samedi 31 octobre 2009

"Préparons Arras"... en sept livrets (format poche)


Pour les adeptes du format "poche", le document préparatoire du congrès d'Arras est disponible ici en sept livrets – un livret par chapitre.

Avantage : 4 fois moins de papier (19 feuilles pour 76 pages) avec une vraie reliure en prime – pour qui veut bien s'armer d'un peu de patience, d'un peu de fil et d'une aiguille ;-)

Mode d'emploi pour imprimantes NON recto/verso :
  1. Ouvrir le PDF de chaque livret-chapitre (ci-dessous)
  2. Imprimer les pages impaires
  3. Retourner les feuilles*
  4. Imprimer les pages paires
  5. Plier le paquet de feuilles en 2 pour obtenir un livret

* deux précautions sont à prendre en retournant les feuilles :
1 - ne pas changer l'orientation du texte : les jambages des lettres doivent toujours rester orientés dans la même direction
2 - s'assurer que la 1ère feuille imprimée du verso corresponde bien à la 1ère feuille imprimée du recto car certaines imprimantes laser retournent les feuilles avant leur sortie. Il faut dans ce cas les rétablir dans le bon ordre. En principe, pas de problème pour les imprimantes à jet d'encre qui sortent toujours les feuilles avec la face imprimée vers le haut.

Pour les imprimantes recto/verso, c'est + simple : imprimer directement et plier les feuilles, ensemble, pour obtenir un livret.

Les livrets à télécharger sont ici :
Préparons Arras Livret 1 et introduction : valeurs de société
Préparons Arras Livret 2 : dévlpmt économique et social durable
Préparons Arras Livret 3 : gouvernance
Préparons Arras Livret 4 : éducation
Préparons Arras Livret 5 : territoires
Préparons Arras Livret 6 : Europe et international
Préparons Arras Livret 7 et fin : vivre ensemble

NB : Certaines imprimantes laser haut-de-gamme offrent cette fonctionnalité en standard mais les imprimantes personnelles en sont généralement dépourvues. Les PDF ci-dessus sont prêts à être imprimés sur n'importe quelle imprimante standard. L'imposition des pages (2 pages par feuille, dans un désordre apparent) est prévue pour obtenir un livret format A5 en pliant chaque paquet de feuilles en deux. Les pages paires et impaires se retrouvent alors en vis-à-vis, dans le bon ordre de la pagination.

vendredi 30 octobre 2009

Région Alsace : le plan d'urgence pour l'emploi des jeunes passé au crible

Deux mois à peine après la disparition d'Adrien Zeller, la nouvelle présidence du Conseil régional d'Alsace semble vouloir imprimer sa marque par un nouveau mode de gouvernance, un brin autoritaire -- le Chef sait tout et décide de tout, tout seul, dans l'urgence, sur le modèle sarkozyste --, mode de gouvernance qu'on ne connaissait pas à Adrien Zeller.

Ainsi, le plan Agir pour l'emploi -- dit parfois Plan d'urgence pour l'emploi des jeunes -- a été adopté par la majorité UMP comme un seul homme, sans-même avoir été examiné au préalable par les différentes Commissions ad-hoc du Conseil régional. La plupart des 11 mesures annoncées sont directement sorties du chapeau de la Présidence, sans concertation véritable avec les socio-professionnels et sans mise au point avec l'ensemble des Conseillers régionaux.

Ce nouveau mode de gouvernance, autoritaire et non concerté, très sarkozyste au fond, explique à lui seul les nombreux défauts de ce plan. Au bout du diagnostic, j'attribue :

- 3 cartons rouges -- rapport coût/bénéfice catastrophique et gros déficit de gouvernance,
- 5 cartons jaunes
-- rapport coût/bénéfice moyen, recettes classiques & mesures d'affichage,
- 3 points d'interrogation -- sur des sujets majeurs, totalement absents de ce plan et
- 4 feux verts seulement -- rapport coût/bénéfice favorable voire très favorable.

Note globale : 5 /10. Peut mieux faire !
Analyse détaillée du plan et de ses manques :

E M P L O I S

« La Région soutient la création de 1 000 emplois de jeunes de moins de 26 ans ou à la recherche d'un premier emploi par une aide directe de 2 000 € par emploi et par entreprise. » Détail de la mesure 1

Carton rouge : Une prime de 2.000 euros n'a strictement aucun pouvoir incitatif sur la création de véritables emplois en CDI ou CDD de 12 mois minimum. Un emploi se crée lorsqu'il est justifié économiquement et socialement au sein de l'entreprise. Effet d'aubaine garanti pour les 1.000 premiers dossiers reçus ! Il en coûtera 2 millions d'euros à la Région Alsace... Effet pervers en embuscade : pour un poste créé non pourvu, l'âge des candidats devient un critère de sélection à part entière, au détriment des plus de 26 ans -- et surtout des plus de 50 ans qui ne souffrent pas moins de l'exclusion à l'emploi et dont le profil et la qualification pourraient être mieux adaptés. On déplace le problème mais on ne règle rien. C'est extrêmement coûteux, totalement inefficace, parfois contre-productif. En deux mots : ridicule et ruineux. Ou comment jeter l'argent des contribuables par la fenêtre !

« La Région facilite par une prime complémentaire, l'embauche des jeunes en s'appuyant sur tous les contrats aidés existants (200 € de prime mensuelle sur la base d'un temps plein). » Détail de la mesure 2

Feu vert : En temps de crise, augmenter le bénéfice et la visibilité des emplois aidés pour des publics ciblés paraît être une bonne chose. La mesure est réservée à des employeurs spécifiques (associations, communes et communautés de communes) et la collectivité profite globalement des services rendus par ces emplois -- contrats d'accompagnement vers l'emploi CAE dit "passerelle" et contrat d'avenir. On peut espérer que le diagnostic des différents dispositifs soit correctement assuré en amont pour que ces primes bénéficient en priorité aux dispositifs les plus efficaces en terme d'insertion et d'emploi des jeunes. La part contributive de l'employeur pourrait être réduite jusqu'à quelques centaines d'euros par mois.

