dimanche 29 mars 2009

Convention Europe : morceaux choisis. La crise délierait-elle les langues ?

Comme d'habitude, je ne ferai pas de résumé* de la première Convention thématique européenne qui s'est tenue ce dimanche matin à la Maison de la Chimie, préférant signaler quelques propos marquants. Mon choix est donc totalement subjectif. En vrac :

C'est Colette Neuville en premier lieu, l'infatigable défenseuse des petits actionnaires. Elle nous parle des managers mercenaires, obnubilés par le cours de l'action. Elle critique le fait que les décisions stratégiques des grand groupes soient systématiquement confiées à des banques d'affaires qui ont tout intérêt à multiplier les opérations...
Plus tard, elle critique le fonctionnement des entreprises de marché (les bourses) qui gagnent à tous les coups puisqu'elles se rémunèrent sur le volume des échanges, que le marché soit à la hausse ou à la baisse... Le marché devient une fin en soi, et non plus une façon d'adapter l'offre et la demande.

C'est Jean-Baptiste de Foucauld ensuite. Il nous propose trois mots d'ordre pour une société meilleure : la sobriété, la justice et la créativité. Pas le temps de détailler ici mais ses propos ont été passionnants. La démocratie a cru qu'elle pouvait se réaliser par l'économie. Mais elle doit retrouver ses propres valeurs. C'est la fin d'une conception individualiste et utilitariste du bonheur. Une société où chacun devrait pouvoir accéder à l'essentiel. Dans une république laïque, il explore les relations entre démocratie et spiritualité. Son livre paru en poche semble toujours d'actualité : Une société en quête de sens.

C'est Philippe Dessertine focalisant son propos sur la nécessité de rendre l'économie transparente, d'améliorer et de garantir un niveau d'information suffisant pour les pouvoirs publics et pour le corps social. Comment imaginer une démocratie efficace si les mécanismes économiques les plus insidieux, les plus pervers, les plus redoutables restent tapis dans l'ombre ?

C'est Corinne Lepage qui n'y va pas par quatre chemin en proposant ce dilemme radical face à la crise : ou bien l'on restaure l'ancien système, rafistolé. Ou bien l'on invente un autre monde. Son choix est fait, je crois.

C'est Sylvie Goulard que j'aimerais pouvoir interroger un jour sur ses prises de position passées contre l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne. Pourtant, Sylvie nous déclare dimanche : Cessons de pleurnicher sur les élargissements ! Je signe... Y aurait-il du nouveau concernant la Turquie ?-)

C'est Robert Rochefort nous signalant un récent sondage dans les Échos. Rien d'étonnant à ce que 80% des gens pensent du mal des bourses. Beaucoup plus étonnant, le fait que 85% des chefs d'entreprise pensent exactement la même chose !

C'est Maria Nowak citant un mot de F. Braudel que je ne connaissais pas : Le capitalisme, c'est le pouvoir des plus riches. Bon, faut voir... J'ai déjà critiqué plusieurs fois ici les anathèmes sans nuance contre le capitalisme.

C'est Bernard Lehideux nous rappelant cette vérité première : il n'y a pas d'Europe sans solidarité ! Et pourtant ...

C'est Jean-François Kahn avec THE question sur l'inégalité des revenus : quelle idée faut-il avoir de soi-même pour estimer que mon travail vaut 600 fois le travail du salarié de base de mon entreprise ? JFK a la bonne réponse je crois : ces types sont fous ! Et il ajoute : et avec leurs semblables, ils nous gouvernent !
Pourtant, cette question n'est pas nouvelle. Au café du commerce, tous les gens normaux se sont déjà posés ce genre de question, face aux annonces délirantes des salaires de dirigeants du CAC 40 et des privilèges associés : golden hello, golden parachutes, stocks options, etc.
La grande nouveauté, c'est que cette question peut désormais être posée politiquement et dans les médias.
Alors, le premier effet bénéfique de la crise ne serait-il pas de délier les langues, enfin ?

* : Voir le compte-rendu des Hauts-de-Seine

PS : le titre du prochain livre de JFK sera L'Alternative
PS' : le bouquin de François Bayrou sort le 30 avril
PS'' : et le nouveau livre de Corinne Lepage, Vivre autrement (merci Florent)

_ _ _

J'ignore si les différentes interventions seront communiquées in extenso. Pour l'heure, seul le discours de clôture de FB apparait sur le site national, expurgé de quelques lapsus dont un a déclenché un tonnerre d'applaudissements :-)

Le premier document finalisé de la campagne a été communiqué sous la forme de 12 engagements ouverts à discussion et à amendement, disponible sur le site national des Européennes et distribué dimanche à l'entrée de la Maison de la Chimie :

(cliquer pour agrandir)

Mise à jour du 5 mai 2009 :
Les 12 engagements deviennent 14.

