vendredi 28 mai 2010

À Molsheim (Alsace), Bugatti nous prépare une mule électrique qui "décoiffe"...




Selon des sources proches de Bugatti, l'entreprise alsacienne préparerait un prototype électrique qui scotcherait sur place tous les autres projets concurrents : le 911 électrique de Porsche, l'Audi e-tron ou même le concept-car électrique Quant présenté au dernier Salon de Genève -- accélération de 0 à 100 km/h en 2,8 secondes et vitesse de pointe à... 377 km/h !

Que les spécialistes en jugent (je n'en suis pas :-) : la puissance du prototype électrique de Bugatti (nom de code : EV) avoisinera les 800 chevaux et son couple moteur décoiffera à plus de 2.200 Newton mètre, du jamais vu en motorisation électrique !

Soyons clairs : l'exploit de Bugatti ne vaut que pour l'expéri-mentation d'une motorisation électrique à des puissances extrêmes. Tout le mal qu'on souhaite à Bugatti-Molsheim, c'est que ce prototype inouï passe au stade d'une petite série et trouve quelques richissimes acquéreurs dans le Monde.

J'aime à rappeler que dans les années 50-60, une 2CV pesait à peine plus de 500 kilos et ne consommait qu'un peu plus de 4 litres aux 100 km... Si la conception des moteurs d'aussi faible puissance avait perduré, les progrès de motorisation nous offriraient aujourd'hui des consommations de l'ordre de 1 ou 2 litres au 100 km ! Largement suffisant pour la plupart des usages urbains aujourd'hui : trajet domicile-travail quand on est loin des transports en commun, déposer les enfants à l'école, aller au supermarché faire ses courses, etc. Et bien plus économes en énergie que les modèles hybrides de Toyota aujourd'hui !

D'ailleurs, historiquement, Ettore Bugatti nous avait livré une des premières voitures électriques au Monde : la Bugatti type 56 en 1931 ! Mais il ne s'en servait qu'à titre personnel, pour se déplacer sur le site de l'entreprise...


Mise à jour : « Avec sa Twizy, Renault va se lancer dans les voitures sans permis » Source : LesEchos.fr -- merci à Objectif Terre des Hommes

«»

jeudi 27 mai 2010

À quand un TASER pour paralyser la connerie ?

Le Journal officiel de la République française publie ce jour 27 mai 2010, un décret autorisant les polices municipales à s'équiper de pistolet à impulsion électrique TASER.

Il y a moins d'un an, le 2 septembre 2009, le Conseil d'État interdisait le port du TASER aux agents de la police municipale, annulant ainsi un décret de 2008 en sens inverse...

Ainsi va le Journal officiel dans la République de Nicolas Sarkozy : faire et défaire trois fois en moins de deux ans, au gré des faits divers de l'actualité, quelques jours après le terrible assassinat d'Aurélie Fouquet, agent de la police municipale de Villiers-sur-Marne et jeune mère (26 ans) d'un petit garçon de 14 mois.

Et si la République (ou ses représentants) se préoccupaient un peu plus sérieusement du bien-fondé des décisions qu'elle prend, plutôt que des images compatissantes des faits divers au Journal télévisé de 20 heures ?

¶ --- À quoi sert un TASER (portée 10 mètres*) face à un fusil mitrailleur de type Kalashnikov dont le chargeur est vidé en quelques secondes sur une voiture de police (municipale) ? Voir le blog de Georges Moréas.

¶ --- Comment se fait-il qu'une patrouille de police municipale s'engage inconsciemment dans une course poursuite après avoir essuyé des tirs à balles réelles de la part des occupants du véhicule ?

¶ --- Les missions respectives de la Police nationale et des polices municipales ne mériteraient-elles pas d'être plus clairement définies ? Ici, la police du stationnement, du voisinage et des crottes de chiens. Là, la filature et la baston avec le grand-banditisme.

