jeudi 29 janvier 2009

« Désormais, quand il y a une grève en France, personne ne s'en aperçoit »

Ce jour-là, Nicolas Sarkozy aurait mieux fait de se taire. C'était le 5 juillet 2008, lors d'un Conseil national de l'UMP consacré à l'Europe. Le Président de la République s'y était invité dans le rôle du chauffeur de salle. Du grand spectacle : « Désormais, quand il y a une grève en France, plus personne ne s'en aperçoit ». À la fin de cette petite vidéo, ne manquez pas José Manuel Barroso, président de la Commission européenne et Hans-Gert Pöttering, président du Parlement européen. Le premier bêtement hilare, le second plutôt gêné, qui feint de ne pas comprendre...

Sarkozy: "Quand il y a une grève en France..."
Vidéo envoyée par rue89

Grâce à cette provocation de Nicolas Sarkozy, la grève de demain sera vraisemblablement un énorme succès de mobilisation.

Mais sur le fond, quel est le motif de cette grève, déjà ?

Au départ, trois objectifs étaient annoncés : l'emploi, le pouvoir d'achat et la lutte contre la précarité. C'était en novembre dernier. Puis, au fil des débats parlementaires et de l'actualité, se sont ajoutés : l'indépendance des médias, le financement de l'audiovisuel public, l'indépendance de la justice, la défense des libertés publiques, la défense de l'hopital, la défense des salariés contre les actionnaires, la défense des plus faibles contre la loi du plus fort, j'en passe...

Et désormais, la 'crise' s'en mêle... Bon d'accord, les salariés n'ont pas à payer les pots cassés de la 'crise', c'est évident. Mais les indépendants et les professions libérales non plus ! Les artisans et les commerçants non plus ! Les dirigeants de PME, même !

Bref, on est parti pour une grève fourre-tout, un amoncellement de revendications disparates qui rendra bien difficile l'interprétation du succès de cette mobilisation. Sorti du champs des revendications sociales ciblées, on entre dans un affrontement politique direct avec le pouvoir en place, tous azimuts. Et sur ce terrain-là, Sarkozy a la légitimité et il y est comme un poisson dans l'eau. On peut s'attendre à quelques surprises du chef, pirouettes, réplique média, manipulation, etc. Et selon l'adage et la pratique habituelle de l'intéressé : plus c'est gros, mieux ça passe.

D'ailleurs pour demain, Nicolas Sarkozy s'est retiré à l'Élysée comme dans un fort Chabrol : son agenda du 29 janvier est resté complètement vide, sans doute pour mieux consulter les Augures, garde rapprochée et autres communicants.
Ou peut-être est-il occupé à autrechose :-)

Comme tous les démocrates, je suis profondément attaché au droit de grève et de manifestation. Mais je m'interroge sur l'efficacité globale d'un mouvement aussi généraliste, dont les revendications sont aussi disparates, pour ne pas dire... confuses.

mardi 27 janvier 2009

Le Parlement européen, vu du microcosme politique français et alsacien ...

Le 7 juin, les Européens éliront leurs députés au Parlement de Strasbourg. Le 7 juin, c'est dans moins de 5 mois, dans moins de 19 semaines. Et le débat semble toujours au point mort.

Le Président de la République s'y est pourtant collé lui-même ce week-end, en lançant en personne la campagne de l'UMP pour les élections européennes. Bien malin qui peut donner les deux ou trois idées phares de l'UMP pour l'Europe, après cet auguste lancement de campagne... Tout juste a-t-on retenu que Rachida Dati sera exilée à Strasbourg puisqu'elle aura l'insigne honneur de conduire la liste UMP en Île-de-France, disgrâce présidentielle oblige. Rama Yade elle, a tenu bon face aux caprices du Chef de l'État. Bravo.

En Alsace et dans la région du Grand-Est, ce n'est pas beaucoup mieux... Pour le MoDem, la question qui fait jaser (jusqu'à Cap 21) depuis trois jours consiste à connaître le nom de l'Alsacien qui occupera la 4ème place sur la liste tirée par JFK. Sera-t-il haut-rhinois ou bas-rhinois ? Mystère et boule de gomme... Moi, pour cette 4ème place, je verrais une Alsacienne plutôt qu'un Alsacien, parité oblige. Bref, le « responsable com' » du MoDem 67 a encore buggué — oui oui, on a un « responsable com' » ici et grâce à lui, on s'amuse bien :-)

Beaucoup plus sérieusement, je relaie ci-dessous une chronique décapante de Quentin Dickinson, directeur des Affaires européennes à la rédaction de Radio France. Chronique diffusée dimanche midi sur France Culture (à la 12ème minute) :

Qu'on s'en félicite ou qu'on s'en désole, le Parlement européen n'a cessé depuis 1979, année où il a commencé à être élu au suffrage universel direct, à progresser en importance dans le jeu institutionnel.