« La Région aide davantage l'investissement des entreprises qui embauchent un ou deux apprentis supplémentaires. » Détail de la mesure 3

Carton jaune : Aspect positif : cette aide à l'embauche indirecte s'inscrit dans le projet de développement plus global de l'entreprise, avec des taux d'aide à l'investissement bonifiés sur des critères d'innovation ou de développement durable. La limitation à deux emplois créés est une bonne chose pour mieux cibler les TPE et 'petites' PME au sens européen. Mais pourquoi diable en réserver le bénéfice à l'embauche des seuls apprentis ? Toute création d'emploi qualifié devrait augmenter la capacité de financement des investissements productifs associés, dès lors qu'ils sont tournés vers les marchés de demain. Je ne vois aucune raison de réserver cette mesure judicieuse à l'apprentissage uniquement. Si quelqu'un voit une raison valable, les commentaires sont ouverts.

« La Région lance un appel à projets pour les jeunes en s'engageant dans un projet personnel ou collectif créateur d'emploi. » Détail de la mesure 4

Carton jaune : C'est la mesure la plus énigmatique de ce plan. Trois cent à 1.500 euros pour soutenir des projets individuels à condition qu'il débouche sur l'emploi... on aimerait y croire ! La Région a-t-elle les ressources en interne pour instruire et pour encadrer ce genre d'appel à projets ? Pourquoi ne pas se reposer sur les ONG, les associations sportives ou culturelles ? Mesure énigmatique assurément... démagogique ou idéologique peut-être ? J'espère me tromper. On a évité le carton rouge, au regard du faible coût annoncé pour cette mesure. Au bénéfice du doute, j'accorde le droit à l'expérimentation. À condition qu'un bilan soit réalisé publiquement avec présentation de quelques "projets individuels" exemplaires.

F O R M A T I O N S

« La Région aide les entreprises qui embauchent des jeunes en contrat de professionnalisation par une aide à la rémunération de 2 000 € par contrat dans les secteurs d'activités à fort besoin de recrutement. » Détail de la mesure 5

Carton rouge, encore : Comme pour la mesure n°1, on frôle le ridicule, et à grande échelle ! Depuis quand les secteurs d'activité 'à fort besoin de recrutement' (sic) ont-ils besoin d'être aidés financièrement pour les inciter à embaucher ? On nage en plein délire... Le problème est ailleurs : la formation (éventuellement) et surtout : l'attractivité des ces secteurs (conditions de travail). Les contrats de professionnalisation sont sans doute une bonne piste mais subventionner l'embauche dans un secteur à fort besoin de recrutement, c'est un effet d'aubaine absolument garanti à 100% ! Encore 2 millions d'euros puisés dans la poche de la Région pour alimenter directement l'économie de secteurs à fort besoin de recrutement, qui ne souffrent que modérément de la crise, avec des niveaux de qualification somme toute assez modeste, en moyenne -- propreté, hôtellerie, restauration, bâtiment, travaux publics... Pour le contribuable lambda que je suis, c'est juste incompréhensible ! Sont-ils tombés sur la tête ?

« La Région forme des jeunes peu qualifiés en vue d'un emploi préalablement identifié dans une entreprise. » Détail de la mesure 6

Carton jaune : C'est le moins qu'on puisse attendre de l'institution régionale, qu'elle se soucie de l'adéquation entre les gisements d'emploi et les formations professionnelles dont elle a la charge! N'est-ce pas la mission-même de la Région que faire coïncider les filières de formation professionnelles avec l'économie régionale ? Qui d'autre pourrait s'en charger mieux que la Région elle-même ? En fait, il s'agit ici de remédier, par un accompagnement individuel, aux défaillances des filières de formation régionales. Dont acte ! C'est un effet d'annonce pur et simple : un coup d'épée dans l'eau.

« La Région organise avec les futurs employeurs des formations pour les métiers des services aux personnes âgées, dépendantes et de la petite enfance. » Détail de la mesure 7

Carton jaune : Vivement la fusion des régions et des départements ! Sans contester la clause de compétence générale de la future assemblée territoriale (à venir et en attendant la réforme...), il serait préférable que la Région n'empiète pas trop sur les compétences jusqu'ici dévolues aux services sociaux des Départements, voire sur ceux délégués aux services sociaux des grandes métropoles régionales... Quand trois niveaux de collectivités s'occupent de la même chose, on peut être sûr qu'au bout du compte, la facture s'alourdisse dangereusement pour le contribuable... Alors vivement qu'on éclaircisse les rôles respectifs de chacun et en attendant, pourquoi ne pas confier exclusivement à la Région, la formation des personnels pour les métiers de services aux personnes âgées dépendantes et de la petite enfance ? Les contribuables espèrent que le message pourra être passé sans tarder aux départements et aux communautés urbaines...

C H A N T I E R S

« La Région aide la rénovation basse consommation énergétique de 100 bâtiments communaux. » Détail de la mesure 8

Feu vert : Bravo. Voilà le type-même de dépense exemplaire. Les premiers bénéfices sont pour l'activité et donc sur l'embauche des professionnels du secteur. Les bénéfices secondaires sont intégralement redistribués aux contribuables car des bâtiments communaux moins énergivores, ce sont aussi des bâtiments communaux plus économes en fonctionnement.

« La Région aide la rénovation basse consommation énergétique de 1 000 logements sociaux. » Détail de la mesure 9

Feu vert : Bravo, bis repetita. Même remarque pour l'emploi chez les professionnels du secteur. Les bénéfices secondaires étant principalement redistribués aux locataires les plus modestes qui bénéficieront d'un gain de pouvoir d'achat par la réduction de leurs charges locatives : des logements mieux isolés sont des logements plus économes, dans le secteur social comme ailleurs. La facture est lourde : 3 millions d'euros (1.000 logements aidés à 3.000 euros/logement) mais très utilement dépensée. Mieux que l'État, la Région est à même de réaliser les réhabilitations exemplaires en matière d'isolation et de conversion basse énergie du parc de logements sociaux. Pourquoi ne pas comptabiliser également les réductions d'émission de gaz à effet de serre ? Pourquoi ne pas aider également la conversion des chaudières collectives vers le bois de chauffage ? Pourquoi ne pas aider également la mise en place de réseaux de chauffages urbains, y compris dans les villes moyennes et les gros villages ? Assurément, voilà une piste à fort potentiel de développement d'emplois, dans les objectifs de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre.

