrant plaidoyer de Jean-Dominique Giuliani

dimanche 8 novembre 2009

L'urgence climatique est-elle soluble dans la démocratie ? Conférence de Vincent Courtillot, de l'Institut de physique du globe

Dans un mois débutera le sommet des Nations-Unies sur le climat, à Copenhague.

Depuis la déclaration de Rio en 1992 et le protocole de Kyoto en 1997, le réchauffement climatique est perçu comme un risque majeur pour les habitants de la planète. Les gaz à effet de serre d'origine anthropique sont désignés comme étant les principaux responsables du changement climatique.

Alors que le GIEC – Groupe d'experts international sur l'évolution du climat – éclaire à lui seul les décisions politiques internationales pour réduire les gaz à effet de serre, quelques voix se font entendre pour remettre en cause certaines observations, interprétations ou conclusions scientifiques des seuls climatologues.

À la suite de Claude Allègre, plusieurs géologues, planétologues, apportent quelques éléments très intéressants au débat. Des voix libres, indépendantes, courageuses, qui ne manquent pas de nous interroger sur la place de l'expertise scientifique dans les politiques publiques et les décisions démocratiques.

Pour l'illustrer, j'ai choisi ces deux vidéos :
  • un clip de communication 'sympa' sur l'urgence climatique
  • une conférence de Vincent Courtillot, membre de l'Académie des sciences, géologue, directeur de l'Institut de physique du globe, qui apporte de sérieuses nuances sur la réalité du réchauffement climatique, explique ses réserves sur les causes réelles de ce réchauffement et souligne la nécessité pour les politiques d'avoir des éclairages scientifiques pluridisciplinaires sur des questions aussi importantes.



Si vidéo hachée, on peut la télécharger ici.
Transition sans commentaire...

samedi 7 novembre 2009

Quel avenir pour les Eurodistricts ?

Le Forum Carolus, le Centre des études européennes de Strasbourg et leurs partenaires l'ITI-RI, Café Babel, l’association RETE - IHEE, l'association Rhin-Volga ainsi que Cantores Rhenani vous invitent :

le 12 Novembre 2009
QUEL AVENIR POUR LES EURODISTRICTS ?
Table-ronde avec :

  • M. Roland Ries, maire de Strasbourg
  • M. François Loos, ancien ministre, député du Bas-Rhin, vice-président du conseil régional d'Alsace
  • M. Marcel Alexandru, consul général de Roumanie à Strasbourg
  • M. Gilles Le Theule, directeur du CEES
  • M. Eric Maulin, directeur de l’IHEE
  • M. Henri de Grossouvre, délégué général du forum Carolus
  • et de nombreux autres intervenants.

Jeudi 12 Novembre 2009 de 14h00 à 18h30
au CEES de l'ENA, 1 rue Sainte-Marguerite à Strasbourg.

Thème du jour: « Quel avenir pour les Eurodistricts ? Rôle et avenir des Eurodistricts de l'UE : Témoignages, comparaisons et échanges de bonnes pratiques ».

La première partie sera consacrée aux Eurodistricts du Rhin Supérieur, la seconde présentera différents Eurodistricts, de l'Espagne à la Roumanie.

Cet événement est organisé à l'occasion de la sortie prochaine du livre du Forum Carolus « L'Eurodistrict Strasbourg-Ortenau : la construction de l'Europe réelle ». Cet ouvrage collectif dirigé par M. Henri de Grossouvre et M. Eric Maulin aborde différentes thématiques liées à l'Eurodistrict : culture, économie, histoire et cadre juridique. Les auteurs sont des universitaires, des chefs d'entreprise, des politiques et des présidents d'associations franco-allemandes.

Réservation impérative avant le 9 novembre 09 auprès du Forum Carolus :
fiona.goerg@forum-carolus.org ou 03 88 25 70 30.

Ici, le programme prévisionnel de l'événement.

N'hésitez pas à faire suivre cette invitation à toute personne susceptible d'être intéressée.

Cordialement,
Le Forum Carolus.

samedi 31 octobre 2009

"Préparons Arras"... en sept livrets (format poche)


Pour les adeptes du format "poche", le document préparatoire du congrès d'Arras est disponible ici en sept livrets – un livret par chapitre.