Entre la Commission européenne, conceptrice de l'intérêt général et gardienne des Traités et le Conseil des ministres où s'affrontent les intérêts des États membres, le Parlement se veut aujourd'hui le représentant des citoyens et des opinions.

Bref, il est devenu de façon irréversible un lieu de pouvoir véritable, ce qu'a compris l'immense majorité des partis politiques en Europe, à ceci près qu'il existe une regrettable exception française.

En France, les ministres en exercice peuvent faire la fine bouche et tenir les fonctions de conseiller régional pour plus nobles que celle de député européen.

En France, le protocole de la République place les députés européens derrière les conseillers généraux.

En France, être député européen dans un grand nombre de cas, c'est être suppléant docile, rival écarté, maitresse remerciée, c'est à dire bénéficiaire d'un lot de consolation pour troisième couteau et ancienne gloire.

En France, on détient le records des carrières les plus courtes au Parlement européen alors que c'est dans la durée que l'élu trouve sa légitimité et son efficacité.

La conséquence de tout cela, c'est que la classe politique française est gravement ignorante des mécanismes qui déterminent les trois quarts de la législation applicable dans notre pays.

Et c'est aussi qu'à chaque élection européenne, la participation est plus faible que la fois précédente.

La France n'a pas au Parlement européen, la place qui revient à un grand État membre fondateur et à l'origine de la plupart des initiatives d'envergure de la construction européenne.

Car à Strasbourg [le Parlement, ndlr] comme à Bruxelles [le Conseil, la Commission, ndlr], il n'y a qu'une seule règle : les absents ont toujours tort. »

Quentin Dickinson
directeur des Affaires européennes
Rédaction de Radio France
25 janvier 2009

Rappel pour les Français paumés en mal d'Europe. Le livre de chevet du moment, le guide indispensable pour décoder l'Europe depuis le microcosme politique français :
L'Europe, cette emmerdeuse
Guérir la France de son "mal à l'Europe"
de notre ami Daniel RIOT.

vendredi 23 janvier 2009

L'Europe dont nous NE voulons PAS — ALERTE pour la diversité linguistique européenne !

[ ill. : Tour de Babel par Pieter Brugel l'Ancien peintre flamand du XVI° siècle ]

Le respect de la diversité linguistique est un des fondements démocratique et culturel de l'Union européenne, reconnu par la Charte européenne des Droits fondamentaux dans son article 22.

Le gouvernement de Silvio Berlusconi vient de porter gravement atteinte à cette solidarité linguistique européenne. Par la voix de son ministre des finances Giulio Tremonti, le gouvernement italien vient de décider la suppression de 87.000 postes d'enseignants en 3 ans. En conséquence, la ministre de l'Éducation Maria Stella Gelmini a décidé de rendre quasi impossible l'apprentissage d'une deuxième langue. Jusqu'ici, les jeunes Italiens faisaient 3 heures d'anglais hebdomadaire et 2 heures d'une autre langue. Désormais, ils ne feront plus que ... 5 heures d'anglais ! [source : Jean-Louis Bourlanges, L'Esprit public du 18 janvier 09]

De nombreux enseignants italiens ont réagi aussitôt en fustigeant ce « tout anglais pédagogique». À leur suite, les diplomates réalisent le danger que cette option pédagogique fait peser sur la diversité linguistique en Italie et au delà, dans toute l'Union européenne. Car sur ce schéma, l'anglais ne risque-t-il pas de devenir la seule langue 'étrangère' des jeunes Européens ?

Je cite une lettre d'Anna Maria Campogrande, président d'Athena, association de promotion des langues officielles* de l'Union européenne :

(...) Sous l’influence des politiques communautaires et avec la participation active de la Direction Générale Education et Culture, l’enseignement des grandes langues de culture et langues officielles des Etats Membres est en voie de disparition dans la plupart des Pays de l’Europe et, en particulier, en Italie dont l’ancien Ministre de l’Instruction Publique, Letizia Moratti, avait fait le choix du tout-anglais, pour tous, dès l’école primaire.