¶ --- N'est-ce pas les missions des policiers qui devraient définir leur niveau d'armement, plutôt que l'inverse, en légiférant continuellement sur l'armement de la police municipale sans délimiter clairement le périmètre de ses interventions ?

¶ --- Quid du recrutement et de la formation des agents de la police municipale ?

Combien de drames encore, avant de traiter enfin les questions sérieuses ?

* TASER : arme létale (50.000 volts) selon un rapport d'Amnesty International : 50 morts avérées par an aux États-Unis d'Amérique, sur 350 morts suspectes.

TASER bis : Olivier Besancenot, le leader du NPA avait fait l’objet d’une surveillance barbouzarde de la part de la société Taser.

mercredi 26 mai 2010

Indignité républicaine — Quand Nicolas Sarkozy voulait « tendre la main à la France des travailleurs qui ont cru à la gauche de Jaurès et de Blum »


Selon le Figaro de ce jour, l'argument de NS a fait mouche devant les militants UMP de l'Oise : «Vous savez quand on pense à ce qu'a fait François Mitterrand en ramenant l'âge légal du départ à la retraite de 65 à 60 ans ! On aurait beaucoup moins de problème s'il s'était abstenu.»

Cette sortie indigne contre François Mitterrand en dit long sur l'état des nerfs du Chef de l'État.

On est loin du discours du 14 janvier 2007 à la Porte de Versailles, où le candidat Sarkozy déclarait devant le congrès UMP vouloir « tendre la main à la France des travailleurs qui ont cru à la gauche de Jaurès et de Blum »...

Et encore loin, même, de cette interview au Grand Jury RTL - Le Monde du 27 mai 2008 où le Président Sarkozy déclarait ne pas vouloir toucher à l'âge légal (sic) du départ en retraite :



L'allongement de la durée de la vie nécessite évidemment de faire évoluer les conditions de départ à la retraite. Mais tant d'indignité républicaine est insupportable.

Et si on rejoignait les défilés des manifestants demain ? Juste pour rappeler au Chef de l'État et à ses sbires (secrétaire général de l'UMP, président du groupe UMP à l'Assemblée, etc.) que le peuple français mérite un véritable débat, sérieux, honnête, aux antipodes du débat manichéen que certains semblent vouloir lui imposer.

lundi 24 mai 2010

"Terrain politique" s'aventure à Strasbourg, au Parlement européen avec Daniel COHN-BENDIT, Fabienne KELLER et Michel DEVOLUY (vidéo 58 minutes)

On l'oublie trop souvent, les chaînes parlementaires (LCP & Public Sénat) nous offrent parmi les meilleures émissions politiques du PAF.

Ainsi Terrain politique de l'excellent Gilles Leclerc, diffusé le mardi une fois par mois (à 18h30 et 22h30) sur Public Sénat et rediffusé le samedi à minuit ou le dimanche à l'heure de l'apéro.

Une émission qui s'invite "sur le terrain" comme son nom l'indique, où les invités peuvent terminer leurs phrases sans être interrompus par la Directrice de l'information de France Télévision, celle-là même qui claque la bise au Président de la République...

Cette semaine, Terrain politique s'est invité au Parlement européen de Strasbourg où il a été question de la crise grecque et des politiques budgétaires et économiques européennes.

Daniel Cohn-Bendit , député Vert du Parlement européen était l'invité principal, en compagnie de :



Les 58 minutes d'émission méritent d'être écoutées d'un bout à l'autre, tant les convergences de vue de Daniel Cohn-Bendit et Fabienne Keller nous apportent la démonstration que l'opposition droite-gauche est absolument périmée, incapable de répondre aux véritables défis économiques et écologiques de l'Europe.

Contrairement à Daniel Cohn-Bendit, je pense que seule une stratégie d'indépendance permettra aux mouvements écologistes, centristes et démocrates de prendre toute leur part à la recomposition du paysage politique français et à la refondation démocratique du projet européen.

dimanche 23 mai 2010

Couvre-chefs-d'œuvre, superbe.


POMPIDOU - Metz.