Avantage : 4 fois moins de papier (19 feuilles pour 76 pages) avec une vraie reliure en prime – pour qui veut bien s'armer d'un peu de patience, d'un peu de fil et d'une aiguille ;-)

Mode d'emploi pour imprimantes NON recto/verso :
  1. Ouvrir le PDF de chaque livret-chapitre (ci-dessous)
  2. Imprimer les pages impaires
  3. Retourner les feuilles*
  4. Imprimer les pages paires
  5. Plier le paquet de feuilles en 2 pour obtenir un livret

* deux précautions sont à prendre en retournant les feuilles :
1 - ne pas changer l'orientation du texte : les jambages des lettres doivent toujours rester orientés dans la même direction
2 - s'assurer que la 1ère feuille imprimée du verso corresponde bien à la 1ère feuille imprimée du recto car certaines imprimantes laser retournent les feuilles avant leur sortie. Il faut dans ce cas les rétablir dans le bon ordre. En principe, pas de problème pour les imprimantes à jet d'encre qui sortent toujours les feuilles avec la face imprimée vers le haut.

Pour les imprimantes recto/verso, c'est + simple : imprimer directement et plier les feuilles, ensemble, pour obtenir un livret.

Les livrets à télécharger sont ici :
Préparons Arras Livret 1 et introduction : valeurs de société
Préparons Arras Livret 2 : dévlpmt économique et social durable
Préparons Arras Livret 3 : gouvernance
Préparons Arras Livret 4 : éducation
Préparons Arras Livret 5 : territoires
Préparons Arras Livret 6 : Europe et international
Préparons Arras Livret 7 et fin : vivre ensemble

NB : Certaines imprimantes laser haut-de-gamme offrent cette fonctionnalité en standard mais les imprimantes personnelles en sont généralement dépourvues. Les PDF ci-dessus sont prêts à être imprimés sur n'importe quelle imprimante standard. L'imposition des pages (2 pages par feuille, dans un désordre apparent) est prévue pour obtenir un livret format A5 en pliant chaque paquet de feuilles en deux. Les pages paires et impaires se retrouvent alors en vis-à-vis, dans le bon ordre de la pagination.

vendredi 30 octobre 2009

Région Alsace : le plan d'urgence pour l'emploi des jeunes passé au crible

Deux mois à peine après la disparition d'Adrien Zeller, la nouvelle présidence du Conseil régional d'Alsace semble vouloir imprimer sa marque par un nouveau mode de gouvernance, un brin autoritaire -- le Chef sait tout et décide de tout, tout seul, dans l'urgence, sur le modèle sarkozyste --, mode de gouvernance qu'on ne connaissait pas à Adrien Zeller.

Ainsi, le plan Agir pour l'emploi -- dit parfois Plan d'urgence pour l'emploi des jeunes -- a été adopté par la majorité UMP comme un seul homme, sans-même avoir été examiné au préalable par les différentes Commissions ad-hoc du Conseil régional. La plupart des 11 mesures annoncées sont directement sorties du chapeau de la Présidence, sans concertation véritable avec les socio-professionnels et sans mise au point avec l'ensemble des Conseillers régionaux.

Ce nouveau mode de gouvernance, autoritaire et non concerté, très sarkozyste au fond, explique à lui seul les nombreux défauts de ce plan. Au bout du diagnostic, j'attribue :

- 3 cartons rouges -- rapport coût/bénéfice catastrophique et gros déficit de gouvernance,
- 5 cartons jaunes
-- rapport coût/bénéfice moyen, recettes classiques & mesures d'affichage,
- 3 points d'interrogation -- sur des sujets majeurs, totalement absents de ce plan et
- 4 feux verts seulement -- rapport coût/bénéfice favorable voire très favorable.