« La Région accentue l'aide à la rénovation des gares et de leurs parkings. » Détail de la mesure 10

Feu vert : Bravo (ter). Sous l'impulsion d'Adrien Zeller, la moitié des 162 gares alsaciennes ont déjà bénéficié de ce programme de rénovation de la Région Alsace. Le réseau TER Alsace connait un succès important à partir des grandes villes du sillon rhénan. Mais il faut encore accroître l'attractivité du réseau pour les territoires moins denses. Le déplafonnement des aides régionales permettra d'inciter un peu plus les communes petites et moyennes, à réhabiliter leurs gares, à en aménager les abords pour améliorer l'accès des voyageurs. La construction de parkings (vélos et voitures) favorisera l'inter-modalité. C'est tout bénef pour l'emploi du secteur. C'est tout bénef pour adoucir les transports inter-urbains. Même en Alsace, il reste encore de nombreuses lignes désaffectées & gares abandonnées à réhabiliter ! Tout un programme...

« La Région consacre 10 M€ supplémentaires pour les travaux de maintenance dans les lycées. » Détail de la mesure 11

Carton jaune : c'est de loin la mesure la plus "coûteuse" si l'on en croit l'étiquette... Les travaux de maintenance dans les lycées sont une très bonne chose. Mais en réalité, les 10 millions d'euros annoncés ne sont que des dépenses anticipées sur les budgets ultérieurs. C'est un procédé de bon aloi en période de crise mais au delà de l'effet d'annonce, les bénéfices en terme d'emploi sont très légers. Des travaux de maintenance engagés avec quelques mois d'avance, pourquoi pas ? Mais le coût réel est très inférieur à celui affiché et les gains en terme d'emploi quasi-inexistant. Pourquoi ne pas avoir mieux ciblé les dépenses, vers les économies d'énergies des lycées par exemple ?

O U B L I S !

1er point d'interrogation : la formation initiale, absente du plan pour l'emploi. Pour des raisons historiques, l'Alsace reste une des régions en queue de peloton du taux d'accès au baccalauréat pour une classe d'âge. Pourtant, le baccalauréat, général ou professionnel, reste la meilleure garantie d'adaptation à l'évolution incessante des qualifications professionnelles. Ce dysfonctionnement de l'enseignement général en Alsace doit être corrigé afin de donner à tous et aux plus jeunes en particulier, les meilleures chances de réussite dans l'évolution de leurs parcours professionnels.

2ème point d'interrogation et second absent du plan pour l'emploi : l'apprentissage des langues. Au delà du seul bilinguisme cher aux défenseurs de l'Eurodistrict du Rhin supérieur, c'est l'apprentissage de toutes les langues qui doit être favorisé, au cœur de l'Europe, à tous les âges de la vie. L'Alsace reste une des rares régions françaises à connaître un solde migratoire positif, en raison sans doute de sa vocation européenne. Le multi-linguisme devrait devenir une marque de fabrique de toutes les formations en Alsace. Et l'apprentissage des langues étrangères, européennes mais pas exclusivement, devrait y être favorisé par des dispositions pratiques, tout au long de la vie. Être polyglotte dans une région cosmopolite, au cœur de l'Europe... Peut-on rêver mieux pour engager une vie professionnelle, à tous les niveaux de qualification, en s'ouvrant aux cultures européennes ?

L'innovation est le 3ème absent de ce plan pour l'emploi. Au delà d'un catalogue de mesures, il s'agit d'insuffler la dynamique nécessaire à la mobilisation des acteurs. Il faut un fil conducteur & mobilisateur qui manque cruellement à ce plan pour l'emploi. L'innovation est la meilleure promesse des emplois futurs ; elle est dramatiquement absente. Pourtant, les pôles de compétitivité régionaux ne manquent pas d'inspiration : véhicules du futur, innovations thérapeutiques et pôle fibre qui devrait s'élargir, à mon sens, à l'innovation dans la filière bois.

Dernier carton rouge pour la mauvaise gouvernance. La démocratie locale a été malmenée. Si les commissions du Conseil régional n'avaient pas été court-circuitées dans l'urgence -- seules quelques mesures ont été examinées --, le plan Agir pour l'emploi aurait été expurgé de ses mesures les plus discutables, assurément. Dommage.

mercredi 28 octobre 2009

DCB dans le texte : « Malentendus, divergences et contradictions.»




Voici le texte envoyé hier mercredi par Daniel Cohn-Bendit à plusieurs dirigeants d'Europe-Écologie.

La convalescence m'oblige à suivre les évolutions de loin. Une pause forcée qui me permet cependant de consacrer du temps à la réflexion et à l'exploration de pistes qui, je l'espère, nous permettront de progresser...

«Europe Écologie », c'est d'une part « les Verts » avec leur structure partidaire, leur histoire et leurs pesanteurs et, d'autre part, des groupes locaux qui existent réellement -mais dont la faiblesse existe aussi faute de ne pas encore fonctionner en réseau- , des personnalités symbolisant des histoires et des sensibilités différentes de l'écologie politique, etc.

Par-delà cette approche analytique, c'est aussi et surtout une idée motrice qui consiste à rassembler, à surmonter les fractures du passé, à accroître la capacité d'attraction de l'écologie politique autour d'une redéfinition et d'une mise à jour de ses fondements-mêmes. Une posture inédite qui intègre une nouvelle approche de la politique et qui a prouvé sa viabilité!

Étant donné qu' « Europe Écologie » demeure un objet politique de facto non constitué, il fonctionne en tant qu'espace politique dont les diverses sensibilités peuvent se saisir pour se projeter dans un avenir politique totalement différent.

Notre force est aussi notre faiblesse...

