lundi 22 décembre 2008

Democratia — ou la naissance d'un blog européen

Lucia D'Apote a lancé son blog Democratia Europe au solstice d'hiver. Les élections européennes auront lieu dans six mois à peine, autour du solstice d'été... D'ici là, la campagne européenne, les candidatures européennes et le programme européen !
Les éphémérides sont avec nous, heureusement que les journées rallongent ;-)


Je connais un peu Lucia, pour l'avoir cotoyée lors des élections municipales de Strasbourg puis, pour avoir défendu avec elle (grâce à elle ?) une certaine exigence démocratique, une certaine idée du rassemblement aussi, lors des élections internes du Mouvement démocrate dans le Bas-Rhin. (cf ma 3ème fierté)

Son blog semble tourné tout entier vers la Démocratie Européenne et vers la vocation européenne de Strasbourg, comme siège unique du Parlement européen : rapatriement de TOUT le Législatif à Strasbourg, consécration de l'Exécutif à Bruxelles (la Commission) et du Judiciaire à Luxembourg.

Trias politica ! comme dirait Lucia.

Personnellement, j'ai hâte d'entendre les candidats du Grand-Est (de toutes tendances) se prononcer sur la vocation européenne de Strasbourg. Car certains semblent déjà jeter l'éponge (comme Daniel Cohn-Bendit ou Jean-Luc Bennahmias) tandis que d'autres restent sur la défensive, face à Bruxelles — Nathalie Griesbeck, la semaine dernière, est encore loin de m'avoir convaincu...

Strasbourg est la capitale démocratique de l'Europe. Le siège du Parlement doit y être défendu bec et ongles, avec conviction, mais aussi avec des idées neuves. À la suite de Nathalie Griesbeck, j'aimerais que Jean-François Kahn vienne nous donner sa vision de la place de Strasbourg sur l'échiquier européen, dès que possible.

Dans le Grand-Est, la vocation européenne de Strasbourg doit constituer le fil d'Ariane de la campagne européenne. Par son histoire, Strasbourg est le symbole de l'Europe réconciliée dont tous les artisans de la Paix dans le Monde ont su et sauront s'inspirer. Le Monde est dangeureux, l'Europe doit affirmer ses valeurs universelles pour les Droits de l'Homme, pour la Paix, pour le respect de la diversité culturelle, pour un développement durable, équilibré de nos sociétés, respectueux de notre Planète.

La campagne européenne est ouverte ...

Ci dessous, un petit film muet* illustrant la 1ère cession du Conseil de l'Europe à Strasbourg *, le 10 août 1949. Certains reconnaitront le Palais Universitaire de Strasbourg, Robert Schuman, Jean Monnet, Winston Churchill, Paul-Heni Spaak, etc.



* : film issu des archives http://www.ena.lu Mais qui donc a eu cette idée saugrenue, d'encapsuler de tels trésors de la mémoire européenne dans des formats propriétaires de type Flash etc. ? qui ne peuvent pas être partagés !

samedi 20 décembre 2008

Être MoDem : deux doutes et trois fiertés ...

Christophe Ginisty n'aime pas les chaînes... Paradoxe, c'est grâce à lui que je me mêle au troupeau de moutons de la dernière chaîne en date, celle lancée par lui-même, avant-hier ;-)

C'est Nelly qui m'a tagué à son tour, par l'intermédiaire de l'Hérétique. Comme chacun sait, je ne refuse jamais rien à Nelly — deux ou trois choses mises à part. Je m'exécute donc volontiers, dans l'ordre des joies et des peines du MoDem.

Sans attendre, j'invite à me suivre dans cet exercice périlleux :
  • Guillaume — Désolé Guillaume pour ce retour de bâton,
  • Danielle — Sorry but Fanal Safran c'est vraiment trop joli,
  • Philippe — Qui s'impatiente. Voilà voilà Philippe... ça vient !
  • Cédric — Ton blog s'endort, vice-Président, quoi de neuf ?
  • Last but not least, 1cognita — L'hiver approche, à quand l'ouverture de ton blog ?
Un mot d'abord pour éviter la dérive du téléphone arabe, quand le message initial se déforme, de bouche à oreille. Voici la demande initiale de Christophe, citée mot pour mot — chacun l'interprète comme il veut mais le message initial ne doit pas être déformé :