Presqu'un OVNI posé sur le sillon mosellan, à quelques encablures des vestiges de la sidérurgie lorraine, là où sont encore debout les derniers haut-fourneaux et les derniers trains de laminoirs, cédés par les rejetons des maîtres de forge, descendants de la famille De Wendel à l'indien Mittal.

Mon pays natal aussi -- la vallée de la Fensch n'est pas si loin -- au cœur de la mondia-lisation, là où le nom des patelins se termine par "... ange".

Dans Pompidou-Metz, il y a Pompidou : Premier ministre de Charles de Gaulle en 68, écarté puis élu Président de la République après le référendum perdu sur la régionalisation et la réforme du Sénat, très justement maudit pour avoir livré les berges de la Seine à l'automobile, très justement apprécié pour avoir fait entrer l'Art moderne sous les Ors de la République.

Et dans Pompidou-Metz, il y a Metz et donc Jean-Marie Rausch, maire de Metz de 1971 à 2008, centriste s'il en est, dont la gestion fut saluée par tous les magazines économiques lors des dernières municipales : endettement light, vie associative et transports publics exemplaires, engagement écologique indiscutable -- Jean-Marie PELT fut son 1er adjoint -- mais victime d'avoir voulu faire un mandat de trop.

L'architecte japonais Shigeru Ban -- associé au Français Jean de Gastines -- a reconnu s'être inspiré du chapeau chinois pour la monumentale charpente de l'édifice. À la trame triangle du chapeau chinois correspond l'empilement des 3 galeries d'exposition aux étages. Jolie trouvaille, parfaitement lisible, même si l'articulation des 3 galeries autour des escaliers et de la colonne d'ascenseurs peut sembler un peu brutale.

Côté œuvres, on nous annonçait Picasso, Miro et Duchamp... Mais le soir de l'inauguration, trop de monde pour un tour complet et plus assez de temps -- une heure d'attente, fermeture à 1 heure du matin, c'est tôt pour une "nocturne"... J'y ai retrouvé avec délice Kandinsky et Fernand Léger, une certaine idée du progrès, du début d'un siècle dramatique.

Pour le reste, j'y reviendrai.
Pompidou-Metz, superbe couvre-chef-d'œuvres.

mercredi 19 mai 2010

Angela MERKEL en solo : désinvolture européenne ou véritable courage politique ?






Les bourses européennes ont clôturé en très forte baisse aujourd'hui (-3% à Paris) après qu'Angela Merkel a annoncé l'interdiction de certaines opérations financières sophistiquées (et spéculatives) comme la vente à découvert -- pratique abracadabrante consistant à vendre un actif avant même de l'avoir acheté, afin de spéculer sur sa baisse.

Christine Lagarde n'aurait pas apprécié de voir la Chancelière allemande faire cavalier seul sur la régulation financière...

Mais difficile d'imaginer que l'Allemagne n'ait pas consulté ses partenaires européens de la zone Euro au préalable... Et Angela Merkel de passer outre les tergiversations de ses partenaires, en prenant seule cette initiative courageuse et exemplaire.

retrouver ce média sur www.ina.fr

Charles de Gaulle : "La politique de la France ne se fait pas à la corbeille" – Conférence de presse du 28 octobre 1966

jeudi 13 mai 2010

Diversité biologique : ALERTE ROUGE ! De Sommet de la Terre 1992 en Sommet de la Terre 2002, à quoi servent les sommets de l'ONU ?

Si les sommets mondiaux de l'environnement servent
pour l'essentiel à se donner
bonne conscience,
à remplir les journaux et à mettre en lumière
des hommes politiques
incapables,
ne serait-il pas préférable de s'en passer ?



En avril 2002, 10 ans après le sommet de la Terre à Rio, le sommet de Johannesburg prévoyait de réduire le rythme de l'érosion de la diversité biologique avant 2010.