Certains « Verts » paniquent à l'idée de voir émerger une force organisationnelle concurrente. Ils tentent alors de redéfinir « Europe Écologie » à leur manière : « Oui à l'ouverture mais gérée, encadrée et limitée par nous les Verts ». Une attitude qu'illustre à merveille Jean-Vincent Placé quand il se dit « preneur » de toute proposition de candidat pour l'ouverture. Autrement dit, « les Verts », personnifiés par JV Placé, « prennent » et « décident ».

Une attitude que vient indubitablement renforcer notre échec collectif à structurer les comités locaux d' « Europe Écologie », à rassembler tant les personnalités que les non-encartés et à donner à la composante non-verte d' « Europe Écologie » une quelconque réalité organisationnelle.

Le degré d'ouverture des listes régionales dépend donc essentiellement de 2 facteurs. D'un côté de l'intelligence, de la lucidité et du bon-vouloir des Verts et, de l'autre, de la capacité argumentative du canal historique d'« Europe Écologie » (Yannick Jadot, Jean-Paul Besset, Pascal Durand, José Bové et moi-même) qu'ont enrichi des personnalités et têtes de listes telles que Sandrine Bélier et Eva Joly.

Quant à la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, elle est le point cardinal raisonnable et conscient de la nécessité d'une unité d'« Europe Écologie-Les Verts ».

C'est dans cet espace politico-organisationnel ambigu et fragile que s'est inscrite l'initiative des « amis d'Europe Écologie ». Profitant du dynamisme et de la capacité relationnelle de certains -dont mon frère Gaby- , les «amis d'Europe Écologie » ont fini par s'imposer comme une composante de la galaxie d' « Europe Écologie ».

Je conçois que tout ceci soit momentanément fatigant mais, symboliquement et politiquement, c'est important car ils incarnent aussi notre capacité d'ouverture.

Les Verts dans leur ensemble voudraient que la symbolique d' « Europe Écologie » se pérennise : Jean-Marc Brulé, Michael Marie, Jean-Vincent Placé,... Les Verts, toutes tendances confondues, sont donc unanimes sur ce point.

Pourtant, le combat quotidien pour pérenniser une structure autonome d' «Europe Écologie » montre que symbolique et réel ne font pas toujours bon ménage.

Il est évident et compréhensible que les Verts s'affirment par leur Bureau exécutif, leur secrétaire nationale ou leur porte-parole, autrement dit, dans le cadre classique de la gauche plurielle. Ceci donne alors le refrain : « A gauche toute et sans MODEM! »

Or, nous affirmons l'autonomie de l'écologie politique, donc d' « Europe Écologie », en dehors de ce cadre référentiel de la gauche commune plurielle et/ou traditionaliste et rétrograde.

Ainsi, « Europe Écologie », via son canal historique, s'exprime par ses personnalités souvent sans concertation je l'avoue (Et ceci est surtout valable pour moi). Comme les Verts s'expriment pour leur part via leurs instances sans chercher le consensus dans le cadre d' « Europe Ecologie » avant de se positionner publiquement. Il est donc normal que cet état de fait soit contrebalancé par les haut-parleurs historiques. Encore une fois, qu'on aime ou non, c'est pour l'instant la seule manière d'exprimer la densité et la diversité des postions rassemblées.

Sur la question du Modem en tant que parti, c'est résolu pour le premier tour des régionales.

Par ailleurs, personne chez nous n'est favorable à une alliance partidaire au premier tour (Que ce soit avec le PS, le Modem ou le PC). Mais nous sommes tous d'accord pour ouvrir nos listes aux personnalités du PC, du Modem, de Cap 21 ou du PS qui voudraient rejoindre « Europe Écologie ».

Pour le second tour, nous devons - au plus tard fin janvier- avoir un débat public d'« Europe Écologie -les Verts » sur les alliances possibles ou nécessaires. Oui, d'après moi, « Europe Écologie » doit pour le second tour fédérer les oppositions à l'UMP autour d'un programme régional de transformation et de réformes écologiques, sociales et démocratiques.

L'avantage d'un scrutin à deux tours étant donc de partir en autonome au premier afin de rassembler l'écologie politique et de clarifier les positions pour ensuite, au second, rassembler les réformateurs en vue de former une alternative au projet de l'UMP.

« Clarifier-Rassembler » en profitant du premier tour pour amplifier le débat démocratique.

Cette démarche permet d'ancrer l'idée d'une réforme en profondeur de la République qui passerait par des régions imposant de fait une cohabitation démocratique à la France de l'UMP.

Notre projet doit être régional tout en s'affirmant dans ses dimensions nationale et européenne. Nous devons donc rédiger le plus rapidement possible un manifeste régional déclinant la cohésion de nos élaborations politiques aux niveaux européen, national et régional. Notre manifeste devra franchement s'ouvrir sur le monde pour assumer nos responsabilités à l'échelle planétaire.

En conclusion.

Dans chaque région, des personnalités régionales et/ou nationales (non-encartées chez les Verts) d' « Europe Écologie devront évaluer, région par région, les candidatures non-vertes et préparer l'agencement des listes. Aucune composante, qu'elle soit verte ou non, n'aura le droit de veto sur l'autre.

Ainsi, les têtes de listes désignées deviendront les médiateurs et les animateurs chargés de garantir les équilibres de l'ouverture.

De ceci découle que nos listes pour les régionales devront respecter l'intitulé « Europe Écologie-Les Verts » + Le nom de la région »: « Europe Écologie-Les Verts-Ile de France », « Europe Écologie-Les Verts- Aquitaine »... Autrement dit, ces listes devront reproduire l'appellation avec laquelle nous avons gagné aux élections européennes. En ce qui me concerne, c'est le seul type de listes que je soutiendrai pendant la campagne.

Le débat difficile et fondamental sur l'avenir définitif de l'OPNI « Europe Ecologie-les Verts », nous l'aurons après les régionales et longtemps avant la séquence présidentielle- législative de 2012.

Entre-temps, nous avons la responsabilité commune de mener à bien l'aventure des régionales autour de 3 maximes: « Rassembler, ouvrir, se respecter »

Nous serons alors capables de démontrer notre force d'attraction en intégrant sur nos listes des militants de la gauche citoyenne, du PC, du pôle écologiste socialiste ou d'autres socialistes, des militants du MEI, des militants du MODEM, ou, tout simplement, en permettant l'arrivée de personnalités venant du monde associatif et de la société civile.