Je vous propose de donner 2 choses qui vous ont fait douter et 3 choses qui vous ont rendu fier d'être au MoDem. Un engagement politique n'est pas un long fleuve tranquille et il peut être intéressant de partager ses joies et ses peines. Pourquoi 3 pour et 2 raisons contre ? Eh bien parce que j'imagine que si vous êtes toujours militant, c'est que le positif l'a emporté sur le négatif. Non ? »

Alors voilà, c'est à mon tour.
Pour commencer, deux doutes :

J'aime douter. Mes doutes construisent mes convictions. Pour moi, le doute n'est pas négatif, il n'est pas synonyme d'hésitation ou d'incertitude. Le doute est méthodique, il interpelle l'esprit critique et la raison, contre la réaction épidermique et la précipitation. Sans le doute, il n'y a ni précaution, ni alerte. Le doute permet de repérer les écueils et les récifs où l'on s'échoue, immanquablement. Sans le doute, il n'y pas de chemin assuré, pas de conviction intime, pas d'engagement possible.

Le doute s'exprime par la critique. J'aime faire des critiques, des critiques constructives. Au point de passer pour un "emmerdeur" aux yeux du 'responsable com' du MoDem 67. Mais finalement, c'est très agréable de passer pour un emmerdeur, aux yeux d'un responsable com. Moi, je préfère citer Aragon : « Le doute (la critique), c'est la pédagogie de l'enthousiasme ».

En deçà du doute qui me motive, il y a le découragement. Je ne suis pas passé loin du découragement, lors des élections internes du Bas-Rhin en septembre. Quand les règles les plus élémentaires de la démocratie interne sont foulées au pieds par les 'démocrates' eux-même, ça fait mal, très mal. Ça décourage. Quand une commission électorale renonce à assumer sa fonction primordiale, celle d'assurer un scrutin équitable, ça fait désordre, forcément, chez un démocrate... N'y revenons pas, c'est du passé, il y a prescription. Mais pour l'avenir, tout reste à faire.

Mon deuxième doute n'est pas un découragement, mais un doute persistant, pas encore solutionné. Il s'agit de l'attitude du MoDem lors des élections locales. Comment gérer les alliances de second tour, sans donner l'image d'une strétégie purement opportuniste ? Pas facile... S'allier à Juppé à Bordeaux et à Aubry à Lille, au motif que l'un et l'autre sont des gens "sympas", je trouve ça un peu court... Le retour du boomerang n'est pas loin... Le MoDem doit construire un discours clair pour justifier la géométrie 'variable' de ses alliances locales. C'est loin d'être fait ! Ne nous endormons pas sur nos lauriers, n'attendons pas la veille des prochaines élections locales pour clarifier ce point ! Avec l'effort de tous, on a du pain sur la planche !

Trois fiertés, enfin : ces fiertés sont les miennes, pas celles des autres.

Primo — J'étais militant centriste avant d'avoir 18 ans. Au Centre des démocrates sociaux, puis au MJG (giscardien). Au milieu des années 80, mon parti (UDF) s'est fourvoyé avec le RPR dans des alliances contre nature, avec l'extrème droite. Aux élections municipales partielles de Dreux d'abord, puis aux élections régionales en Rhône Alpes et en région PACA. C'est dur d'être jeune militant centriste et de devoir tourner le dos à vos aînés, pour leur faire comprendre qu'ils se gourent, que l'idéal humaniste et européen est incompatible avec les alliances électoralistes avec le FN. J'ai rendu ma carte et j'ai milité à SOS Racisme, pour quelques temps. Profondément blessé par cet épisode, je n'ai retrouvé le goût d'un engagement politique que 20 ans plus tard, lors des Présidentielles de 2007. Mais je suis plutôt fier d'avoir assumé seul, cette désertion.

Secundo — La discussion sur le règlement intérieur, au siège du MoDem à la fin du printemps dernier. Bon nombre de militants MoDem ont trouvé ces discussions interminables et fatiguantes, au vu des polémiques interminables qu'elles ont suscitées. Pourtant, c'est l'honneur d'un mouvement démocrate d'assumer ce genre d'échanges, d'en prendre le risque pour élaborer tant bien que mal nos règles de vie commune. Bon nombre de Mouvements départementaux auraient pu s'en inspirer. Paris a été exemplaire. Le Bas-Rhin, comme d'autres et comme d'habitude, est resté à la traîne. Dommage.