Le dernier rapport de l'ONU est accablant. À part quelques exceptions locales, rien n'a été fait. Zéro pointé. Des 21 objectifs énoncés en 2002, aucun n'a été atteint au plan international. Pas moins de 192 pays étaient pourtant signataires de « l'accord » de 2002 à Johannesburg, plus l'Union européenne. Voir le discours de J. Chirac à Johannesburg en 2002 « Notre maison brûle et nous regardons ailleurs (...) ».

Cliquer ici ou sur l'image
pour télécharger le rapport [fr]
Résumé analytique pages 8 à 13


La question climatique n'est de loin pas le seul défi environnemental posé à l'Homme ! Le problème de l'eau potable reste la cause de 3 et 5 millions de morts chaque année, selon l'OMS. Le problème des déchets et de l'assainissement des villes est considérable dans les pays en voie de développement ou encore sous-développés. L'érosion de la biodiversité menace les équilibres les plus intimes et les plus précieux de l'Homme sur la Terre. Au delà de la sauvegarde des espèces, il s'agit de protéger des éco-systèmes remarquables, emmêlés à des savoir-faire techniques et à des pratiques culturelles qui ont façonné des paysages et des arts de vivre extraordinaires, dont l'Humanité risque la perte. Les dégâts en seraient considérables et irrémédiables. L'abeille et les insectes pollinisateurs n'en sont qu'un exemple remarquable : la valeur de la pollinisation est bien plus considérable que la seule valeur économique du miel.

Alors, va-t-on bientôt cesser de focaliser toute notre attention environnementale sur les seuls experts du GIEC et sur le réchauffement climatique ? Ne serait-il pas temps d'équilibrer un peu mieux la force de frappe de l'ONU en matière d'environnement et de diversité, biologique et culturelle ? Comme le suggère Ban Ki-moon lui-même dans son Avant-propos...

[ cliquer sur l'image pour agrandir ]

mardi 11 mai 2010

Crise de l'€uro ... et si on posait la 1ère pierre d'un gouvernement économique européen ?

Robert Schuman voyait l'Europe se construire « par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait ».

Soixante ans jour pour jour après le discours de Schuman créant la CECA, la crise de l'Euro et celle de la dette grecque seraient-elles l'occasion de poser la 1ère pierre d'un véritable gouvernement économique de la zone euro ?

Face au péril de l'effondrement, la volonté politique a été forcée. Et même si les solutions avancées restent discutables, les prémisses d'une convergence budgétaire et économique -- voire fiscale et sociale -- semblent enfin posés.

Les premières mesures, spectaculaires, devront nécessairement être consolidées car de nombreuses questions rôdent encore. La création du Fonds monétaire européen est une excellent chose mais il est insuffisamment doté pour faire face à un risque majeur. La garantie de 750 milliards d'€uros de la part des États a quelque chose d'ubuesque quand on songe que si elle devait être activée, on répondrait alors à une crise de la dette par... un endettement plus lourd encore !

Il n'y aura donc pas d'autre choix que de travailler à la coordination des politiques budgétaires des pays de la zone €uro, ce qui appellera mécaniquement l'encadrement des politiques fiscales et de là, l'esquisse d'une politique économique et industrielle commune pour aller chercher une croissance européenne, solidaire et partagée.



Dans une tribune publiée ce soir, Christian Saint-Etienne résume assez bien cette impérieuse nécessité par une formule évidente :

« Au nom de quoi faut-il garantir la dette de l'Irlande avec l'argent des Français quand ce pays nous fait une concurrence fiscale très dommageable ? »


Comment sortir de la crise de l'euro ?
par Christian Saint-Etienne

L'euro était un pari et reste un pari. Adopter une monnaie commune, entre des pays ayant des niveaux de développement et des structures économiques très divers, supposait qu'une union politique se mettrait rapidement en place pour gouverner la zone monétaire et organiser les transferts nécessaires entre ses membres.