PS : Je continuerai personnellement à débattre publiquement sur la nécessité de rassembler les oppositions à l'UMP pour permettre l'émergence d'une majorité alternative en 2012. C'est la raison pour laquelle je compte participer à un certain nombre d'initiatives au même titre que les Verts participent, à juste titre, à des initiatives classiques « gauche-plurielle » du PC, du PS ou d'autres formations. A chacun son rôle...

Puis-je ajouter un voeu : Dans tous les cas, soyons nous-mêmes et efforçons-nous d'être clairs et percutants. Honni soit qui mal y pense !

PPS : Nous devons accélérer la publicité autour de l'initiative Copenhague d'« Europe Écologie » du 21 novembre . « Europe Écologie » doit s'imposer au coeur de la mobilisation sur Copenhague et parvenir à faire débattre toutes les forces politiques sans oublier de questionner le gouvernement sur l'état de la préparation de Copenhague. Et si nous réussissons notre pari, ce seront les absents qui auront tort.

A bientôt

Dany Cohn-Bendit
27 octobre 2009


Alerte du Mouvement européen : le choix du Président du Conseil & la Charte des droits fondamentaux

.Mise à jour du 4 nov. 2009 :
.La candidature de Blair à la tête de l'Europe est révélatrice des dérives de l'Union
par Sylvie Goulard dans Le Monde du 4/11/09

Angela & Nicolas dînent ensemble, ce soir à l'Élysée. Il se dit qu'entre la poire et le fromage, nos deux "amis" pourraient évoquer la future Présidence (stable) du Conseil européen, à la mode du traité de Lisbonne. Tony aurait déjà le soutien de Nicolas. Tandis que le cœur d'Angela balance encore entre Tony et Jean-Claude. Mais d'autres prétendants pourraient venir troubler le jeu...

Le Mouvement européen vient de verser au débat une donnée inattendue, ignorée jusqu'ici mais d'importance. Sous le titre L'Appel de Strasbourg, Sylvie Goulard, présidente du Mouvement européen - et député européen - et Roland Ries, maire de Strasbourg ont cosigné ce communiqué :

Appel de Strasbourg

Le Mouvement Européen – France, réuni à Strasbourg, siège du Conseil de l’Europe, chargé de la défense des droits de l’Homme, notamment de la Cour européenne des droits de l’Homme, ainsi que du Parlement européen, lance un appel solennel.

La Charte des droits fondamentaux constitue le cœur de nos engagements communs.

Il est indispensable que le Président du Conseil européen, réunissant les chefs d’État et de gouvernement de l’Union Européenne, appelé à représenter l’Union Européenne dans le monde, soit issu d'un pays ayant ratifié la Charte des droits fondamentaux.

Sylvie Goulard, Présidente du Mouvement Européen – France et députée européenne
Roland Ries, Sénateur - Maire de Strasbourg


J'avais pris connaissance de cet appel du ME-F la semaine dernière. Mais l'allusion n'était pas très claire... alors j'ai fini par appeler Pauline Gessant, secrétaire générale du Mouvement européen - France, pour en savoir plus. Et Pauline m'a apporté les informations suivantes.

Il existe dans le Traité de Lisbonne, toute une série de protocoles, acceptés par tous les pays ayant ratifié le traité. Parmi eux, un fameux Protocole n°7 qui autorise le Royaume-Uni à se soustraire à l'application stricte de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, sur son territoire.

Dès lors, la question posée entre les lignes par Sylvie Goulard & Roland Ries dans l'Appel de Strasbourg devient plus explicite :

Tony Blair pourrait-il valablement porter et représenter les valeurs de l'Union européenne, alors que la Grande-Bretagne s'exonère de l'application stricte de la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, sur son propre territoire ?

En voilà une question qu'elle est bonne... Espérons qu'Angela et Nicolas sauront l'examiner avec toute l'attention nécessaire, ce soir entre la poire et la fromage ou bien le 11 Novembre prochain, sous l'Arc de Triomphe et devant la flamme du Soldat inconnu...

_ _ _

À part ça, notre amie Sylvie a bien d'autres talents que celui de meilleur connaisseur du Traité de Lisbonne... c'est celui de député européen, démocrate s'il vous plait. Et comme député européen, démocrate donc, Sylvie nous offre, chaque mois sur son blog, un excellent résumé de la session plénière du Parlement européen à Strasbourg. En vidéo et en 3 minutes, s'il vous plait :










mercredi 21 octobre 2009

Nanotechnologies : le débat public tournera-t-il au débat d'experts ?




Strasbourg
accueillait jeudi la 1ère séquence du débat public national sur la nanotechnologies.

Initié par Jean-Louis Borloo et Chantal Jouanno à la suite du Grenelle de l'environnement, ce tour de France a pour objectif d'organiser « un débat large et transparent sur les risques et les conditions de développement des nanotechnologies » -- voir lettre de mission du 29 février.

Jeudi soir au Palais de la Musique et des Congrès, la commission ah-hoc (CNDP) ouvrait le débat devant un public plus que clairsemé (200 personnes environ) et dans une certaine confusion -- une banderole dénonçant une parodie de débat et appelant au boycott avait été déployée. Le président de la CNDP, Jean Bergougoux - l'ancien DG d'EDF - a bien contrôlé ce premier dérapage en tendant le micro aux contestataires : ils se sont exprimés et sont aussitôt repartis.

La longue soirée de "débat" s'ouvrait sur les enjeux économiques et scientifiques des "nanotechnologies" : un marché estimé à 1.800 milliards d'euros d'ici 2015 avec des millions d'emplois à la clé, selon certaines sources. On retient par exemple l'exposé spectaculaire du Dr Khalil Zahouily, fondateur de Photon & Polymers à Lutterbach (67 - Bas-Rhin).