La question linguistique européenne porteuse d’un impact éminemment démocratique, dont la prise en compte constitue l’une des clefs de la réussite ou de l’échec du projet européen, ne peut pas être laissée aux aléas du marché ou, encore moins, à ceux de la propagande de la langue unique qui vise la colonisation linguistique et culturelle de l’Europe et, à terme, son anéantissement.

Le Médiateur européen, qui s’est penché sur un aspect particulier de cette vaste problématique, celui du site Internet de la Présidence du Conseil, vient d’ adresser un rapport spécial au Parlement Européen lui demandant de lui apporter son soutien, ce qui rappelle au Parlement Européen qu’il ne peut plus, encore longtemps, ignorer cette question cruciale.

Dans ce contexte, nous vous demandons de nous aider d’urgence à sauver l’enseignement de l’allemand dans l’Instruction Publique italienne et dans celle de l’Europe communautaire dans son ensemble.

D’avance, nous vous remercions de tout ce que vous entreprendrez pour rendre à l’Europe, et la lui conserver, sa diversité linguistique et culturelle qui représente sa vraie richesse et, au plus profond, son identité.


Voir aussi la lettre des associations italiennes de langue aux ambassadeurs (version it et traduction automatique en fr)

Mise à jour du 25 janvier : voir le document "De nombreuses langues, une seule famille — les langues dans l'Union européenne" où l'on apprend entre autres choses très intéressantes que le Conseil de l'Europe organise chaque année, le 26 septembre, la Journée européenne des langues et où l'on apprend aussi que le mot d'ordre des institutions européennes en matière d'apprentissage des langues est « Langue maternelle + 2 », apprentissage préconisé le plus tôt possible et se poursuivant jusqu'à l'âge adulte... En Italie comme dans la plupart des pays européens, du chemin reste à faire !

Intermède musical : un Top 50 européen !

* pour mémoire, il existe actuellement 21 langues officielles au sein de l'Union européenne : allemand, anglais, danois, espagnol, finnois, français, grec, irlandais, italien, néerlandaise, portugais et suédois auxquelles se sont ajoutés le 1er mai 2004 le tchèque, l'estonien, le hongrois, le lituanien, le letton, le polonais, le slovène, le slovaque et le maltais.

samedi 17 janvier 2009

Palestine, urgence ! Engagement immédiat de l'Europe !

L'image était frappante : celle du calicot en tête de la manifestation strasbourgeoise cet après-midi, tout droit ressorti du placard. Le 12 juin 2004 déjà, le même calicot ouvrait la manifestation de l'Appel de Strasbourg contre la construction du mur de séparation, manifestation organisée à l'époque par le Collectif judéo-arable et citoyen pour la Paix, en présence de Leila Shahid * et Michel Warschawski *.


Quatre ans et demi plus tard, le calicot était le même mais les slogans étaient tout autres... Au passage de la manifestation, j'ai entrouvert ma fenêtre et j'ai entendu, entre autres « Israël terroriste, Europe complice »...

Lors du débat au Parlement européen jeudi dernier, de nombreux députés ont rappelé l'inconséquence de l'Union européenne (plutôt que « l'impuissance ») face à l'enchaînement des événements depuis de nombreuses années. Vous en trouverez un excellent compte-rendu sur le site de Relatio Europe.

Pour une perspective historique, voir aussi ce billet très étonnant sur Democratia Europe.

[ dernière minute ! ]

On apprend ce soir la tenue d'un Sommet international sur Gaza demain dimanche en Égypte, en présence du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, du président palestinien Mahmoud Abbas et pour l'Union européenne : Gordon Brown, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy.
Voir aussi ici.

— Un enfant tué aujourd'hui à Gaza —

jeudi 15 janvier 2009

Le sang des 'gays', selon Roselyne B.

J'ai dû relire à deux fois le titre de mon Libé ce matin : Don du sang : « Un risque trop élevé chez les gays » selon Roselyne Bachelot.

Les 'gays' resteront donc à l'écart d'un acte de solidarité essentiel et vital : le don du sang. Un tel ostracisme, une telle discrimination pourraient sembler ressortir tout droit du Moyen-Âge, si la découverte du VIH n'était pas aussi récente...

Pour éviter de malmener les propos de la ministre et les motifs de sa décision, je reproduis in-extenso la question d'Éric Favreau (Libé) et la réponse de Roselyne Bachelot :
Cet arrêté reproduit les mêmes contre-indications qu’auparavant. Ainsi, tout homme ayant eu des rapports sexuels avec un homme ne peut pas donner son sang. Pourquoi ?