En effet, instaurer une monnaie commune dans une vaste zone économique entraîne une polarisation de l'activité économique selon les avantages comparatifs des régions qui composent la zone. Si, de plus, un pays de la zone mène une politique économique non coopérative, par exemple une politique de désinflation salariale visant à renforcer sa compétitivité au détriment des autres pays membres de la zone, il contribue à accroître la polarisation de l'activité au point de concentrer la production sur son territoire au détriment des autres territoires. Si la zone n'a pas mis en place des mécanismes de redistribution, et en l'absence de mobilité du travail, cette polarisation peut devenir rapidement insupportable.

Cette concentration des richesses sur une partie du territoire, alors même que le pays bénéficiant de cette concentration mène une politique déflationniste qui ne permet pas aux autres membres de la zone d'exporter vers lui, peut même conduire à un appauvrissement de la zone, puisque le pays menant la politique non coopérative capte une part croissante d'une production globale de la zone qui stagne.

C'est ainsi que la zone euro est devenue progressivement, au cours des années 2000, une zone de non-croissance relative dans un monde en expansion rapide. Pour les années 2010-2011, la croissance annuelle de la zone euro devrait être de 1 % contre plus de 4 % dans le reste du monde.

Qu'aurait-il fallu faire au moment de la création de l'euro ? Trois conditions de réussite s'imposaient :

1 - Mettre en place un gouvernement économique de la zone. On appelle gouvernement économique d'un pays la conduite simultanée de la politique monétaire, de la politique budgétaire et de la politique de change pour atteindre la croissance durable maximale afin d'avoir un chômage faible et des revenus réels en expansion. Or, au lieu d'un gouvernement économique, la zone s'est dotée d'un pacte de stabilité visant à s'assurer que les déficits publics resteraient aussi faibles que possible. Ce n'est pas une clause inutile, à condition de la faire respecter, mais ce n'est, en aucun cas, un substitut de gouvernement économique. Il ne faut d'ailleurs pas confondre gouvernement économique et gouvernance qui, dans la bouche des Allemands, implique simplement un durcissement du pacte.

2 - Etablir un budget fédéral de la zone euro permettant de redistribuer des ressources entre Etats membres afin de réduire les inégalités. Aux Etats-Unis, le budget fédéral est un puissant mécanisme de redistribution entre les Etats membres.

3 - Encadrer la concurrence fiscale et sociale entre Etats membres, de même qu'une région de France ne peut pas réduire l'impôt sur le revenu ou les cotisations sociales pour faire concurrence aux autres, tout en prétendant bénéficier des mécanismes de redistribution mis en place.

Or aucune de ces conditions n'est remplie dans la zone euro ! Pire, plusieurs Etats membres revendiquent le droit de faire de la concurrence fiscale aux autres, par exemple par un taux d'impôt sur les sociétés à 12,5 %, quand il est en moyenne de 25 % dans la zone !

Que propose-t-on face à la crise grecque ? D'abord un plan de soutien de 110 milliards d'euros, alors que ce pays est insolvable et ne pourra pas rembourser les sommes prêtées. Ensuite, on met en place un mécanisme de garantie des dettes des pays membres sans exiger la mise en place d'un instrument de coordination des politiques économiques ou l'encadrement de la concurrence fiscale. Au nom de quoi faut-il garantir la dette de l'Irlande avec l'argent des Français quand ce pays nous fait une concurrence fiscale très dommageable ?

Proposons une solution simple et puissante pour sortir du bourbier. Il existe actuellement une grande confusion intellectuelle sur la nature du problème en Europe. Les spéculateurs, que je condamne, ne sont pas responsables de l'erreur de conception de la zone et du fait que les pays membres refusent de coordonner leurs politiques économiques et d'encadrer la concurrence fiscale.

Surtout, c'est par l'effet d'une incompréhension du fonctionnement d'une économie ouverte que l'on centre toute l'attention sur le seul déficit public. Car la situation d'un pays dont le déficit public est totalement financé par l'épargne du secteur privé (entreprises et ménages) n'a rien à voir avec celle d'un pays incapable de financer son déficit en interne. Or la balance courante des paiements est la somme de l'épargne privée et du déficit public. Quand la balance courante est équilibrée, ou excédentaire, c'est que l'épargne privée finance, ou surfinance, le déficit public.

