dimanche 8 mars 2009

La révolte de Lysistrata

Lysistrata est une comédie grecque antique d'Aristophane écrite en 411 av. J.-C. (extrait de la Wikipédia) :

Aristophane se plaît à y mêler les conflits de l’État aux détails les plus intimes de la vie quotidienne, résolvant une crise politique des plus graves par la comédie la plus licencieuse, et usant avec bonheur de tous les clichés de la guerre des sexes.

La pièce montre le rôle que les femmes peuvent avoir dans la société et la façon de faire de la politique, mais rôle qu’elles ne jouent pas car leurs avis sont ignorés. Toutes les questions politiques sont considérées uniquement du point de vue des hommes.

Un des aspects humoristiques de la pièce repose sur le fait que les principaux personnages masculins portent tous un phallus.

E x t r a i t :

Lasses d'une guerre interminable, Lysistrata et ses amies veulent obliger leurs maris à conclure la paix. Elles ne supportent plus d'être, à la maison, réduites au silence et tenues à l'écart de la vie politique, dans la Cité.


LYSISTRATA - Nous, durant les premiers temps de la guerre, nous avons, avec la modération qui est nôtre, tout supporté de vous, les hommes, quoi que vous fissiez, car vous ne nous permettiez pas d'ouvrir la bouche. Et pourtant, vous n'étiez pas précisément pour nous plaire ; mais nous, nous sentions bien ce que vous étiez, et maintes fois, étant chez nous, nous apprenions vos résolutions funestes sur une affaire importante. Alors, bien qu'affligées au fond, nous vous demandions avec un sourire : "Qu'a-t-on décidé d'inscrire sur la stèle au sujet de la paix, à l'Assemblée d'aujourd'hui ?" _" Qu'est-ce que cela te fait ?" disait le mari, "tais-toi". Et je me taisais.

CLEONICE - Oh! mais moi, jamais je ne me taisais.

LE COMMISSAIRE - Alors, qu'est-ce que tu prenais si tu ne te taisais pas !

LYSISTRATA - Aussi, moi, je me taisais-je. C'était, d'une fois à l'autre, quelque pire résolution que nous apprenions de vous, et nous demandions : "Comment pouvez-vous, mon homme, agir avec si peu de sens ?" Mais lui, aussitôt, me regardant en dessous, de me dire : "Si tu ne tisses pas la toile, la tête te cuira longtemps. "La guerre sera l'affaire des hommes"(1)

LE COMMISSAIRE - Il avait raison, par Zeus, celui-la.

LYSISTRATA - Raison ? Comment, malheureux ? Vous preniez des résolutions funestes, et il ne nous était même pas permis de vous conseiller ? Mais quand nous vous entendions publiquement dire dans les rues : "N'y a-t-il pas un homme dans ce pays ?" et un autre répondre : "Non, par Zeus, il n'y en a pas", alors nous résolûmes sur l'heure, dans une réunion de femmes, de travailler de concert au salut de l'Hellade. Car, qu'aurait servi d'attendre ? Si donc vous voulez écouter à votre tour, quand nous vous conseillons sagement et, à votre tour vous taire, comme nous vous faisions, nous serions un correctif pour vous.

LE COMMISSAIRE - Vous, pour nous, C'est trop fort, ton langage m'est intolérable.

LYSISTRATA -Tais-toi.

LE COMMISSAIRE - Me taire pour toi, maudite ? pour toi qui portes un voile sur la tête ? Plutôt cesser de vivre.

LYSISTRATA - Si c'est là ce qui t'arrête, je te le passe, ce voile, prends-le, tiens, et ceins-en ta tête, puis tais-toi.

CLEONICE - Prends encore ce fuseau, et la petite corbeille que voilà. Puis rassemble les plis de ta ceinture et file la laine en croquant des fèves. ... "La guerre sera l'affaire des femmes"

(1) parole d'Hector à Andromaque, Iliade VI, 492

Aristophane (~450, ~385 av. J.-C.)
Extrait de Lysistrata, écrite en 411 av. J.-C., 507-538

PS : autre version de cet extrait ici.

1 commentaire:

  1. Vingt quatre siècles ont passé..... et touts est encore là.... merci pour Aristophane

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