À ce stade du débat, les risques des nanotechnologies n'étaient évoqués qu'en pointillé et de façon vague ou allusive. Dans le public, les nombreux initiés ou spécialistes des nanotechnologies n'auront sans doute pas appris grand-chose de ces 3 premières heures de "débat", tandis que les non-initiés se décourageaient, attendant depuis plus de 3 heures un exposé clair et précis sur les risques environnementaux et sociétaux liés aux nanotechnologies...

La salle se vidait tranquillement et il fallut attendre 22 heures passées pour que s'ouvre le 1er débat "politique" en présence de deux élus : Sandrine Bélier, député européen et un conseiller régional... d'Île-de-France ! Le débat s'engageait sur un ton polémique, les élus reprochant aux organisateurs la mauvaise organisation de la soirée. Le public des non-initiés continuait à prendre son mal en patience : aucun effort de pédagogie ou de vulgarisation -- pas même de la part des élus ! Des allusions permanentes aux débats internes du Grenelle de l'Environnement et aux textes législatifs en préparation, rendaient les échanges particulièrement hermétiques voire incompréhensibles pour les non-spécialistes encore présents à cette heure avancée de la soirée...

Au fil des débats, le public était invité à poser ses questions par écrit et quelques minutes plus tard, ces questions tournaient en boucle sur les écrans géants de l'auditorium Albert Schweitzer. Généralement, les questions techniques ou économiques trouvaient des réponses immédiates. Tandis que les interrogations sur les risques et les questions de gouvernance étaient le plus souvent "enregistrées" et promises à une réponse ultérieure, après consultation des huits ministères concernés (sic).

Le lendemain du débat, j'ai reçu un mail de M. Bergougnoux qui accusait réception de mes deux questions :

Il y avait une question de néophyte :

Quelle est la nature exacte des risques liés à l'usage ou à la simple présence de nano-matériaux dans notre environnement quotidien ?

Il y avait une question plus politique :

N'est-il pas illusoire de prétendre éclairer l'opinion publique en rassemblant sous le terme générique de "nanotechnologies", des procédés ou des matériaux dont les usages et les finalités sont aussi différents ? Les Romains faisaient déjà des "nanotechnologies" sans le savoir...

Si le terme "nanotechnologies" peut sembler profitable au marketing financier et politique -- pôle de compétitivité "nano", fonds d'investissement "nano", le marché futur des "nanos", les millions d'emplois "nano" à la clé, etc. --, ne risque-t-on pas d'installer la confusion dans l'esprit du public en mélangeant sous ce terme des secteurs d'activité aussi hétérogènes que la cosmétique, l'isolation, la radio-fréquence, la résistance des matériaux, les médicaments, [maj] l'armement [/maj], les semi-conducteurs, le traitement des surfaces, etc. ?

Je ne manquerai pas de vous informer ici des réponses reçues.

Mise à jour : Voir aussi les Cahiers d'acteurs sur le site de la CNDP dont certains sont tout à fait remarquables, clairs et... pédagogiques.

Pour vous faire une idée, voici la vidéo élaborée par la Commission nationale du débat public à la suite de son premier "débat" à Strasbourg.

lundi 19 octobre 2009

Démocratie européenne : « L'heure des questions » au Président Barroso, demain mardi de 15h à 16h.

Pour la 1ère fois dans l'histoire du Parlement européen, les députés européens consacreront une heure de l'ordre du jour de la plénière à une séance de questions au Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso.



À suivre en direct sur le site du Parlement européen entre 15h et 16h -- et en différé, j'espère, pour ceux qui bossent ... ? ...

Voir aussi les grands sujets de la session d'octobre.

dimanche 18 octobre 2009

À Beckerich - Luxembourg -, 2.300 âmes en route vers l'autonomie énergétique

Dans deux mois exactement débutera le sommet de Copenhague sur le climat de notre planète. En Chine, aux États-Unis, en Europe, en Amérique du Sud, en Australie, des armées de diplomates sont à pied d'œuvre pour négocier la suite du protocole de Kyoto, afin de réduire drastiquement les émissions des gaz à effet de serre des pays développés ou en voie de développement -- cf précédent billet au Conseil de l'Europe.

Pendant ce temps, à Beckerich, au cœur de la vieille Europe, à la frontière belgo-luxembourgeoise, une bourgade de 2.300 habitants a déjà réalisé l'essentiel du chemin vers son autonomie énergétique :
  • 90% de la consommation d'électricité des habitants est réinjectée dans le réseau par l'installation massive de panneaux photovoltaïques et par une coopérative d'agriculteurs transformant leur biomasse (fumier, lisier et autres déchets) en méthane pour alimenter un groupe électrogène de 500 kW revendus à la compagnie luxembourgeoise d'électricité -- voir le site agricomethane.eu.
  • profitant de la chaleur de cette centrale électrique (co-génération), 40% des habitants de Beckerich déjà raccordés bénéficient d'un réseau de chaleur domestique (chauffage & eau chaude sanitaire) grâce à l'appoint d'une chaudière à bois high-tech et d'un réseau de distribution de chaleur en construction, dont la commune est maître d'œuvre -- 2.300 euros de raccordement, les habitants pas encore raccordés s'impatientent !
Camille Gira, député & bourgmestre de la commune, artisan visionnaire de cette réalisation exemplaire, nous en dit plus :





Durée : 2:00 | Images : K.Landaburu / France 24

Cerise sur le gâteau, le réseau de chauffage urbain en cours d'installation (50% des habitants sont déjà raccordés) est doublé d'un réseau Internet à très haut débit par fibre optique afin d'attirer à Beckerich des entreprises du secteur tertiaire à haute valeur ajoutée, dans un bâtiment à ossature bois et à basse énergie, chauffé par un puits canadien...

Camille Gira apporte la preuve qu'une collectivité locale peut prendre toute sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique, pour l'autonomie énergétique et de façon exemplaire. Dans les réunions publiques qu'il organise avec les habitants, le bourgmestre interroge : « De qui voulez-vous dépendre pour votre énergie, des cheiks arabes ou des agriculteurs de la commune ? ». Leur choix est unanime et désormais, les habitants de Beckerich arborent fièrement, sur une plaque scellée à l'entrée de leur domicile : « Mir hunn energie ! » - « Nous avons l'énergie ! »

Tous les détails dans cette vidéo (16 minutes) :


BECKERICH, en route vers l'autonomie énergétique
envoyé par imagiterre. - L'info internationale vidéo.