Les priorités de la future mandature du Parlement Européen. De réjouissantes perspectives ?

par Antoine SPOHR

Daniel Riot, l’ami et le patron, me demandait souvent un compte-rendu, qu’il publiait avec son chapeau à lui. Il était le coordinateur du Collectif qu’il avait immédiatement rejoint à l’invitation du ME-A. Qu’il me pardonne « d’être aussi long, je n’ai pas eu le temps de faire plus court » ! Et de surcroît je suis loin d’être exhaustif. Les amis comme Alexis, René, Yveline et bien d’autres présents pourraient en ajouter. Mais voici.

Compte Rendu.

Pour une approche prospective de l’action du prochain Parlement Européen après les élections du 7 juin prochain, le Mouvement Européen Alsace sous la baguette de Philippe Metzenthin, son président, avait orchestré une belle soirée qu’il serait impropre de qualifier de Conférence-Débat tout autant que de Convention qui dans la terminologie historico–politique conserve un emploi réservé. Alors disons «une rencontre entre des candidats, têtes de listes du Grand Est» et des associations spécifiquement européennes fédérées dans un Collectif dont les représentants ont été invités à poser leurs questions sur le sujet du jour.

Un consensus mou ou un dialogue de bon aloi ?

D’un côté, par ordre alphabétique (tradition transpartisane oblige) trois députés européens sortants : Joseph Daul, UMP, de surcroît président du groupe parlementaire PPE-DE ( parti populaire européen- démocrates chrétiens) ; Nathalie Griesbeck, MoDem (elle y tient), ADLE (alliance des démocrates et des libéraux) ; Catherine Trautmann, PS et PSE (parti socialiste européen). (...) — Lire la suite ici.

samedi 28 mars 2009

Quand le Parlement européen protège nos libertés fondamentales : le casse-tête HADOPI.fr







Illustration : Democratia-Europe
d'après Eugène Delacroix
La Liberté guidant le Peuple

Christine Albanel a du souci à se faire... Alors que l'Assemblée nationale reprend lundi l'examen du projet de loi Hadopi, le Parlement européen vient d'envoyer un joli pavé dans la mare.

Les députés européens viennent de réaffirmer solennellement, par 481 voix contre 25, que « l'accès à Internet ne devrait pas être refusé comme une sanction par des gouvernements ou des sociétés privées », remettant ainsi en cause la sanction ultime de la 'risposte graduée' prévue par Hadopi.

L'histoire de cet amendement est ro-cam-bo-lesque et mérite d'être rappelée ici dans le détail — ici et nulle part ailleurs ;-) Elle met en lumière l'un des principaux lobbies du Parlement européen, trop souvent ignoré : le lobby des États nationaux eux-même, de la France en particulier.

En avril 2008, le Parlement européen adoptait un amendement recommandant d'« éviter l'adoption de mesures allant à l'encontre des droits de l'homme, des droits civiques et des principes de proportionnalité, d'efficacité et d'effet dissuasif, telles que l'interruption de l'accès à internet. » L'amendement était défendu par Michel Rocard entre autres, dans un rapport sur les industries culturelles en Europe.

Aussitôt, un intense lobbying des industries culturelles se met en place au niveau européen pour faire accepter le principe d'une 'riposte graduée', sanction qui avait été préconisée par Guy Olivennes, ancien patron de la Fnac, dans un rapport au Président de la République.

Ce lobbying fut heureusement déjoué par les députés européens le 24 septembre 2008, en première lecture du paquet Telecom. Dans son amendement 138, le texte déclare qu' « aucune restriction aux droits et libertés fondamentales des utilisateurs finaux ne doit être prise sans décision préalable de l’autorité judiciaire, en application notamment de l’article 11 de la charte des droits fondamentaux, sauf en cas de menace à la sécurité publique où la décision judiciaire peut intervenir postérieurement».

Cet amendement fut adopté par 573 voix contre 74. Le système de la 'riposte graduée' à la française, sous l’égide d’une simple autorité administrative, l’Hadopi, semblait pour le moins compromis...