Tertio — Ma troisième fierté n'est pas la moindre. C'est celle d'avoir défendu avec Lucia D'Apote une certaine exigence démocratique pour l'organisation du Modem dans le Bas-Rhin, lors des élections internes de septembre. Les dés étaient pipés, le vent n'était pas favorable, les règles démocratiques ont été bafouées, certes, mais le message est passé. Notre démocratie interne doit être irréprochable, tant pour la qualité de nos débats internes que pour nos modes de décision collective. Pour moi, le 1er impératif éthique est l'article 2 de notre charte éthique :
« Le Mouvement démocrate respecte en son sein les principes démocratiques qu’il promeut à l’extérieur, notamment information, participation, liberté du débat, transparence des décisions. »

PS :
siouplé, pour la 3ème chaîne de la semaine... OU-BLI-EZ MOI ! ;-)

jeudi 18 décembre 2008

Paroles détenues

On a beaucoup parlé de la liberté des médias, ces derniers jours.
On a beaucoup parlé des fondamentaux de notre démocratie :
  • l'état de droit,
  • la séparation des pouvoirs,
  • la liberté de la presse,
  • la liberté d'expression individuelle,
  • la qualité du débat public,
  • la qualité irréprochable de nos décisions collectives.
Mais on n'a pas parlé beaucoup... des Droits de l'Homme.
Un document exceptionnel vient combler cet oubli.
Une prison, vue de l'intérieur.
Le plus énorme : c'est en France, en 2008.
J'en reste bouche bée.
Mes commentaires seront pour plus tard.


La prison de Fleury-Mérogis filmée par des détenus
envoyé par lemonde.fr

PS : Mille excuses à Philippe et Julien, petits soldats de la Grande coord... Traiter d'un événement avec 10 jours de retard, ce n'est pas ma façon préférée d'envisager ce blog. J'espère qu'on fera mieux la prochaine fois. ;-)
Cela dit, j'ai quelques commentaires à faire sur le compte-rendu de notre dernière convention départementale. J'attends juste quelques retours d'infos de la part de notre Présidence et de notre Secrétariat départemental, qui tardent un peu... Mais je ne manquerai pas d'y revenir !


mardi 16 décembre 2008

« J'ai essayé de bouger l'Europe, mais l'Europe m'a changé »

Une quarantaine de militants du Mouvement démocrate étaient venus écouter Nathalie Griesbeck, député européen, hier soir au Parlement européen de Strasbourg.

Après nous avoir présenté rapidement les rouages des institutions européennes et après avoir donné son sentiment sur le bilan de la Présidence française de l'Union européenne, Nathalie Griesbeck s'est livré au jeu de quelques questions-réponses. Plusieurs questions concernaient le siège du Parlement européen à Strasbourg ; je suis resté sur ma faim quant à ses réponses, toujours sur la défensive et manquant cruellement d'ambition pour Strasbourg, capitale démocratique de l'Europe.
En une heure trente, l'affaire était réglée...

Évoquant le discours d'ouverture de la Présidence française il y a six mois, Nathalie Griesbeck rappelait que ce discours avait duré 3 heures 30, 'ce qui n'est pas le genre de la maison'... Je dois reconnaître qu'à l'époque, ce discours volontariste de Nicolas Sarkozy, retransmis en différé sur LCP, m'avait plutôt intéressé.

Ce matin, Nicolas Sarkozy revenait à Strasbourg pour livrer le bilan de la Présidence française. Après le non irlandais, après la crise géorgienne et la crise financière, les parlementaires européens lui ont accordé, toutes tendance confondues, un satisfecit plutôt mérité.

Ceux qui me connaissent, ceux qui lisent ce blog de temps à autre, savent que je ne suis pas suspect de complaisance ou d'indulgence sarkozyste... Pourtant, j'ai trouvé ce discours européen de Nicolas Sarkozy plutôt réussi, dans le fond plus que sur la forme :-)

Optimiste, j'en retiens une phrase, osant croire à la sincérité de cet aveu : « J'ai essayé de bouger l'Europe, mais l'Europe m'a changé. (...) ». Un regret toutefois, de taille : la question du siège du Parlement européen à Strasbourg n'a pas été évoquée.

