dimanche 20 décembre 2009

Regard démocrate sur le fiasco de Copenhague

Il faudra s'interroger sérieusement sur les véritables causes de ce fiasco planétaire.

Après vingt ans de débat scientifique entre climatologues, deux ans de préparation active, des mois de négociations diplomatiques, le sommet de Copenhague accouche in extremis d'un texte de 3 pages, dépourvu du moindre engagement contraignant, sans même aucun objectif chiffré pour la réduction de nos émissions de CO2 !
Tout ça pour ça...

  • Je repense au principe d'équité défendu par François Bayrou lors du forum d'Europe Écologie. Aucun accord ne sera accepté s'il n'est pas équitable à l'égard des pays pauvres. La comptabilité des émissions de CO2 par tête d'habitant est la seule base de discussion possible entre les pays développés et les pays émergents. On en est encore loin, très loin...
  • Je repense au coup de gueule de Brice Lalonde sur les accords REED (comptabilité des forêts comme puits de carbone) qui a sans doute sauvé l'honneur de la France et de l'Europe en dénonçant un projet de comptabilité « complaisante voire frauduleuse » initié par la présidence suédoise de l'Union européenne et qui faisait la part belle aux pays forestiers d'Europe, au détriment des pays du Sud.

Ce soir sur TV5 Monde, François Bayrou tirait un bilan assez juste de Copenhague, pointant les excès médiatiques, l'absence de l'Europe et rappelant aussi toute l'importance des autres sujets environnementaux dans le Monde : l'accès à l'eau, le problème des déchets dans les mégapoles à la démographie galopante, la faim et l'accès aux soins des plus élémentaires.

Il est temps qu'une écologie responsable et raisonnée prenne le pas sur les discours catastrophistes de l'urgence climatique qui nous ont mené à ce fiasco...

Internationales - TV5 Monde avec F. Bayrou :



PJ : projet d"accord" du 18 décembre à Copenhague (PDF 3 pages)
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10 commentaires:

  1. Réponse très nuancée de Jean Quatremer dans Coulisses de Bruxelles

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  2. COPENHAGUE - L'Europe, marginalisée par les Etats-Unis et les grands pays émergents, Chine en tête, a perdu la bataille du sommet de Copenhague sur le climat, qui se déroulait pourtant sur son sol.

    Au-delà d'un revers collectif pour l'Union européenne, c'est un revers personnel pour Nicolas Sarkozy et, dans une moindre mesure, pour le Premier ministre britannique Gordon Brown, qui se sont beaucoup impliqués dans la quête d'un accord ambitieux.

    Le président français avait tapé du poing sur la table jeudi pour réclamer une réunion de crise des principaux dirigeants de toutes les régions du monde pour débloquer les négociations.

    C'est lui qui avait fait le forcing, lors de la présidence française de l'UE en 2008, pour que les 27 adoptent un "paquet énergie-climat" censé en faire les pays les plus vertueux de la planète en matière de développement durable.

    Le président français a multiplié ces dernières semaines déplacements et rencontres pour constituer un front commun UE-pays pauvres et émergents face aux Etats-Unis et à la Chine.

    Mais les Européens ont finalement dû accepter un accord a minima, qui ne reprend ni l'objectif d'une réduction globale de 50% des émissions de gaz à effet de serre (GES) d'ici 2050, ni l'idée d'une organisation mondiale de l'environnement.

    Camouflet supplémentaire: les 193 pays participants se sont bornés samedi à "prendre note" sans l'entériner de "l'accord de Copenhague", scellé la veille en réunion restreinte de crise.

    La stratégie d'alliance de la France et de l'UE avec les pays africains, certains grands émergents comme le Brésil et le Mexique, les pays les plus pauvres d'Asie comme le Bangladesh et les petits Etats insulaires, n'a pas résisté au refus de la Chine et de l'Inde d'accepter un accord contraignant.