Mais c'était sans compter sur le travail de sape de la Présidence française de l'Union européenne. Le 4 octobre 2008, Nicolas Sarkozy adressait une lettre au président de la Commission, José Manuel Barroso, lui demandant de retirer l'amendement 138 !

Le 6 octobre, la Commission européenne rejetait officiellement la demande de Nicolas Sarkozy et le 21 octobre, annonçait retenir le fameux amendement. Ouf ? C'était sans compter sur l'influence de la Présidence française au sein du Conseil européen...

Quelques jours avant le Conseil des ministres des Télécom, le gouvernement français obtenait « l’accord des autres pays » pour rejeter ou « au pire s’abstenir », afin de réunir une majorité qualifiée d’Etats membres pour supprimer l'amendement 138 pourtant adopté par 573 députés européens contre 74. Ce fut fait le 27 novembre 2008, lors du Conseil des ministres européens des Télécom. Exit l'amendement 138.

Le 6 mars dernier, alors que s'annonçait le ré-examen du paquet Telecom en deuxième lecture, l'amendement 138 fut naturellement réintroduit dans le texte, par la rapporteuse du paquet Telecom elle-même : Catherine Trautmann. L'amendement porte désormais le numéro 46. La commission parlementaire a adopté le texte, dit rapport Stavros Lambrinidis à l'unanimité de ses 45 membres. Les motifs du rapport sont reproduits in extenso en notes, ci-dessous dans le 1er commentaire.

Le rapport Stavros Lambrinidis incluant l'amendement 138/46 a été adopté par le Parlement européen jeudi après-midi par 481 voix contre 25 et 21 abstentions.
Posant le principe que « garantir l'accès de tous les citoyens à Internet équivaut à garantir l'accès de tous les citoyens à l'éducation », il affirme par conséquent que « l'accès à Internet ne devrait pas être refusé comme une sanction par des gouvernements ou des sociétés privées. »

Plusieurs députés français ont tenté un dernier assaut contre cet amendement, en vain (voir la liste des votes).

Le rapport Stavos Lambrinidis n'est qu'une recommandation adoptée par le Parlement européen, à destination du Conseil européen qui souhaite réviser le droit européen des télécommunications. En ce sens, le texte adopté n'est pas opposable juridiquement au parlement ou au gouvernement français. Mais politiquement, c'est une autre histoire... Rendez-vous lundi, pour la suite des débats sur Hadopi à l'Assemblée nationale.

dimanche 22 mars 2009

Aimer l'Europe, la faire aimer.


L'Europe fêtera en juin le 30ème anniversaire de l'élection de son Parlement au suffrage universel.

En mars 1979, à la veille d'un rendez-vous avec le chancelier Helmut Schmidt, Giscard déclarait à Nice-matin : « La consultation directe des populations rapprochera l'Europe de ses citoyens. »

Pourtant, la participation aux élections européennes ne cesse de s'effondrer depuis 30 ans. De plus de 60% en 1979, la participation avoisinait 43% en 2004, en France comme en Allemagne. Seules l'Italie et la Grèce maintiennent des taux de participation honorables, autour de 70% - et le Luxembourg aussi, hormis la Belgique où le vote est obligatoire.

La participation est le premier défi du 7 juin. L'Europe ne peut se satisfaire de voir l'assise démocratique de son Parlement s'effriter d'une mandature à l'autre. Le vrai challenge des candidats reste leur capacité de mobilisation des Européens autour d'un projet renouvelé, pour une Europe nouvelle.

Mais à 11 semaines de l'élection, je ne vois rien, ni dans les discours, ni dans les projets, ni dans les hommes, rien qui me convainc et qui soit capable de rélever ce défi essentiel : aimer l'Europe et la faire aimer.

Faut-il lancer un concours d'idée pour aider nos candidats têtes de liste, en mal d'inspiration ?

jeudi 19 mars 2009

Les 100.000


La France compte actuellement 100.000 sans-abri.
La trêve hivernale s'est achevée lundi, les expulsions reprennent.
Trois étudiantes de l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg, en section communication graphique et design, ont collaboré pendant dix mois avec l’association Les Enfants de Don Quichotte - Strasbourg - Quai Sturm.

Sensibles à l’augmentation du nombre de personnes en situation précaire, nous nous sommes penchées sur le monde de la rue et nous avons pris contact avec l’association Les Enfants de Don Quichotte-Strasbourg-Quai Sturm. Nous étions curieuses de savoir ce qu’il en était vraiment.