[ ajout du lendemain ] Pour un propos moins consensuel, je recommande de caler cette vidéo sur 1:33:33 pour quelques éclairages dissonants de Daniel Cohn-Bendit sur les questions institutionnelles (Lisbonne, l'unanimité, le rôle du Parlement et de la Commission) et sur les questions économiques et environnementales.

Verbatim — Fin du discours * :

(...) Et enfin, je voudrais vous dire, à titre personnel, que moi, cette Présidence de six mois m’a beaucoup appris et que j’ai beaucoup aimé ce travail. Et pour dire les choses, je comprends que les parlementaires européens soient passionnés par ce qu’ils font, parce que lorsque que l’on a la chance, pendant six mois, de connaître et d’avoir à trancher des problèmes de 27 pays, on gagne en tolérance, on gagne en ouverture d’esprit et on comprend que l’Europe est sans doute la plus belle idée qui ait été inventée au XXème siècle et que cette Europe, on en a plus que jamais besoin.

J’ai essayé de bouger l’Europe mais l’Europe m’a changé. Et je veux dire une chose parce que je le pense profondément : je crois vraiment que chaque chef d’Etat et de gouvernement gagnerait à exercer de temps à autre cette responsabilité. D’abord, parce qu’il comprendrait que les problèmes qu’il connaît dans son pays ne peuvent bien souvent trouver de solution qu’en accord avec nos voisins. Il comprendrait qu’au-delà de ce qui nous différencie, il y a tellement de choses qui nous rapprochent et il comprendrait que, surtout quelque chose de plus important, c’est que c’est plus facile pour l’Europe d’avoir des grandes ambitions que de toutes petites ambitions.

Et la dernière chose que je crois au plus profond de moi-même, c’est qu’au Conseil européen, au Parlement européen, à la Commission européenne, c’est plus facile de faire aboutir des grands projets que des petits projets. Parce que les petits projets n’ont pas le souffle et la force nécessaire pour faire reculer les égoïsmes nationaux. Les grands projets, les grandes ambitions, les grandes idées, au nom de ces grandes idées et de ces grandes ambitions, on peut surmonter les égoïsmes nationaux. Alors, que l’Europe reste ambitieuse et que l’Europe comprenne que le monde a besoin qu’elle prenne des décisions. Quand on met la poussière sous le tapis, on se prépare des lendemains difficiles. Les problèmes, il faut les régler tout de suite et maintenant et ce n’est pas vrai que les institutions européennes empêchent la prise de décision. Ce qui empêche la prise de décision, c’est le manque de courage, le manque de volontarisme, c’est l’affadissement d’un idéal. Les décisions, on ne doit pas attendre Lisbonne, on ne doit pas attendre demain, on doit les prendre maintenant et je fais toute confiance à la Présidence tchèque pour assumer le continuum de la présidence. »

Pour le discours intégral en vidéo, cliquer ici.
Pour la transcription, ici.

lundi 15 décembre 2008

L'inculture chez les démocrates : mon pédigrée

M'étant fait harponné par Guillaume, j'ai décidé de faire preuve de bonne volonté ;-) et de ne pas briser la chaîne de l'inculture. Me suivrez-vous ? Je tente le tout pour le tout en essayant de réveiller deux blogueurs endormis, nos amis démocrates Anne et Thomas. Aux antipodes des blogueurs endormis, j'aimerais insister auprès de Laure et de Christophe pour qu'ils entrent dans la danse. Un petit tag collectif aussi pour Antonin et sa bande, au Libre du MoDem.

Voici donc quelques mots pour brosser le tableau de mon inculture, dans les grandes lignes, pour chacune des catégories requises :

Cinéma — Oui j'avoue, je hais la VO. Désolé, ça fait mauvais genre, je sais. Par conséquent, des pans entiers du cinéma mondial m'échappent, étant donné le peu d'efforts consentis par les distributeurs pour réaliser des doublages de qualité.

Depuis Méliès, la magie du cinéma, c'est le trucage. Alors je ne comprends pas cet intégrisme de la VO omniprésente. Rendre les films accessibles aux cinéphiles dans leur langue maternelle, aussi bien qu'en VOST, voilà un défi culturel de la mondialisation. Alors pourquoi cela fonctionne-t-il pour Steven Spielberg ou James Cameron et pas pour Ken Loach ou Woody Allen ? C'est du séparatisme socio-culturel, sous couvert de rentabilité financière.