L'euro n'est pas menacé par le déficit public de tel ou tel Etat, mais par le besoin de financement externe de chaque Etat. Si la zone disposait d'un gouvernement économique et d'un budget, l'épargne interne pourrait financer les déficits de l'un de ses membres. Mais, justement, la zone n'étant pas intégrée, il n'existe pas un tel marché sans risque. De plus, créer l'illusion d'une telle intégration par une garantie de l'Union en l'absence de gouvernement économique et de budget ne peut qu'inciter les Etats membres au laxisme.

La solution aux problèmes actuels de l'euro est donc d'inclure le suivi de la balance courante par la Commission et l'Ecofin, c'est-à-dire les ministres des finances de la zone, en imposant des mesures d'ajustement aux pays ayant un déficit insoutenable de leur balance courante. Il faut indiquer clairement que tout Etat de l'Union européenne candidat à l'entrée dans la zone euro devra avoir une balance courante équilibrée depuis trois ans et s'engager à maintenir son équilibre à l'avenir. Et puis, peut-être, un jour, en viendra-t-on enfin à la mise en place d'un gouvernement économique et d'un budget de la zone euro.

Christian Saint-Etienne, membre du Conseil d'analyse économique, est professeur au CNAM et à Paris-Dauphine.

PS : voir aussi l'interview de Ch. Saint-Etienne dans le Figaro d'hier... beaucoup plus pessimiste !

dimanche 9 mai 2010

Quai d'Orsay, mardi 9 mai 1950, dans le Salon de l'Horloge vers 18 heures

Lancement du plan Schuman, 9 mai 1950 :
Salon de l'Horloge du Quai d'Orsay, le ministère des Affaires étrangères.
Au micro, Robert Schuman ; à sa droite, Jean Monnet.
Source : médiathèque de la Commission européenne


Alors que la crise de l'€uro et de la dette grecque plonge l'Union européenne dans l'expectative, alors que 3 ou 4 gouvernements européens sont quasi-suspendus -- Allemagne, Royaume-Uni, Pologne, Belgique -- l'Europe commémore aujourd'hui le 60ème anniversaire de la déclaration (pp 1, 2, 3 & 4) de Robert Schuman, ministre des Affaires étrangères, appelant la France et l'Allemagne à mettre en commun leur production de charbon et d'acier sur une idée de Jean Monnet, commissaire au Plan. En exergue, cette injonction à nos dirigeants européens : « (...) L'Europe se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. »

La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent.
La contribution qu'une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d'une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L'Europe n'a pas été faite, nous avons eu la guerre.

L'Europe ne se fera pas d'un coup, ni dans une construction d'ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d'abord une solidarité de fait. Le rassemblement des nations européennes exige que l'opposition séculaire de la France et de l'Allemagne soit éliminée. L'action entreprise doit toucher au premier chef la France et l'Allemagne.

Dans ce but, le gouvernement français propose immédiatement l'action sur un point limité mais décisif. Le gouvernement français propose de placer l'ensemble de la production franco-allemande de charbon et d'acier sous une Haute Autorité commune, dans une organisation ouverte à la participation des autres pays d'Europe.
(...) »


[ cliquer sur PLAY en bas à gauche ]



Quand il déclare : « En se faisant depuis plus de vingt ans le champion d'une Europe unie, la France a toujours eu pour objet essentiel de servir la paix. L'Europe n'a pas été faite, nous avons eu la guerre. », Robert Schuman fait allusion à Aristide Briand, ancien Président du Conseil, ancien ministre des Affaires étrangères et à son projet d'Union européenne instaurant un lien fédéral entre les États européens. C'était en septembre 1929.

samedi 8 mai 2010

Le Secret des Nuages, documentaire 52 min.