C’est vrai qu’au début, quand la question s’était de nouveau posée, j’avais clairement demandé à ce que l’on étudie la possibilité de revenir sur cette contre-indication ; tout le monde connaît mon engagement personnel. J’ai sollicité l’avis des experts et des agences sanitaires pour asseoir ma décision sur une évaluation médicale solide. En matière de risques liés au sida, tous ces experts m’ont fait part de deux éléments. D’abord, il y a une période muette de plusieurs jours, entre le moment où la personne a été en contact avec le virus et le moment où le virus circule dans le sang et donc devient détectable. Ce qui pose un vrai problème. Ensuite, les données épidémiologiques sont incontestables : entre 10 et 18 % des gays sont contaminés, alors que ce pourcentage est de 0,2 % pour les hétérosexuels. Les situations épidémiques ne sont pas les mêmes. Il y a un risque, et ce risque est trop élevé. D’où le maintien de cette contre-indication. »

[ les surlignages dans la réponse sont de ma plume ]


Objection donc, dans l'ordre des motifs annoncés :

Primo — Il existe bien une zone d'ombre pouvant cacher la contamination au moment du test. Mais un double test dont l'intervalle correspondrait à cette zone d'ombre permettrait de réduire considérablement ce risque, et d'éviter cette discrimination à l'égard des 'gays'... Il suffit de le décider et de s'en donner les moyens ! Rappelons surtout que cette zone d'incertitude existe tout autant chez les individus ayant des pratiques homosexuelles ou hétérosexuelles.

Deusio — 'Les gays' comme dit la ministre préférée des rugdbymen... Perso, je reste sidéré par cette doxa médiatique selon laquelle l'orientation sexuelle des individus serait une question d'identité plutôt qu'une question de comportements. Roselyne Bachelot la reprend à son compte, comme tant d'autres. La segmentation du lectorat des journaux et de leur préférences sexuelles, c'est tellement plus 'fun' pour encaisser la pub ! Bref, m'arrête là. En tout cas, si un de mes lecteurs peut me filer une référence scientifique prouvant que l'orientation sexuelle est une affaire génétique plutôt qu'une préférence comportementale, je suis preneur :-) NB : pas des thèses de 1500 pages, svp !

Tertio — Évidemment, tout ce salmigondi et tous ces amalgames sont rendus possibles par le biais d'une preuve irréfutable aux yeux des sondocrates (peut-être les mêmes qui analysent le lectorat des journaux ?) c'est à dire sur le mode déclaratif... Messieurs, cocher donc la case "avez vous déjà eu des relations sexuelles avec un homme " : Oui ou Non ? Et bien sûr, Roselyne et avec elle, toute l'Autorité sanitaire vous croiront sur parole ! Mort de rire.

Et le meilleur pour la fin... Selon la ministre (ici), ce n'est pas sa décision qui est la cause de cette discrimination infâme, mais l'application d'une... directive européenne !

[ mise à jour ] Voir aussi le commentaire du Monde révélant que le Comité national d'Éthique avait déjà pointé cette discrimination en 2002 ainsi que la Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité (HALDE) en 2006.

° ° ° ° °

[ note à propos du MoDem 67 : ]

Les commissions démocrates du MoDem 67 ont été organisée cette semaine. Malgré mes efforts, il m'a été impossible de faire accepter l'idée d'une commission chargée de l'exclusion (j'y reviendrai bientôt) et d'une autre chargée des discriminations. Pourtant, il me semble évident que l'échelon local est le meilleur endroit pour observer librement ces problèmes, en conscience et non par le filtre des médias, et pour réfléchir activement aux solutions les plus efficaces, avec l'aide des intéressés eux-mêmes, des acteurs locaux, associatifs, institutionnels, politiques, etc.

Passant outre ces péripéties et déceptions locales, ce blog continuera à s'engager contre l'exclusion la plus brutale et contre les discriminations sous toutes leurs formes, jusqu'aux plus subtiles, jusqu'aux plus perverses.

À bientôt ici sur ces thèmes essentiels de notre exigence démocratique.

mardi 13 janvier 2009

Air irrespirable dans la vallée du Rhin supérieur

Depuis quelques jours, la qualité de l'air est absolument catastrophique à Strasbourg. Le seuil d'alerte (125 µg/m3) a été très largement dépassé ce matin pour atteindre 180 µg/m3, soit ~50% au dessus du seuil d'alerte maximal !