Je ne vais pas au cinéma pour lire ; les bibliothèques et les librairies sont faites pour cela. Je maudis ces désordres typographiques qui gesticulent en bas de l'image et perturbent le cadre cinématographique. Je ne compte plus le nombre de films ratés pour avoir attendu, en vain, une VF.
La honte ! Shame on me !

Pour moi, la vraie voix de Woody Allen est celle de sa doublure. C'est la magie du cinéma.

Bon, j'ai promis de faire un effort pour réexaminer cette position peut-être trop tranchée sur la VOST des salles obscures... Avec le DVD et la vidéo on demand, l'alternative entre VOST et VF est moins brutale, plus conciliante. Alors j'irai louer La Vie des autres en support multilingue pour pouvoir, peut-être, me raviser ;-)

Littérature — Oui j'avoue, Comment parler des livres que l'on n'a pas lus est un de mes livres de chevet préférés.

En grand démocrate, je vénère les droits imprescriptibles du lecteur selon Daniel Penac et en particulier les 3 premiers : le droit de ne pas lire, le droit de sauter des pages, le droit de ne pas terminer un livre. J'en use et j'en abuse. À l'empilement vertical (des livres achetés trop vite et qui se font désirer) et à l'alignement horizontal de la bibliothèque (les livres lus et classés par préférence et catégories) je préfère l'empilement scabreux des livres échoués, retournés en accents circonflexes (les lectures qui traînent, les lectures en parallèle, les lectures abandonnées).

En démocrate exigeant, je complète les droits du lecteur selon Penac par : le droit de préférer les commencements (relire 36 fois les premières pages) le droit de corner les pages, le droit d'écrire dans les livres (sauf ceux empruntés à la bibliothèque) le droit d'ignorer les 4èmes de couverture, le droit aux boules Quiès à la saison de la rentrée littéraire, le droit de me moquer du barnum des prix littéraires, le droit de ne pas lire les critiques des livres dans les journaux (la république des lettres entre copains et coquins), parce que c'est beaucoup plus intéressant sur Internet.

Géographie — Oui j'avoue, mes professeurs d'histoire-géo au collège ont réussi à me dégouter de l'histoire et de la géographie. Traumatisé par un tableau à 5 colonnes comprenant les pays africains, leur drapeau, leur capitale, leur superficie et même leur population, tableau appris par coeur... et oublié aussitôt. Avec le dégoût de la géographie en prime. J'en ai fait des cauchemards. Les batailles de Napoléon ont dû subir le même sort : ingurgitées comme on gave une oie, et vomies aussitôt. Une horreur pédagogique dont j'ai gardé les séquelles jusqu'au début de l'âge adulte. J'essaie encore de me rattraper... C'est dire l'immensité de mon inculture en histoire-géo. On devrait interdire ce genre de violences faites aux enfants, et interner les coupables.

Mathématiques — En général, les snobs cultivés se vantent de ne rien connaître aux mathématiques, ou de ne pas savoir se servir d'un ordinateur. C'est de bon ton. Ils écrivent à la plume d'oie, ont re-re-lu tout Proust mais ne veulent rien connaître aux probabilités, aux logarithmes et à la théorie des catastrophes. Ils s'en vantent. Alors je veux bien étaler ici mon inculture mathématique, mais vous ne saurez pas si c'est du lard ou du cochon... Du coup, j'hésite ;-)

C'est un vrai drame culturel en France, ce séparatisme entre une culture noble et élitiste (littéraire, historique, philosophique) et une culture scientifique et technique, trop souvent considérée comme une culture de seconde zône. Peut-être est-ce aussi une des principales cause du déficit d'innovation en France ?

Cuisine — Ma méconnaissance des cuisines du Monde est insondable. Comme cuisinier, j'ai une bonne excuse : les ingrédients et les ustensiles sont difficilement accessibles et parfois introuvables. Comme gourmand, j'assume et j'en profite : les découvertes des saveurs lointaines sont infinies, et j'en raffole.

vendredi 12 décembre 2008

Seuls les plus pauvres paieront plein pot... [niches fiscales]

Les niches fiscales représentent chaque année 73 milliards d'euros de manque à gagner pour le budget de l'État, soit 27% des recettes de l'impôt sur le revenu. [source : Observatoire des inégalités ]

L'une de ces niches fiscales concerne particulièrement les adhérents des partis politiques. Au titre de l'article 200 du Code général des impôts, les dons et cotisations aux partis politiques ouvrent droit à une réduction d'impôts de 66%.