Note globale : 5 /10. Peut mieux faire !
Analyse détaillée du plan et de ses manques :

E M P L O I S

« La Région soutient la création de 1 000 emplois de jeunes de moins de 26 ans ou à la recherche d'un premier emploi par une aide directe de 2 000 € par emploi et par entreprise. » Détail de la mesure 1

Carton rouge : Une prime de 2.000 euros n'a strictement aucun pouvoir incitatif sur la création de véritables emplois en CDI ou CDD de 12 mois minimum. Un emploi se crée lorsqu'il est justifié économiquement et socialement au sein de l'entreprise. Effet d'aubaine garanti pour les 1.000 premiers dossiers reçus ! Il en coûtera 2 millions d'euros à la Région Alsace... Effet pervers en embuscade : pour un poste créé non pourvu, l'âge des candidats devient un critère de sélection à part entière, au détriment des plus de 26 ans -- et surtout des plus de 50 ans qui ne souffrent pas moins de l'exclusion à l'emploi et dont le profil et la qualification pourraient être mieux adaptés. On déplace le problème mais on ne règle rien. C'est extrêmement coûteux, totalement inefficace, parfois contre-productif. En deux mots : ridicule et ruineux. Ou comment jeter l'argent des contribuables par la fenêtre !

« La Région facilite par une prime complémentaire, l'embauche des jeunes en s'appuyant sur tous les contrats aidés existants (200 € de prime mensuelle sur la base d'un temps plein). » Détail de la mesure 2

Feu vert : En temps de crise, augmenter le bénéfice et la visibilité des emplois aidés pour des publics ciblés paraît être une bonne chose. La mesure est réservée à des employeurs spécifiques (associations, communes et communautés de communes) et la collectivité profite globalement des services rendus par ces emplois -- contrats d'accompagnement vers l'emploi CAE dit "passerelle" et contrat d'avenir. On peut espérer que le diagnostic des différents dispositifs soit correctement assuré en amont pour que ces primes bénéficient en priorité aux dispositifs les plus efficaces en terme d'insertion et d'emploi des jeunes. La part contributive de l'employeur pourrait être réduite jusqu'à quelques centaines d'euros par mois.

« La Région aide davantage l'investissement des entreprises qui embauchent un ou deux apprentis supplémentaires. » Détail de la mesure 3

Carton jaune : Aspect positif : cette aide à l'embauche indirecte s'inscrit dans le projet de développement plus global de l'entreprise, avec des taux d'aide à l'investissement bonifiés sur des critères d'innovation ou de développement durable. La limitation à deux emplois créés est une bonne chose pour mieux cibler les TPE et 'petites' PME au sens européen. Mais pourquoi diable en réserver le bénéfice à l'embauche des seuls apprentis ? Toute création d'emploi qualifié devrait augmenter la capacité de financement des investissements productifs associés, dès lors qu'ils sont tournés vers les marchés de demain. Je ne vois aucune raison de réserver cette mesure judicieuse à l'apprentissage uniquement. Si quelqu'un voit une raison valable, les commentaires sont ouverts.

« La Région lance un appel à projets pour les jeunes en s'engageant dans un projet personnel ou collectif créateur d'emploi. » Détail de la mesure 4

Carton jaune : C'est la mesure la plus énigmatique de ce plan. Trois cent à 1.500 euros pour soutenir des projets individuels à condition qu'il débouche sur l'emploi... on aimerait y croire ! La Région a-t-elle les ressources en interne pour instruire et pour encadrer ce genre d'appel à projets ? Pourquoi ne pas se reposer sur les ONG, les associations sportives ou culturelles ? Mesure énigmatique assurément... démagogique ou idéologique peut-être ? J'espère me tromper. On a évité le carton rouge, au regard du faible coût annoncé pour cette mesure. Au bénéfice du doute, j'accorde le droit à l'expérimentation. À condition qu'un bilan soit réalisé publiquement avec présentation de quelques "projets individuels" exemplaires.