Dans cette situation, on peut se demander si l'air de Strasbourg est encore juste 'respirable'...

Les mesures incitatives de précaution décidées par les pouvoirs publics sont-elles bien à la hauteur des risques sanitaires encourus ?

Dès hier matin à 6 heures, le préfet du Bas-Rhin avait demandé la réduction de la vitesse à 70 km/h sur les autoroutes d'accès à Strasbourg. Mais pourquoi avoir attendu le dépassement du seuil d'alerte ultime de 125 µg/m3 alors que le seuil de recommandation et de prudence de 80 µg/m3 était franchi depuis plusieurs jours déjà ? Ce seuil correspond pourtant à une qualité de l'air qualifiée de 'mauvaise'. Alors à 180 µg/m3... irrespirable ?

L'Association pour la Surveillance de la Pollution Atmosphérique en Alsace (ASPA) ferait bien de revoir les indices de la qualité de l'air car si le seuil d'alerte est fixé à la 10ème graduation, soit 125 µg/m3, alors il doit bien exister des couleurs supplémentaires (violet, noir...) pour compléter la carte quand l'indice de pollution avoisine les 200 µg/m3...
Pour les nouveaux barreaux de l'échelle, les qualificatifs sont au choix : atmosphère écœurante, étouffante, toxique, dangeureuse, asphyxiante ?

De son côté, le Conseil Général du Bas-Rhin a fort bien réagi en optant pour une mesure incitative radicale : la gratuité totale pour les 49 lignes de bus régulières qui maillent le territoire du Bas-Rhin. On peut regretter toutefois que l'information sur cette mesure incitative n'ait pas été à la hauteur...

Mention "Peut mieux faire" pour la Compagnie des Transports Strasbourgeois (CTS) qui autorise aujourd'hui des voyages illimités pour le prix d'un seul ticket à l'unité : 1,40 €. Car si cette mesure incitative devait produire pleinement son effet, notamment à l'égard des usagers occasionnels du tram, alors on peut imaginer que les distributeurs automatiques seront vite saturés, de même que les chauffeurs de bus, pour le rendu de la monnaie... La gratuité ou un tarif de 1€ (tout rond) aurait permis d'éviter l'engorgement dû à l'affluence exceptionnelle attendue.

C'est la mairie de Strasbourg qui semble avoir été la grande absente pour réagir. La densité urbaine favorise pourtant la mise en place de dispositifs innovants, tel que l'organisation à grande échelle d'un site en ligne de covoiturage, par exemple.

Quoiqu'il en soit, il serait préférable d'anticiper ces pics de pollution en déclenchant la riposte dès le dépassement du seuil de 80µg/m3 soit une qualité de l'air mauvaise... Pourquoi attendre que la qualité de l'air soit nocive pour notre santé ?

lundi 12 janvier 2009

Gaza : à Strasbourg, la tension est palpable

Après les cocktails Molotov contre un lieu de culte israélite à Bischheim dans la nuit de dimanche à lundi (voir DNA), de nouveaux incidents viennent de se produire au centre ville.

Une cinquantaine de jeunes gens, garçons et filles, s'étaient regroupés spontanément vers 16 heures dans la rue du Faubourg de Saverne. Une manifestation bon-enfant au départ ; le groupe se contentant de bloquer quelques voitures et quelques bus, en arborant le kéfié palestinien.

La situation a rapidement dégénéré à l'arrivée des voitures de police, arrivées toutes sirènes hurlantes. En se dispersant de l'autre côté du pont, dans la rue du Vieux Marché aux Vins, quelques individus isolés ont fait voler en éclat les vitrines d'un pressing.

[dernière minute] : les Dernières Nouvelles d'Alsace, vers 20h30

Incidents au centre ville à Strasbourg :
8 mineurs interpellés

Des incidents ont éclaté aujourd'hui vers 16h, après la dispersion d'une manifestation lycéenne à Strasbourg, place Broglie. Plusieurs manifestants se sont dirigés en groupe vers la place des Halles où ils sont entrés. Des slogans hostiles à Israël ont été entendus. Les jeunes ont renversé des poubelles, cassé des panneaux publicitaires et endommagé le système de fermeture automatique d'une porte. Les services de sécurité du centre commercial ont immédiatement réagi en ordonnant aux différentes boutiques de fermer leurs grilles. Les magasins ont ainsi été fermés une dizaine de minutes, avant de rouvrir leurs portes une fois le groupe de jeunes manifestants sorti. D'autres dégradations ont été commises en ville. La vitrine de la pizzeria Le Vésuve située rue du Faubourg-de-Saverne a été brisée, de même que celle du McDonald's de la place des Halles, notamment. Les forces de l'ordre ont procédé à l'interpellation de huit jeunes gens, tous mineurs.