    Pire, c'est le président américain Barack Obama... (lire la suite)

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  3. L’échec du sommet de Copenhague est aussi celui de l’ONU et de son modèle intergouvernemental fondé sur l’unanimité et le consensus des Etats. Il rappelle à ceux qui veulent l’oublier à quel point la « bonne volonté » ne suffit pas pour parvenir à des accords ambitieux entre les États : il faut surtout des institutions qui permettent de forcer la décision, comme l’avaient bien compris les pères fondateurs de l’Union européenne.

    Le « presque désaccord » de Copenhague tranche avec l’ambitieux paquet « énergie-climat » adopté par l’Union européenne, il y a un an, en décembre 2008. La différence est certes dans le nombre de pays impliqués (193 à Copenhague, 27 « seulement » à Bruxelles), mais pas seulement : au sein de l’Union, beaucoup de pays ne sont guère enthousiasmés par la perspective de faire des sacrifices pour modifier leur modèle de développement, que ce soit l’Italie ou les pays d’Europe centrale et orientale, surtout en pleine crise économique. Autrement dit, le vieux continent a aussi ses Chinois et ses Américains. La différence tient à ses institutions capables d’accoucher de compromis auxquelles les négociations intergouvernementales ne peuvent même pas rêver.

    Ainsi, pour lutter contre le changement climatique, décrété « grande cause européenne » par les chefs d’État et de gouvernement, la Commission européenne a élaboré un paquet contraignant qui pouvait être adopté à la majorité qualifiée des États membres, un système de vote pondérant le poids de chaque État en fonction de sa population. Même si en l’occurrence il n’y a pas eu besoin de voter, chacun savait que le vote était une possibilité et cela a suffi pour inciter les États à négocier et ainsi aboutir à un compromis. Seule l’Union pouvait aboutir si rapidement à une série de mesures obligatoires pour tous, qui ne plaisent à personne tout en profitant, au final, à tous.

    L’Europe, c’est cela, une caisse de compensation des intérêts nationaux. Et cela fonctionne depuis soixante ans : (lire la suite)

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  4. Professeur à l'université de Standford, Académicien, Michel Serres est l'un des rares philosophes contemporains à proposer une vision du monde qui associe les sciences et la culture. Dans son dernier essai en date, Temps des crises (éd. Le Pommier, 84 p., 10 euros), il retrace les bouleversements qui ont récemment transformé notre condition humaine, et soutient que la planète doit devenir un acteur essentiel de la scène politique. Nous lui avons demandé sa version du sommet de Copenhague.

    Douze jours de négociations pour aboutir à un accord a minima : la montagne a accouché d'une souris. Pourquoi un bilan si décevant ?

    Copenhague est à la géopolitique ce que les accords de Munich, en septembre 1938, ont été à la politique : un compromis lâche et dilatoire. Mais la comparaison s'arrête là. Si le sommet sur le climat a été un échec, c'est d'abord parce que mettre 192 personnes autour d'une table relève de la grand-messe plus que de négociations véritables. Le problème vient surtout de ce que ces 192 personnes sont des hommes d'Etat, dont la mission première est de défendre les intérêts de leur gouvernement et de leur pays. La politique, c'est son rôle, examine les relations humaines, fussent-elles conflictuelles.

    Or, l'enjeu de Copenhague n'était pas les relations humaines, mais le réchauffement de la planète, la fonte des pôles, la montée des eaux, la disparition des espèces. Il s'agit d'un objet qui dépasse l'horizon classique du politique. Ce que montre avant tout le sommet de Copenhague, c'est que les limites du politique, au sens traditionnel du mot, sont aujourd'hui atteintes à un point sans précédent dans l'histoire.

    L'échec était donc écrit d'avance ?