F O R M A T I O N S

« La Région aide les entreprises qui embauchent des jeunes en contrat de professionnalisation par une aide à la rémunération de 2 000 € par contrat dans les secteurs d'activités à fort besoin de recrutement. » Détail de la mesure 5

Carton rouge, encore : Comme pour la mesure n°1, on frôle le ridicule, et à grande échelle ! Depuis quand les secteurs d'activité 'à fort besoin de recrutement' (sic) ont-ils besoin d'être aidés financièrement pour les inciter à embaucher ? On nage en plein délire... Le problème est ailleurs : la formation (éventuellement) et surtout : l'attractivité des ces secteurs (conditions de travail). Les contrats de professionnalisation sont sans doute une bonne piste mais subventionner l'embauche dans un secteur à fort besoin de recrutement, c'est un effet d'aubaine absolument garanti à 100% ! Encore 2 millions d'euros puisés dans la poche de la Région pour alimenter directement l'économie de secteurs à fort besoin de recrutement, qui ne souffrent que modérément de la crise, avec des niveaux de qualification somme toute assez modeste, en moyenne -- propreté, hôtellerie, restauration, bâtiment, travaux publics... Pour le contribuable lambda que je suis, c'est juste incompréhensible ! Sont-ils tombés sur la tête ?

« La Région forme des jeunes peu qualifiés en vue d'un emploi préalablement identifié dans une entreprise. » Détail de la mesure 6

Carton jaune : C'est le moins qu'on puisse attendre de l'institution régionale, qu'elle se soucie de l'adéquation entre les gisements d'emploi et les formations professionnelles dont elle a la charge! N'est-ce pas la mission-même de la Région que faire coïncider les filières de formation professionnelles avec l'économie régionale ? Qui d'autre pourrait s'en charger mieux que la Région elle-même ? En fait, il s'agit ici de remédier, par un accompagnement individuel, aux défaillances des filières de formation régionales. Dont acte ! C'est un effet d'annonce pur et simple : un coup d'épée dans l'eau.

« La Région organise avec les futurs employeurs des formations pour les métiers des services aux personnes âgées, dépendantes et de la petite enfance. » Détail de la mesure 7

Carton jaune : Vivement la fusion des régions et des départements ! Sans contester la clause de compétence générale de la future assemblée territoriale (à venir et en attendant la réforme...), il serait préférable que la Région n'empiète pas trop sur les compétences jusqu'ici dévolues aux services sociaux des Départements, voire sur ceux délégués aux services sociaux des grandes métropoles régionales... Quand trois niveaux de collectivités s'occupent de la même chose, on peut être sûr qu'au bout du compte, la facture s'alourdisse dangereusement pour le contribuable... Alors vivement qu'on éclaircisse les rôles respectifs de chacun et en attendant, pourquoi ne pas confier exclusivement à la Région, la formation des personnels pour les métiers de services aux personnes âgées dépendantes et de la petite enfance ? Les contribuables espèrent que le message pourra être passé sans tarder aux départements et aux communautés urbaines...

C H A N T I E R S

« La Région aide la rénovation basse consommation énergétique de 100 bâtiments communaux. » Détail de la mesure 8

Feu vert : Bravo. Voilà le type-même de dépense exemplaire. Les premiers bénéfices sont pour l'activité et donc sur l'embauche des professionnels du secteur. Les bénéfices secondaires sont intégralement redistribués aux contribuables car des bâtiments communaux moins énergivores, ce sont aussi des bâtiments communaux plus économes en fonctionnement.

« La Région aide la rénovation basse consommation énergétique de 1 000 logements sociaux. » Détail de la mesure 9

Feu vert : Bravo, bis repetita. Même remarque pour l'emploi chez les professionnels du secteur. Les bénéfices secondaires étant principalement redistribués aux locataires les plus modestes qui bénéficieront d'un gain de pouvoir d'achat par la réduction de leurs charges locatives : des logements mieux isolés sont des logements plus économes, dans le secteur social comme ailleurs. La facture est lourde : 3 millions d'euros (1.000 logements aidés à 3.000 euros/logement) mais très utilement dépensée. Mieux que l'État, la Région est à même de réaliser les réhabilitations exemplaires en matière d'isolation et de conversion basse énergie du parc de logements sociaux. Pourquoi ne pas comptabiliser également les réductions d'émission de gaz à effet de serre ? Pourquoi ne pas aider également la conversion des chaudières collectives vers le bois de chauffage ? Pourquoi ne pas aider également la mise en place de réseaux de chauffages urbains, y compris dans les villes moyennes et les gros villages ? Assurément, voilà une piste à fort potentiel de développement d'emplois, dans les objectifs de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.