Mais on oublie trop souvent qu'en France, près d'un foyer fiscal sur deux n'est pas imposable au titre de l'IRPP... Par conséquent, les adhérents non-imposables paient leur cotisation plein pot alors que les adhérents imposables paient leur cotisation trois fois moins cher, en récupérant les deux tiers de la somme auprès des services fiscaux.

C'est une injustice fiscale ahurissante qui mériterait d'être dénoncée et réformée. Car au delà de la niche fiscale injustifiée, cette réduction d'impôts crée une iniquité profonde pour l'engagement politique des non-imposables et des plus pauvres.

Tous les démocrates devraient s'emparer de cette proposition de réforme, plutôt que de vanter cette réduction d'impôt inique dans leur appel à cotisation — et autres appels de fonds...

Une solution simple consisterait par exemple, à transformer cette réduction d'impôt en crédit d'impôt... Mais le bien-fondé de cette niche fiscale reste à mes yeux très discutable. Sans doute vaudrait-il mieux la supprimer tout simplement.

PS hors-sujet : une recommandation de lecture, Les Jeudis d'Edgar.

dimanche 7 décembre 2008

« J'ai fait mon travail de journaliste. (...) » — Enquête d'un honnête homme sur un scandale d'État

C'est un constat effrayant sur les 'dysfonctionnements gravissimes de notre démocratie' : l'enquête méticuleuse de Laurent Mauduit sur l'affaire Tapie, relayée ce matin par une excellente interview sur le blog de Christophe Ginisty.
À voir absolument — on peut cliquer ici :


Interview de Laurent Mauduit from Christophe Ginisty on Vimeo.

Je n'ai pas encore lu Sous le Tapie, le livre de Laurent Mauduit mais quelque chose me dit que ce bouquin va devenir pendant quelques jours le livre de chevet de tous les démocrates attentifs et scrupuleux. Car l'affaire Tapie est un formidable cas d'école sur les dérives les plus invraisemblables et les plus inquiétantes de notre démocratie, un certain laisser-faire qui, dans le monde de la finance nous a conduit à la catastrophe planétaire qu'on connait.

Le travail méticuleux de Laurent Mauduit semble aboutir à un diagnostic accablant et implacable sur les prémisses d'un certain délabrement démocratique en France. Où la séparation des pouvoirs la plus élémentaire depuis Montesquieu est gravement mise à mal. Où une 'commission arbitrale' se substitue au pouvoir judiciaire au mépris des intérêts de l'État et des contribuables.

Les mots sont crus pour stigmatiser les dérives révélées par l'affaire Tapie : démocratie de la barbichette, capitalisme de la barbichette dans l'opacité du 'système parisien' — je te tiens, tu me tiens... ou la république des copains et des coquins — son analyse de la prétendue 'impartialité' des trois membres de la commission arbitrale est édifiante... une démocratie malade, sans réels contre-pouvoirs, sans médias indépendants — voir les récentes menaces pesants sur la liberté d'expression de la blogosphère, les menaces sur l'indépendance et le financement de l'audiovisuel public ou encore, les risques de concentration et de dépendance accrue pour la presse écrite, en kiosque ou en ligne.

Au delà des remèdes à tous ces dysfonctionnements, il nous faudra consolider l'ordre démocratique en apportant de nouvelles garanties d'indépendance, à l'égard du pouvoir économique notamment mais aussi pour renforcer l'indépendance et le pluralisme du contre-pouvoir médiatique — Christophe reviendra plus tard sur cet autre aspect de l'itw de Laurent Mauduit.

vendredi 5 décembre 2008

France Télévisions : tentative de mainmise ou sabotage ?

L'Assemblée nationale l'a décidé hier soir : le patron de France Télévisions sera nommé en Conseil des ministres et il pourra être révoqué de la même façon... Autant dire que le Président de la République s'en occupera lui-même.

Retour au bon vieux temps de l'ORTF...