Politiquement, il existe au moins trois excellentes raisons de réduire drastiquement notre consommation de pétrole et donc, nos émissions de CO2 :
  • la préservation de nos ressources fossiles carbonées pour les générations futures : le pétrole est bien mieux utilisé dans la chimie, que brulé comme combustible ou carburant ;

  • la lutte contre la pollution de nos villes où le CO2 de nos moteurs et de nos chaufferies est toujours associé à des micro-particules particulièrement nocives pour notre santé ;

  • l'acidification des océans qui, comme régulateurs des pollutions atmosphériques, absorbent une grande partie du CO2, de l'azote et du soufre d'origine anthropique, mettant en péril l'écosystème marin, encore largement sous-exploré.
Alors pourquoi focaliser toute notre attention sur une hypothétique* responsabilité de l'Homme dans un prétendu* réchauffement climatique ? Mystère et boule de gomme... Disons que le grand feuilleton du GIEC semble plaire au médias, et que cette médiatisation semble plaire aux politiques qui le leur rendent bien, de Rio à Cancún en passant par Copenhague -- voir à ce sujet le reportage du Spiegel : Les négociations secrètes de Copenhague.

Au delà du feuilleton du GIEC, il y a la controverse scientifique, plus intéressante. En dehors de l'activité humaine, quelles pourraient être les (autres) causes du réchauffement climatique ? Dans son dernier livre, passionnant Nouveau voyage au Centre de la Terre, Vincent Courtillot évoque l'hypothèse de l'influence du rayonnement électromagnétique du Soleil sur la formation de la couverture nuageuse terrestre. Claude Allègre l'évoquait déjà en 2007 dans Ma vérité sur la planète (sorti en poche) ou dans un livre plus récent -- et plus polémique -- L'imposture climatique ou la fausse écologie.

Un documentaire danois diffusé sur Arte le 2 avril dernier (52 minutes) éclaire cette hypothèse : Le Secret des Nuages réalisé par Lars Oxfeldt Mortensen, documentaire sur l'influence des rayons cosmiques sur le changement climatique, avec les principaux auteurs scientifique de cette théorie : Svensmark, Veizer, Shaviv, Friis-Christensen.

Lien : Le Secret des Nuages


* : j'assume "hypothétique responsabilité" et "prétendu réchauffement" car malgré de nombreuses lectures sur le sujet, je n'ai toujours pas compris à quoi correspond la notion de température moyenne de la Terre, sans parler du reste... Réfléchissez-y un peu, ça n'est pas si évident.

mercredi 5 mai 2010

« En finir, vite, avec le cumul des fonctions », par Jack Lang





Un mot pour relayer ce Point de vue de Jack Lang dans Le Monde daté du 5 mai. Au delà de la question du cumul des mandats, c'est le cumul d'un mandat de parlementaire (député ou sénateur) avec une fonction élective (maire, président de Conseil régional ou général) qui est très justement critiqué ici, au nom du principe de séparation des pouvoirs.

Peut-être faudrait-il amender le Projet humaniste (page 40) pour y inscrire plus clairement le principe de non cumul des mandats. En revanche, je trouve très discutable la limitation du nombre de mandats dans le temps. Pourquoi un élu sortant serait-il privé de la possibilité d'aller défendre son bilan, s'il le souhaite ? Et d'en assumer à nouveau la charge si les électeurs le décident ?

En Alsace, Philippe Richert, nouveau Président du Conseil régional d'Alsace, n'a pas encore démissionné du Sénat comme il s'y était engagé et Roland Ries, maire de Strasbourg à mi-temps, partage toujours son mandat local avec celui de sénateur à mi-temps...

Au pays de Montesquieu, la séparation des pouvoirs est depuis longtemps piétinée. Tout concourt à la concentration des fonctions entre les mains de quelques-uns : aussi bien au sein des institutions publiques que dans la vie économique et sociale. Qu'on cesse de verser des larmes de crocodile sur la coupure entre l'élite dirigeante et le peuple, et spécialement sa jeunesse, qui ne se reconnaissent pas à travers cette République des notables. Une véritable révolution est à accomplir qui bannirait l'accaparement des responsabilités par une poignée de "cumulards".