« La Région accentue l'aide à la rénovation des gares et de leurs parkings. » Détail de la mesure 10

Feu vert : Bravo (ter). Sous l'impulsion d'Adrien Zeller, la moitié des 162 gares alsaciennes ont déjà bénéficié de ce programme de rénovation de la Région Alsace. Le réseau TER Alsace connait un succès important à partir des grandes villes du sillon rhénan. Mais il faut encore accroître l'attractivité du réseau pour les territoires moins denses. Le déplafonnement des aides régionales permettra d'inciter un peu plus les communes petites et moyennes, à réhabiliter leurs gares, à en aménager les abords pour améliorer l'accès des voyageurs. La construction de parkings (vélos et voitures) favorisera l'inter-modalité. C'est tout bénef pour l'emploi du secteur. C'est tout bénef pour adoucir les transports inter-urbains. Même en Alsace, il reste encore de nombreuses lignes désaffectées & gares abandonnées à réhabiliter ! Tout un programme...

« La Région consacre 10 M€ supplémentaires pour les travaux de maintenance dans les lycées. » Détail de la mesure 11

Carton jaune : c'est de loin la mesure la plus "coûteuse" si l'on en croit l'étiquette... Les travaux de maintenance dans les lycées sont une très bonne chose. Mais en réalité, les 10 millions d'euros annoncés ne sont que des dépenses anticipées sur les budgets ultérieurs. C'est un procédé de bon aloi en période de crise mais au delà de l'effet d'annonce, les bénéfices en terme d'emploi sont très légers. Des travaux de maintenance engagés avec quelques mois d'avance, pourquoi pas ? Mais le coût réel est très inférieur à celui affiché et les gains en terme d'emploi quasi-inexistant. Pourquoi ne pas avoir mieux ciblé les dépenses, vers les économies d'énergies des lycées par exemple ?

O U B L I S !

1er point d'interrogation : la formation initiale, absente du plan pour l'emploi. Pour des raisons historiques, l'Alsace reste une des régions en queue de peloton du taux d'accès au baccalauréat pour une classe d'âge. Pourtant, le baccalauréat, général ou professionnel, reste la meilleure garantie d'adaptation à l'évolution incessante des qualifications professionnelles. Ce dysfonctionnement de l'enseignement général en Alsace doit être corrigé afin de donner à tous et aux plus jeunes en particulier, les meilleures chances de réussite dans l'évolution de leurs parcours professionnels.

2ème point d'interrogation et second absent du plan pour l'emploi : l'apprentissage des langues. Au delà du seul bilinguisme cher aux défenseurs de l'Eurodistrict du Rhin supérieur, c'est l'apprentissage de toutes les langues qui doit être favorisé, au cœur de l'Europe, à tous les âges de la vie. L'Alsace reste une des rares régions françaises à connaître un solde migratoire positif, en raison sans doute de sa vocation européenne. Le multi-linguisme devrait devenir une marque de fabrique de toutes les formations en Alsace. Et l'apprentissage des langues étrangères, européennes mais pas exclusivement, devrait y être favorisé par des dispositions pratiques, tout au long de la vie. Être polyglotte dans une région cosmopolite, au cœur de l'Europe... Peut-on rêver mieux pour engager une vie professionnelle, à tous les niveaux de qualification, en s'ouvrant aux cultures européennes ?

L'innovation est le 3ème absent de ce plan pour l'emploi. Au delà d'un catalogue de mesures, il s'agit d'insuffler la dynamique nécessaire à la mobilisation des acteurs. Il faut un fil conducteur & mobilisateur qui manque cruellement à ce plan pour l'emploi. L'innovation est la meilleure promesse des emplois futurs ; elle est dramatiquement absente. Pourtant, les pôles de compétitivité régionaux ne manquent pas d'inspiration : véhicules du futur, innovations thérapeutiques et pôle fibre qui devrait s'élargir, à mon sens, à l'innovation dans la filière bois.

Dernier carton rouge pour la mauvaise gouvernance. La démocratie locale a été malmenée. Si les commissions du Conseil régional n'avaient pas été court-circuitées dans l'urgence -- seules quelques mesures ont été examinées --, le plan Agir pour l'emploi aurait été expurgé de ses mesures les plus discutables, assurément. Dommage.