Ce sont 35 ans de progrès pour l'indépendance de la télévision publique qui volent en éclat. Petit rappel historique :
  • au début du mandat de Giscard en 1974, l'ORTF est éclatée en une multitude de sociétés autonomes maîtrisant chacune leur programmation : Radio France, Télévision Française 1 - TF1, Antenne 2 et France Régions 3. Trois sociétés techniques complètent le dispositif : la Société Française de Production - SFP, Télédiffusion de France pour le réseau hertzien - TDF et l'Institut national de l'Audiovisuel pour la recherche et les archives - INA

  • au début du mandat de François Mitterrand en 1982, une 1ère instance de régulation voit le jour : la Haute Autorité de l'audiovisuel. Elle a pour mission de garantir l'indépendance de l'audiovisuel public (elle nomme patrons des chaînes) et d'attribuer les nouvelles fréquences ouvertes aux radios privées et associatives. En 1986 puis en 1989, la Haute autorité change de nom pour devenir la CNCL puis le CSA. Voir quelques images d'archive sur le site de l'INA.
Face à la volonté de Nicolas Sarkozy de nommer lui-même les responsables de l'audiovisuel public, les critiques fusent de toutes parts, y compris au sein de la majorité. On murmure que le président de la commission qui a préparé la réforme, Jean-François Copé s'est éclipsé de l'hémicycle hier après-midi, pour ne pas prendre part au vote de cet épineux article...

Mais malgré l'amendement prévoyant l'avis conforme de l'Assemblée nationale à la majorité qualifiée, la nomination du président de France Télévision par le pouvoir exécutif reste très controversée.

Qui peut croire en effet que 3/5ème des députés puissent s'opposer ouvertement au Président de la République alors que dans notre système institutionnel, les députés de la majorité doivent leur élection au chef de l'État élu quelques semaines plus tôt ?

Un sursaut citoyen est-il encore possible pour contrecarrer ce projet extraordinairement régressif ? L'hebdomadaire Marianne semble le croire en lançant aujourd'hui un appel pour le pluralisme et l'indépendance des médias.


On peut signer la pétition en ligne en cliquant sur la Une ou ici.

Reste à savoir s'il n'y a pas d'intention plus funeste dans cette réforme ? Je le crains. Car l'arrêt de la publicité passe désormais au second plan des critiques mais pourtant... Un transfert aussi brutal du financement comporte des risques incalculables sur la programmation et sur l'audience.

Sans aucune publicité, la télévision publique sera-t-elle encore en mesure de rivaliser avec les chaînes privées pour la retransmission de grands événements ? Aura-t-elle encore les moyens d'acheter les droits de retransmission des matchs de foot, par exemple ?

De fil en aiguille, ne risque-t-elle pas de s'enfermer dans un ghetto culturel, avec des retransmissions d'opéras ou de théâtre en début de soirée, des retransmissions de tournois d'escrime ou d'équitation le week-end, etc. ?

Sans une volonté politique forte, l'absence de publicité risque de reléguer sur le service public tout ce que les chaînes privées ne voudront plus faire. On peut craindre aussi l'effet boomerang d'un excès de publicité sur les chaînes privées — la 2ème coupure des films est déjà programmée...

En supprimant totalement la publicité des chaînes publiques, ne risque-t-on pas d'accentuer le séparatisme social et culturel des publics ? Ou de reproduire dans l'audiovisuel, les mécanismes de relégation urbaine de nos banlieues difficiles ?

Si la réforme du financement est trop brutale, les conséquences imprévisibles seront grandes. Un peu de prudence et de mesure permettrait pourtant de faire évoluer le financement progressivement, à l'image de la réforme engagée par Catherine Trautmann en 1998 — les critiques de l'opposition de l'époque sont assez croustillantes...

Au delà des critiques et des recommandations de prudence, restons aussi à l'écoute des propositions constructives. Ainsi par exemple, le forum Télévision et société au XXIème siécle organisé par Ars Industrialis et par le Collectif Enfance et Média au Théâtre de la Colline demain samedi.

Bernard Stiegler
y avance par exemple l'idée assez iconoclaste, de limiter la durée des tunnels de publicité, y compris sur les chaînes privées ! Aux antipodes de la réforme bâclée qu'on nous propose, sortie du chapeau des apprentis sorciers et des saboteurs cyniques.