Grand merci à Ludovic Collin et au MoDem Luxembourg d'avoir organisé cette rencontre.

in Le Monde du 24 juin 2008, page trois
[ cliquer pour agrandir ]


jeudi 15 octobre 2009

Parler d'Europe : le journalisme participatif, une alternative crédible ?


Café Babel Strasbourg a le plaisir de vous inviter à la conférence-débat "Parler d'Europe : le journalisme participatif, une alternative crédible ?" en présence de :

Pierre HASKI
co-fondateur et directeur de la publication de Rue 89

Jean-Michel UTARD
professeur en Sciences de l'information et de la communication à l'Université de Strasbourg

Françoise SCHÖLLER
journaliste spécialisée affaires européennes, Rédaction Européenne France 3

Fabien CAZENAVE
membre de la rédaction, ancien rédacteur en chef du Taurillon


vendredi 16 octobre 2009 à 19h30,
au Club de la Presse de Strasbourg,
10 place Kléber à Strasbourg

Ce débat s'inscrit dans la Semaine européenne de la démocratie locale, organisé par le Conseil de l'Europe et la Ville de Strasbourg.

Venez nombreux et diffusez autour de vous !

http://strasbourg.cafebabel.com


lundi 12 octobre 2009

Turquie : ouvrir la porte !

Vue du port de Constantinople,
Aivazovskii Ivan (1817-1900)
Paris, musée du Louvre

Alors que s'ouvre au Grand Palais l'exposition "De Byzance à Istanbul, un port pour deux continents", Michel Rocard, Jacques Delors, Luc Ferry, Edgar Morin et Alain Touraine publient cette tribune dans Le Monde de demain.

Turquie : ouvrir la porte !
Dépassons enfin les préjugés.

La Saison de la Turquie en France va-t-elle enfin donner l'occasion aux Français de découvrir, à travers des dizaines de manifestations culturelles, le vrai visage de la Turquie ? Ni celle des plages pour touristes, ni celle, fantasmatique, de l'avant-garde d'un islam lancé à la conquête de l'Europe ?

Va-t-on enfin rompre, dans la vision de ce grand pays, avec les clichés, les préjugés, le mépris, au mieux l'ignorance, qui polluent le débat sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne ? Nous l'espérons de toutes nos forces. Nous savons bien que la Turquie ne répond pas, pas encore, à tous les critères d'adhésion à l'UE. Nous savons bien que le rythme des réformes s'est ralenti en Turquie, bien que le gouvernement redonne des signes réformistes en phase avec les attentes de la société turque. Néanmoins, beaucoup reste à faire.

Mais est-ce en campant sur leur frilosité soupçonneuse que les Français aideront ceux qui, en Turquie, travaillent à faire avancer ce pays vers le progrès politique et économique, qui se confrontent auxpages noires de leur histoire nationale, qui luttent contre une tentation du repli sur soi. Tentation favorisée par ceux-là mêmes qui, en France, écartent d'un revers de main toute perspective de voir la Turquie rejoindre le grand ensemble européen en construction ? Au vrai, le défi lancé à la Turquie d'avoir à se transformer pour satisfaire aux critères de l'adhésion n'a d'égal que le défi que l'Europe occidentale s'est lancé à elle-même en acceptant la candidature d'un pays à la fois si proche et si éloigné.

Des deux côtés, ce pari stratégique et politique exige de la persévérance, beaucoup de tact, une bonne dose d'imagination et, plus encore peut-être, une solide vision du long terme. Si l'élargissement vers l'Est a consisté à intégrer l'autre Europe, l'élargissement vers la Turquie consistera à intégrer l'Autre de l'Europe.

Intégrer la Turquie à l'UE figure un enjeu qui dépasse le non-débat actuel sur la question. Le monde musulman, et avec lui le monde en développement, suit attentivement les étapes de cette rencontre. L'Europe est-elle capable d'émettre un message universel de solidarité ? Est-elle capable d'enregistrer les avancées de la société turque, signalées à juste titre par un récent rapport européen de la commission indépendante sur la Turquie ?

Chantier difficile mais fascinant

A-t-elle l'ambition de s'affirmer à l'échelle planétaire en accueillant en son sein un allié actif avec constance et discrétion dans la recherche de la paix ? Est-elle apte à dépasser la chimère de ses frontières identitaires, ne serait-ce que pour ne pas laisser le champ libre aux tenants de tous bords du choc des barbaries ? L'intégration de l'Europe et de la Turquie reste un chantier difficile mais fascinant. Tout prédestine la France à être au premier rang de ceux qui accompagnent la Turquie dans son odyssée européenne. Puissent les manifestations de la Saison de la Turquie en France permettre enfin aux Français de mieux comprendre ce pays en pleine transformation.

Nous appelons tous les citoyens, en France comme en Turquie, à nous rejoindre et à se mobiliser pour, de part et d'autre, libérer le débat des arguments passionnels qui font appel aux instincts les plus primitifs. Il est plus que temps de revenir à une réflexion sereine, sur un terrain rationnel.

Michel Rocard, Jacques Delors, Luc Ferry, anciens ministres ; Edgar Morin et Alain Touraine, sociologues.

Article paru dans l'édition du 13.10.09.

dimanche 11 octobre 2009

Les 20 taxes de Mister "Président du pouvoir d'achat"



Oui c'est vrai, j'avoue : j'aime bien Ségolène. Et spécialement depuis la Présidentielle où tous les bien-pensants (de la pensée unique) sortent leur flingue chaque fois qu'elle ouvre la bouche. Ça me rend Ségolène fort sympathique, toute cette meute de la pensée unique, à ses trousses.

Pourtant, Ségolène Royal est bien la seule à avoir dit clairement (désolé Corinne, désolé François...) ce que je pense vraiment de la taxe carbone -- Boudiou, bientôt 3 semaines que je dois faire un billet là-dessus... Ça vient !