Au moins pourrait-on d'ores et déjà s'attaquer avec courage et détermination à une des anomalies les plus spectaculaires qui vicient le fonctionnement de notre démocratie. La France est le seul pays dans le monde démocratique qui autorise un parlementaire ou un ministre à exercer simultanément une fonction exécutive locale.

Les effets dommageables d'une telle situation sont dévastateurs : l'abaissement du Parlement, trop souvent déserté par des députés ou des sénateurs accaparés par leur mandat de maire, de président de département ou de région, l'affaiblissement de l'Etat, privé de ministres à plein temps, la confusion permanente des intérêts entre les exigences supérieures de la nation et les préoccupations localistes, l'absence d'une vraie accessibilité des responsables pris à la gorge par leurs multiples activités, le faible renouvellement du personnel politique. La respiration à pleins poumons de notre démocratie exige que la société ait enfin le courage d'en finir avec un système d'un autre âge qui asphyxie la République et suscite l'ironie de nos amis étrangers.

Certes, de premiers pas ont été accomplis à l'initiative de deux premiers ministres socialistes, Laurent Fabius en 1985, Lionel Jospin en 2000. Mais nous sommes encore loin du compte. La règle est pourtant simple à édicter : un seul mandat, une seule fonction.

Crédit moral renaissant

Un ministre doit se dédier à sa mission d'Etat. Un parlementaire doit se consacrer à son action de législateur et de contrôleur. Les présidents des collectivités locales doivent uniquement se vouer au développement de leur territoire. Le comité sur la réforme des institutions présidé par Edouard Balladur en 2007 a proposé à l'unanimité de ses membres une telle réforme, soulignant à juste titre dans son rapport que "le mandat unique est la seule mesure qui corresponde aux exigences d'une démocratie parlementaire moderne".

On peut déplorer que le Parti socialiste n'ait pas en son temps soutenu cette idée de bon sens et n'ait pas fait de son adoption la condition sine qua non de son adhésion à la révision constitutionnelle de juillet 2008. Cet acte n'aurait point manqué de panache et aurait été plébiscité par les Français. Le courage de la première secrétaire du PS n'en est aujourd'hui que plus notable. Sur sa proposition, les militants du PS se sont prononcés, par référendum, en octobre 2009, en faveur d'une suppression radicale du cumul.

Malheureusement, une habitude fâcheuse conduit trop souvent les dirigeants socialistes à détourner de leur sens le vote des militants et les règles du parti. A peine le vote était-il ratifié qu'aussitôt certains élus proposaient d'y apporter des amodiations ou d'en suspendre provisoirement l'application.

Faire droit à ces demandes dévaluerait la parole politique et priverait le parti d'un crédit moral renaissant. Une telle reculade serait d'autant plus regrettable qu'en raison même de leur succès aux élections municipales, cantonales et régionales, les socialistes sont paradoxalement devenus les plus "cumulards" des hommes politiques. Martine Aubry, Bertrand Delanoë et Ségolène Royal sont parmi les rares à ne pas succomber à cette dérive.

En s'appliquant à lui-même l'interdiction du cumul, le PS se grandirait et gagnerait la confiance des citoyens. Plus que jamais il faut soutenir Martine Aubry dans son entreprise de transformation du Parti socialiste. Dès les élections cantonales de 2011, nous devons l'aider à tenir bon et à respecter la voix des militants. »


Jack Lang est député PS du Pas-de-Calais,
professeur agrégé de droit.
Post Scriptum : Dans son texte, Jack Lang réussit quand-même l'exploit inouï de critiquer la position du PS lors de la réforme constitutionnelle de juillet 2008... On se souvient en effet que cette réforme constitutionnelle -- incomplète donc, selon notre ami Jack -- avait été adoptée à une voix près : la sienne !