Pendant près d’un an l’alcoolisme, les disputes, les effets de manque dus à la drogue, les réactions animales et la violence ont rythmé nos visites ; mais leur accueil, leur générosité et leur culture nous ont rapidement fait oublier nos idées reçues. Nous avons appris avec la sagesse des aînés et l’utopie des plus jeunes que chaque SDF cache une histoire qui mérite d’être écoutée.

Ces rencontres ont été pour nous de véritables leçons de vie, et la mise en place d’une exposition nous est apparue comme le meilleur moyen de transmettre cette expérience.
Nous n’apportons aucune solution, mais un regard différent.
Ces véritables figures ou «gueules de la rue» doivent être reconnues et considérées au même titre que chacun d’entre nous. »


Paulo, Samuel, Lili et d’autres ont accepté de se dévoiler à Nadine, Emilie et Aline afin qu’elles réalisent leurs portraits.
Paroles de sans-abris :

« Le premier instinct qui sort est l’instinct de survie. »

« Il faut savoir rigoler,
il faut aussi savoir se faire respecter. »

« Je ne remercierai jamais assez mes frères
de m’avoir appris à me battre. »

« J’ai dormi dans les cabanes de chantier où je travaillais,
je faisais des niches avec l’isolation. »

« J’ai une fille et un garçon,
je cherche un appartement pour les accueillir. »



Les images et les textes, témoignages de plusieurs mois passés sur le terrain sont exposés Place de la gare.
Photos : a, b, c, d et e
Un livre est en cours d’élaboration.

mercredi 18 mars 2009

— « Ce pape commence à poser un vrai problème (...) »

Enfin ! On le connaissait droit dans ses bottes... Alain Juppé est le premier politique à réagir clairement. C'était ce matin sur les ondes de France Culture.

Il s'est passé presque 24 heures avant qu'un homme politique réagisse aux propos consternants du pape — selon lui, le préservatif aggrave le problème du sida en Afrique.

Peut-on, sous prétexte du respect de la laïcité, continuer à lui laisser dire n'importe quoi ?

Mise à jour du lendemain :
(source AFP - Le Figaro)

Par sa déclaration de mercredi matin, Alain Juppé semble avoir ouvert la brèche. Dès le lendemain, les principaux leaders politiques lui emboitaient le pas :

Rama Yade, s'est dite «ahurie» par les propos «régressifs» tenus par le pape. «Je pense aux victimes, aux médecins, aux chercheurs, aux ONG, à tous ceux qui sont certainement blessés. Je voudrais leur dire ma solidarité et mon admiration», a-elle déclaré sur Europe 1.

Marie-George Buffet, secrétaire nationale du PCF a ainsi qualifié ces déclarations d' «irresponsables» et de «criminelles»

Daniel Cohn-Bendit, député européen des Verts, a pour sa part estimé que les propos du pape constituaient «presque un meurtre prémédité». «Il y en a assez maintenant de ce pape», a-t-il ainsi lancé.

Jean-Patrick Gille secrétaire national à la Famille au Parti socialiste : «Des centaines de milliers d'hommes et de femmes risquent d'être contaminés à cause de ces propos irresponsables»

Ségolène Royal s'est déclarée «choquée» par les propos de Benoit XVI. «Il y a 33 millions de personnes touchées par le Sida dans le monde» a-t-elle rappelé. «L'objectif d'un chef religieux est de défendre le principe de vie, certainement pas d'engager les êtres humains vers la mort ». «J'observe avec satisfaction que les catholiques élèvent la voix contre les propos du Pape» a-t-elle rajouté.

François Bayrou, président du Mouvement Démocrate, qui se dit catholique pratiquant, a jugé lui aussi «irrecevables» les propos du pape, soulignant que «la première responsabilité», en particulier des chrétiens, «c'est la défense de la vie». «Je pense qu'avec les déclarations et les décisions multipliées du Saint Siège, il y a beaucoup de chrétiens qui sont en situation déstabilisée».

