samedi 1 janvier 2000

« Le soleil n'envoie pas de facture » (suite)

Billet révisé avec quelques infos supplémentaires.
Frédéric n'avait par tort : les 50 km2 évoqués Stephan sont largement sous-estimés. C'est 300 fois plus ! (125 km x 125 km)
Merci de laisser vos commentaires sous le billet d'origine, ici.

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En marge d'une visite à la Centrale nucléaire de Fessenheim -- la plus ancienne centrale nucléaire encore en exploitation en France, j'y reviendrai dans un prochain billet --, une dizaine de militants du Mouvement démocrate ont rencontré lundi soir Stefan Koch pour un débat sur le devenir de Fessenheim -- prolongation ? fermeture ? démantèlement ? -- et sur l'énergie solaire.

Stefan travaille actuellement à la traduction française d'un best-seller international "Le Soleil n'envoie pas de facture". Un long débat s'est engagé sur un projet pharaonique de centrale solaire connue sous le nom Désertec, projet controversé prévoyant l'installation de 50 km2 de cellules photovoltaïques en plein Sahara, afin de couvrir la quasi-totalité des besoins en électricité des pays d'Europe... Voir futura-sciences.com, developpement durable.com ou greenunivers.com pour les détails.

Cette carte schématise les surfaces nécessaires
pour couvrir les besoins en électricité :
- du Monde (18.000 TWh/jour, 300 x 300 km2),
- de l'Union européenne (3.200 TWh/jour, 125 x 125 km2)
- et de l'Allemagne (600 TWh/jour, 55 x 55 km2).

En juillet, j'avais déjà signalé ici un autre projet apparenté au même concept. Voir aussi le projet TREC - Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation, Clean power from deserts.

Si l'énergie solaire -- sous toutes ses formes -- est un élément clé de la diversification énergétique, je reste sceptique face au gigantisme d'un tel projet, déployé sur le continent africain. Une nouvelle forme d'impérialisme technologique et économique ? Les questions ne manquent pas... Assurément, il faudra sérieusement reconfiguer ce projet pour avoir une chance de le rendre politiquement acceptable.

Si une telle puissance énergétique pouvait être produite dans la région sub-saharienne, pourquoi alors ne pas l'utiliser sur place, afin de régler les problèmes endémiques de l'Afrique, plutôt que de gaspiller la moitié de l'électricité produite dans son transport jusqu'en Europe ? Une telle centrale solaire permettrait par exemple de régler définitivement le problème de l'eau en Afrique, en désalant l'eau de mer.

Enfin, si le soleil n'envoie pas de facture comme disait Stefan, on peut rappeler aussi que la biomasse, l'hydraulique, l'éolien même, sont en réalité des formes d'énergie directement dérivées du soleil.
La terre reçoit chaque jour du soleil 15.000 fois plus d'énergie que n'en consomment les hommes. Une grande partie de cette énergie est transformée par l'activation du cycle de l'eau et par la photosynthèse ("cycle du carbone").

Sachons récupérer cette énergie sous toutes ces formes. Loin du gigantisme, la diversification énergétique s'impose. Sortir du "tout-nucléaire", vite ! Fessenheim pourrait devenir un site de démantèlement exemplaire à l'échelle de l'Union européenne.