Alors à tous ceux qui ont raté le tête-à-tête de Ségolène avec les 3 journaleux costumés (et fort bien peignés...) sur RTL dimanche soir, je résume ici les 20 taxes de Mister "Président du pouvoir d'achat", acquises en 2 ans ½ de mandat :
  1. Taxe pour le RSA (entre 1 et 2 milliards)
  2. Taxe sur les assurances et les mutuelles (1 milliard)
  3. Taxe sur l'intéressement et la participation (400 millions)
  4. Taxe sur les stock-options (250 millions)
  5. Franchises médicales (850 millions)
  6. Hausse des cotisations retraite (150 millions)
  7. Taxe sur la publicité des chaînes privées (incalculable)
  8. Taxe sur les compagnies pétrolières (150 millions)
  9. Taxe pour financer la prime à la cuve (100 millions)
  10. Taxe sur les ordinateurs (50 millions)
  11. Taxe pour copie privée des disques durs externes et clés USB (167 millions)
  12. Taxe sur le poisson (80 millions)
  13. Taxe sur les huiles moteurs (44 € par tonne de lubrifiant)
  14. Taxe sur les imprimés publicitaires (incalculable)
  15. Hausse de la redevance télévision (20 millions)
  16. Contribution exceptionnelle (exceptionnellement reconduite chaque année depuis... 1991) sur les ventes en gros de produits pharmaceutiques (50 millions)
  17. Taxe sur la téléphonie et internet (80 millions minimum)
  18. Taxe sur les grosses cylindrées (malus auto annualisé : 160 € par an par auto)
  19. Chèque transport (pas de plan de financement pour l'instant)
  20. Taxe Carbone
Qui dit mieux ?

vendredi 9 octobre 2009

Un monde sans arme nucléaire : « Yes we can. »

Six mois après ses discours de Strasbourg et de Prague où il affirmait sa volonté d'avancer vers un monde sans arme nucléaire, Barack Obama vient de recevoir le Prix Nobel de la paix.

Lors de sa rencontre avec 4.000 étudiants, à Strasbourg le 3 avril, cette phrase de Barack Obama m'avait un peu sidéré (3:30 à 3:50) et je m'étonnais qu'elle passât presqu'inaperçue. Trois jours plus tard à Prague, les choses étaient beaucoup plus claires (4 min) :



Le comité Nobel souligne « avoir attaché beaucoup d'importance à la vision et aux efforts d'Obama en vue d'un monde sans armes nucléaires ».

Le 6 avril à Prague, Barack Obama soulignait la responsabilité particulière des États-Unis d'Amérique : “ Comme seule puissance nucléaire à avoir utilisé ces armes, les États-Unis ont une responsabilité morales ” .
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dimanche 4 octobre 2009

Pourquoi il semble raisonnable de fermer Fessenheim

Je ne suis pas "anti-nucléaire" -- anti-rien-du-tout à vrai dire, je préfère penser avec ma tête plutôt qu'avec mes cornes. Même pas anti-Sarko, na.

Pour cette raison, je n'ai pas participé à la manifestation d'hier à Colmar, sous la bannière "Sortir du nucléaire". Pour autant, j'estime que l'Alsace doit exiger la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim -- en photo. Voici pourquoi :

  • Fessenheim est la plus ancienne des centrales nucléaires encore en activité. Mise en service en 1977, la durée de vie de la centrale était estimée à 25 ans... La longévité des réacteurs nucléaires n'étant pas éternelle, Fessenheim devrait être, en toute logique, la prochaine centrale à cesser son activité, comme doyenne des centrales en activité et après 32 ans de bons et loyaux services.

  • Fessenheim est la plus petite des centrales nucléaires française. Deux réacteurs de moins de 900 MW dont la disponibilité n'atteint même plus 60%, en raison de leur vétusté ! Les centrales les plus récentes sont configurées avec 4 réacteurs de 1.300 MW et leur disponibilité est bien meilleure. La gestion des risques extérieurs (sismique ou attentat) recommande de réduire le nombre de sites, alors autant fermer les sites les moins productifs en priorité, au premier rang desquels figure Fessenheim.

  • Fessenheim ne couvre plus que 1,5% de la production d'électricité en France, en raison de la faible puissance de ses réacteurs et de sa vétusté. C'est 5 fois moins que la quantité d'électricité exportée par la France chaque année ! La fermeture de Fessenheim serait donc sans conséquence sur notre capacité à couvrir nos besoins hexagonaux.

  • Fessenheim est la centrale nucléaire française la plus exposée aux risques sismiques. Ce risque est aggravé par une anomalie de conception : le plancher du réacteur est situé plusieurs mètres en dessous du niveau du canal du Rhin qui la refroidit. Le risque sismique est donc aggravé par un risque d'inondation, par rupture des berges du canal et contamination massive du Rhin.


Si la fermeture de Fessenheim est une évidence pour un grand nombre d'élus locaux, l'exploitant EDF semble vouloir prolonger la vie de la centrale pour 10 années supplémentaires -- la visite décennale débute en 2010...

Au delà des rapports d'experts, la volonté politique sera-t-elle au rendez-vous pour faire de Fessenheim le 1er site expérimental de démantèlement, à l'échelle de l'Union européenne ?

La bonne évaluation des risques technologiques et de leurs conséquences environnementales, sur l'ensemble de leur cycle de vie "du berceau à la tombe" est devenue une exigence impérative pour décider démocratiquement de notre avenir énergétique.

Le démantèlement de Fessenheim serait de ce point de vue une formidable opportunité pour EDF et pour l'Alsace.
  • Pour EDF en démontrant son savoir faire en matière de démantèlement - et le marché du démantèlement est énorme !
  • Pour l'Alsace en relevant ce défi technologique sans précédent - le démantèlement lui-même -, assorti d'un défi environnemental, en compensant intégralement les coûts carbone de ce démantèlement (reboisement, réduction du CO2) et d'un défi énergétique en transférant intégralement les capacités de production perdues vers des énergies renouvelables adaptées à l'Alsace : filière bois, géothermie, solaire.
Dossier complet dans
Les Dernières Nouvelles de Fessenheim
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