Seule Christine Boutin (UMP), catholique pratiquante connue pour ses prises de positions assez conservatrices -notamment à l'encontre de l'avortement-, a de son côté estimé qu'il n'est «pas drôle de mettre le préservatif quand on fait l'amour». La ministre du Logement a ainsi expliqué qu'en matière de préservatif, «chacun fait comme il peut et comme il veut», «n'attendez pas du pape qu'il dise qu'il faut mettre le préservatif», a-t-elle expliqué au micro d'RTL.

lundi 16 mars 2009

Démocratie & agora numérique ... - ajout -

*/ Mise à jour : séquences 2 et 3 ajoutées /*


Le Social Media Club organisait mercredi soir à la Cantine, un débat sur le thème "Médias sociaux et démocratie". Une grande partie du débat est disponible sur le blog de Nicolas Voisin et ci-dessous. C'est un bon prélude à la 1ère session de l'Université populaire du Mouvement démocrate qui aura pour thème "La liberté numérique" et à laquelle j'assisterai demain samedi.

Dans une brève introduction, Nicolas Vanbremeersch (alias Versac) résume assez bien les enjeux - mais aussi les risques - de l'irruption d'Internet dans notre espace démocratique. Puis, un échange de points de vue et un débat s'engage avec Quitterie Delmas (Les Jeunes Libres), Nicolas Voisin (Nuesblog.com) et Benoît Thieulin (Netscouade et desirdavenir.org).

Voir aussi le billet de Louis et quelques vidéos supplémentaires sur l'AbriCoCotier.


Voir aussi : séquence 2 et séquence 3.

PS : Pour ceux qui n'auront pas la chance d'assister à l'Université demain, les conférences et les débats devraient être accessibles en ligne et en direct à partir de 10 heures.

*/ Mise à jour : les enregistrements vidéo de l'Université populaire sont annoncés sur le site du Mouvement démocrate. Bientôt ici */
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jeudi 12 mars 2009

Emprunt européen : la motion du MoDem est adoptée au Parlement européen

Entorse à la règle fixée ici, d'éviter les reprises de dépêches et citations d'autres blogs. Info de dernière minute, brute de décoffrage :

Aujourd’hui, le Parlement européen, réuni en session plénière à Strasbourg, a adopté un amendement au plan de relance de l’Union invitant « les États membres, notamment ceux faisant partie de la zone euro, à étudier la possibilité d'un grand emprunt européen, garanti solidairement par les États membres ».
350 députés ont voté pour alors que 317 se sont prononcés contre ce texte déposé par le Modem (groupe démocrate et libéral, ADLE) - dont le gros des troupes était absent de Strasbourg pour cause de réunion à Paris consacré aux élections européennes…
Cet amendement a été adopté grâce à l’appui des socialistes, des communistes, des Verts, mais aussi des libéraux et d’une petite partie des eurodéputés conservateurs du PPE. L’UMP, membre de ce groupe politique, a réussi l’exploit de se diviser. (...)

La suite dans les Coulisses de Bruxelles de Jean Quatremer.
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dimanche 8 mars 2009

La révolte de Lysistrata

Lysistrata est une comédie grecque antique d'Aristophane écrite en 411 av. J.-C. (extrait de la Wikipédia) :

Aristophane se plaît à y mêler les conflits de l’État aux détails les plus intimes de la vie quotidienne, résolvant une crise politique des plus graves par la comédie la plus licencieuse, et usant avec bonheur de tous les clichés de la guerre des sexes.

La pièce montre le rôle que les femmes peuvent avoir dans la société et la façon de faire de la politique, mais rôle qu’elles ne jouent pas car leurs avis sont ignorés. Toutes les questions politiques sont considérées uniquement du point de vue des hommes.

Un des aspects humoristiques de la pièce repose sur le fait que les principaux personnages masculins portent tous un phallus.

E x t r a i t :

Lasses d'une guerre interminable, Lysistrata et ses amies veulent obliger leurs maris à conclure la paix. Elles ne supportent plus d'être, à la maison, réduites au silence et tenues à l'écart de la vie politique, dans la Cité.


LYSISTRATA - Nous, durant les premiers temps de la guerre, nous avons, avec la modération qui est nôtre, tout supporté de vous, les hommes, quoi que vous fissiez, car vous ne nous permettiez pas d'ouvrir la bouche. Et pourtant, vous n'étiez pas précisément pour nous plaire ; mais nous, nous sentions bien ce que vous étiez, et maintes fois, étant chez nous, nous apprenions vos résolutions funestes sur une affaire importante. Alors, bien qu'affligées au fond, nous vous demandions avec un sourire : "Qu'a-t-on décidé d'inscrire sur la stèle au sujet de la paix, à l'Assemblée d'aujourd'hui ?" _" Qu'est-ce que cela te fait ?" disait le mari, "tais-toi". Et je me taisais.