mercredi 7 janvier 2009

Quand les vœux présidentiels font la loi

C'était il y a un an à peine, le 9 janvier 2008. Nicolas Sarkozy présentait ses vœux à la presse au Palais de l'Elysée. Dans une tirade mémorable sur la politique de civilisation, le Chef de l'État annonçait aux journalistes médusés, la fin de la publicité sur les chaînes de la télévision publique. Les mauvaises langues avaient même rapporté que la Ministre de la Culture et le Président de France Télévisions n'étaient pas encore au courant...

Mais depuis lundi soir, selon le bon vouloir présidentiel, la publicité a totalement disparu des écrans de France Télévision après 20 heures, alors que le Sénat n'a pas encore voté la loi ! Et les meilleurs experts semblent encore incapables de prévoir les effets de cette suppression, à court et à moyen terme, sur les audiences de la télévision publique et sur le financement de ses programmes.


Rebelote cette année, lors de la séance d'ouverture de la Cour de Cassation, c'était hier matin : Nicolas Sarkozy annonce ou plutôt 'sort de son chapeau' la fin du juge d'instruction. Les meilleurs experts judiciaires s'interrogent, perplexes, avancent des arguments contradictoires, pour ou contre.

André Vallini, un des meilleurs spécialistes des questions judiciaires au Parlement, affirme : "Nous avions envisagé de supprimer le juge d'instruction, [lors de la commission d'enquête sur Outreau] mais nous y avons renoncé après avoir pesé les avantages et les inconvénients. Les avantages de notre système, c'est que l'instruction est menée par un magistrat indépendant qui n'a de comptes à rendre à personne. Cela nous a semblé préférable à une enquête menée par le parquet, qui n'est pas indépendant, a fortiori quand la ministre de la justice se revendique comme 'la chef des procureurs'."

Bien malin qui peut dire quels sont aujourd'hui les motifs et quels seront demain les effets de la réforme annoncée. Mais on peut raisonnablement parier qu'elle verra le jour coute que coute, peut-être même avant d'être adoptée par le Parlement !

Quelles intentions se cachent derrière cette proposition de loi inattendue ? Un nouvel Habeas Corpus à la mode Fouquet's où l'instruction et l'enquête s'élaboreraient sur le mode contradictoire avec des armées d'avocats, plutôt qu'avec de réelles garanties d'indépendance du juge ?

Et selon que vous serez puissant ou misérable...

dimanche 4 janvier 2009

Pour Gaza

La bande de Gaza est un territoire à peine plus grand que la ville de Marseille. L'armée israélienne y a déclenché une offensive militaire sans précédent. Déjà, plusieurs centaines de victimes.

Ce matin, le Conseil de sécurité de l'ONU vient d'accoucher d'une souris. Plusieurs responsables politiques qualifient cette non-décision de "monstrueuse". Demain lundi, Nicolas Sarkozy va rendre visite à ses amis d'Israël. Ce soir, plus un seul journaliste n'est autorisé à se rendre à Gaza.

Ce soir, devant l'impuissance des politiques, je suis perdu.
Pour Gaza, je vous livre cette citation d'Hannah Arendt :

« La liberté d'opinion est une farce si l'information sur les faits n'est pas garantie et si ce ne sont pas les faits eux-même qui font l'objet du débat.
L'histoire contemporaine est pleine d'exemples où les 'diseurs de vérités' ont passé pour plus dangereux et même plus hostiles que les opposants réels. »

samedi 3 janvier 2009

Happy Together

Bonne année à tous les lecteurs de ce blog. Et portez vous bien !

Mon mot d'ordre pour 2009 sera emprunté à un titre de 1967, Happy together, maintes fois réinterprété, ici remixé et illustré sous licence Creative Commons par Nitoo2110.


Remettons à plus tard nos petites ambitions personnelles, nos prétentions au bonheur intégral et égoïste, nos challenges solitaires de réussite individuelle, etc. Tout cela peut attendre encore un peu.

Que 2009 soit l'année de grands projets collectifs, toujours plus efficaces que les petits.
Que 2009 soit l'année d'un progrès mieux partagé dans tous les domaines.
Que 2009 soit l'année de solidarités renforcées à commencer par la première d'entre elles, la Paix.