CLEONICE - Oh! mais moi, jamais je ne me taisais.

LE COMMISSAIRE - Alors, qu'est-ce que tu prenais si tu ne te taisais pas !

LYSISTRATA - Aussi, moi, je me taisais-je. C'était, d'une fois à l'autre, quelque pire résolution que nous apprenions de vous, et nous demandions : "Comment pouvez-vous, mon homme, agir avec si peu de sens ?" Mais lui, aussitôt, me regardant en dessous, de me dire : "Si tu ne tisses pas la toile, la tête te cuira longtemps. "La guerre sera l'affaire des hommes"(1)

LE COMMISSAIRE - Il avait raison, par Zeus, celui-la.

LYSISTRATA - Raison ? Comment, malheureux ? Vous preniez des résolutions funestes, et il ne nous était même pas permis de vous conseiller ? Mais quand nous vous entendions publiquement dire dans les rues : "N'y a-t-il pas un homme dans ce pays ?" et un autre répondre : "Non, par Zeus, il n'y en a pas", alors nous résolûmes sur l'heure, dans une réunion de femmes, de travailler de concert au salut de l'Hellade. Car, qu'aurait servi d'attendre ? Si donc vous voulez écouter à votre tour, quand nous vous conseillons sagement et, à votre tour vous taire, comme nous vous faisions, nous serions un correctif pour vous.

LE COMMISSAIRE - Vous, pour nous, C'est trop fort, ton langage m'est intolérable.

LYSISTRATA -Tais-toi.

LE COMMISSAIRE - Me taire pour toi, maudite ? pour toi qui portes un voile sur la tête ? Plutôt cesser de vivre.

LYSISTRATA - Si c'est là ce qui t'arrête, je te le passe, ce voile, prends-le, tiens, et ceins-en ta tête, puis tais-toi.

CLEONICE - Prends encore ce fuseau, et la petite corbeille que voilà. Puis rassemble les plis de ta ceinture et file la laine en croquant des fèves. ... "La guerre sera l'affaire des femmes"

(1) parole d'Hector à Andromaque, Iliade VI, 492

Aristophane (~450, ~385 av. J.-C.)
Extrait de Lysistrata, écrite en 411 av. J.-C., 507-538

PS : autre version de cet extrait ici.

vendredi 6 mars 2009

Le Vǝndredi le plus sexiste de 2009 !

*/ Mise à jour du lendemain :
Merci aux engagéEs qui ont déjà répondu.
¶ - Olympe
, Mrs Clooney , chez Trublyonne ,
Réponse bientôt chez :
¶ - Marie-Laure
, Laure ?
Pas encore de nouvelles des autres...

Lire aussi : Ce que veulent les femmes,
une perle datant de 2008, chez Agnès.
Fin de la mise à jour /*

Les blogueurs de sexe féminin
rament à contre-courant et en plus, elles s'en vantent (smiley + bisou à Nelly :-)

Alors que la Journée internationale de la femme a pour but de lutter contre les discriminations sexistes, l'hebdo Vendredi nous sort aujourd'hui en kiosque un numéro collector 'exclusivement féminin'. Comprenne qui pourra.

Enfin, ça buzz, c'est l'essentiel. Encore un exploit de com' en contradiction totale avec la cause qu'il prétend défendre. L'entre-soi sexiste est-il vraiment le meilleur moyen de lutter contre les discriminations sexistes ?

Mes 3 propositions pour la Journée de la femme 2009 :

— Proposition n° 1

D'abord, rebaptiser le 8 mars. Car 'Journée de la femme' crée un contresens que même les féministes les plus scrupuleux n'évitent pas. Je propose 'Journée de la parité homme-femme' qui correspond bien mieux aux intentions initiales.
À défaut et si l'on considère que la Journée de la femme est une revendication d'appartenance au même titre que la Journée des secrétaires ou la Journée des blondes :-) alors il faudrait impérativement instaurer une Journée de l'homme car les hommes eux aussi, ont leurs petits problèmes de discrimination sexiste...

— Proposition n° 2

Ensuite, les problèmes de discrimination doivent se régler à la source plutôt qu'en bout de course... Instaurer des quotas dans les assemblées élues et dans les conseils d'administration des entreprises est une très mauvaise façon d'aborder le problème. Ces quotas sont parfaitement hypocrites, inégalitaires et inefficaces.
Hypocrites
parce les partis politiques et les entreprises préfèreront toujours payer des amendes, parfois astronomiques, plutôt que de prendre le taureau par les cornes. En ont-elles seulement les moyens ? Le problème de fond est ailleurs.
Les quotas sont aussi inégalitaires. Car l'égalité homme-femme en politique et dans le monde du travail se respecte d'autant plus facilement que l'intendance de la maison et de la famille sont assurées par des aides à domicile, ce qui n'est pas accessible à tout le monde.
Inefficace enfin. Les chiffres parlent d'eux même et on est loin du compte. L'UMP a préféré payer 4 millions d'euros d'amende l'an dernier, plutôt que de respecter les quotas.

La racine du mal est culturelle. C'est à la source qu'il faut promouvoir l'égalité entre les hommes et les femmes, c'est à dire entre les pères et les mères. Cessons de confondre le congé de maternité et le congé parental. Le congé parental doit être proposé de la même façon au père ET à la mère des nouveaux nés, sans que les droits de l'un puissent être transférés sur l'autre.

Ma proposition va un peu plus loin. Il faut rendre une partie du congé parental obligatoire pour les pères pour une durée équivalente au congé de maternité par exemple. La Suède a ouvert la voie avec des résultats exemplaires.

Il est temps de cesser l'hypocrisie sur ce sujet. La France ne compte que 12% de femmes à l'Assemblée nationale, au 21ème rang des 27 pays de l'Union européenne ! On compte en France moins de 10% de femmes dans les conseils d'administration des entreprises, à la traîne de tous les grands pays industrialisés ! Veut-on vraiment régler ce problème ? À voir les mesures cosmétiques des quotas négociables qui perdurent sans aucune efficacité, on peut finir par en douter.

— Proposition n° 3

Ma troisième proposition concerne la mémoire européenne. Le mois dernier, le gouvernement allemand a reconnu les enfants de la guerre nés pendant la guerre ou juste après, d'une mère française et d'un père allemand, en leur proposant la double nationalité.

À la suite de cette annonce, Lucia D'Apote a proposé de faire du 8 mars 2009 une journée d'hommage aux femmes tondues de la Libération. Différents blogueurs se sont joints à cette initiative comme Olivier alias KaG, Sylvain et quelques autres. Edgar Morin est un des premiers soutiens de cet appel, ainsi que Jean-Jacques Delorme de Cœurs sans frontières. Je vous invite à consulter le blog qui rassemble quelques documents et quelques œuvres concernant les Tondues ainsi que les premiers commentaires et une vignette à télécharger pour signaler l'appel sur vos blogs.

Pour signer l'appel du 8 mars 2009 en hommage aux Tondues,
cliquez sur la vignette ci-dessous :

mardi 3 mars 2009

« Sois optimiste, imbécile ! »

C'était le mot d'ordre de l'engagement politique pour Bronislaw Geremeck.

« Quand le monde semblait s'écrouler autour de moi, j'avais des rêves. Ces rêves ont fini par se réaliser. Il n'y a pas de risque à être optimiste. Je suis un optimiste qui a vécu dans un siècle tragique. Je crois que si l'on s'engage politiquement, il faut avoir ce mot d'ordre : Sois optimiste, imbécile ! »

Bronislaw Geremeck, août 2002.

On nous annonce la crise financière la plus violente qu'on n'ait jamais connue. On nous annonce le défi énergétique, le défi climatique, les menaces permanentes sur la biodiversité, de nos abeilles jusqu'à l'ours blanc...

Et sur le plan géo-stratégique, la réintégration du [de la France au] commandement intégré de l'OTAN verra-t-elle les Européens renoncer à une véritable défense commune dont le Monde aurait pourtant tant besoin ?

Facile de dire qu'il ne faut pas « faire des taupinières, des Himalayas » :-) Alors devant tant de défis, tant de menaces, je ne vois qu'une solution : faire nôtre ce mot d'ordre de Geremeck. Et moi, et nous, dans le rôle des imbéciles interpelés :-)

C'est Denis Badré qui m'a rappelé cette citation, ici :


Au passage, j'apprécie vraiment les quelques rappels historiques sur la géographie européenne, concernant la Turquie notamment. J'aurais bien aimé en parler à Sylvie Goulard lors de la Conférence nationale du 8 février dernier. A défaut, j'en ferai un billet d'ici peu.