    Il était en tout cas probable, et pour une raison simple : on a oublié d'inviter à Copenhague un partenaire essentiel, composé d'air, de feu, d'eau et d'êtres vivants. Cette absente, qui n'a encore jamais siégé dans aucun Parlement, je l'appelle la "Biogée", pour dire en un seul mot la vie et la Terre. C'est un pays dont nous sommes tous issus. Qui va représenter ce pays-là ? Quel sera son ambassadeur, quelle langue parlera-t-il ? Cela reste à inventer. Mais nos institutions ne peuvent plus désormais se contenter de jeux à deux. Le jeu de demain doit se jouer à trois : nous ne pourrons plus rien faire sans tenir compte de la Biogée.

    Jouer à trois, que voulez-vous dire ?

    Il y a un tableau de Goya, Duel à coups de gourdin, qui l'explique très bien. On y voit deux hommes se battre avec des bâtons. De ce jeu à deux, qui va sortir gagnant ? Quand Hegel met aux prises le maître et l'esclave, il donne le résultat de leur lutte (l'esclave devenant le maître du maître), mais il oublie de dire où se déroule la scène. Goya, qui est peintre, ne peut pas se permettre cet oubli, et il situe cette bagarre... dans les sables mouvants. A mesure que les deux hommes se tapent dessus, ils s'enfoncent ! Et voilà pourquoi le jeu à trois, aujourd'hui, devient indispensable.

    Les hommes politiques peuvent continuer de gérer leurs conflits de façon stratégique, guerrière ou diplomatique : tant qu'ils oublieront de représenter la Biogée, ils s'enfonceront dans les sables mouvants. A Copenhague, j'aurais voulu que ce tableau soit au milieu de l'amphithéâtre !

    (...)

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  5. (...)

    "Si le climat était une banque, on l'aurait déjà sauvé", a ironisé le président du Venezuela, Hugo Chavez, durant le sommet. Que vous inspire cette remarque ?

    Ce que souligne Chavez, c'est la suprématie qu'a prise l'économie dans la gestion de notre monde. Depuis cent cinquante ans, il est entendu, aussi bien par la gauche extrême marxiste que par la droite la plus pure, que l'économie est l'infrastructure essentielle des sociétés. Dès lors, il suffit qu'arrive un gros nuage dans ce domaine pour que tous les politiques se mobilisent. Mais je soutiens depuis longtemps que l'économie n'est qu'un paramètre parmi d'autres. Et que la crise financière qui bouleverse aujourd'hui le casino de la banque n'est que le révélateur de ruptures autrement plus profondes, pour lesquelles les termes de "relance" ou de "réforme" sont hors de propos.

    Ces ruptures que vous décrivez dans "Temps des crises", quelles sont-elles ?

    La première, la plus profonde sans doute, c'est la disparition de la majorité paysanne. Au début du XXe siècle, il y a en Occident 60 à 65 % de paysans ; en l'an 2000, il en reste 1,8 %. Cette chute brusque des populations rurales, qui va gagner rapidement les autres parties du monde, marque la fin d'une période qui a commencé... avec le néolithique.

    Or, la nouveauté d'un événement est toujours proportionnelle à la longueur de l'ère précédente. C'est donc un bouleversement considérable qui vient de se produire, dont les conséquences commencent seulement à se faire sentir. La bête rurale n'est pas la même que la bête urbaine, ce n'est pas le même "être au monde"... Et notre époque connaît bien d'autres ruptures. Dans des domaines aussi variés et importants que l'habitat, l'espérance de vie, la démographie, les communications, tout est véritablement en train de se transformer. Mais il y a une chose qui n'a pas changé, ce sont nos institutions. Et vous voudriez que cela n'explose pas ? Avec des instances gouvernementales prévues pour un milliard d'habitants quand nous sommes six milliards et demi ; pour des paysans quand nous sommes tous dans la ville ; pour des gens qui mouraient à 30 ans quand nous devenons centenaires ?

    Comment faudrait-il modifier ces institutions pour tenir compte de "l'invitée manquante" de Copenhague ?

    Je disais tout à l'heure que le sommet sur le climat a montré les limites du politique, mais il faudrait aussi parler du scientifique. Jamais ces 192 personnes ne se seraient réunies s'il n'y avait eu derrière elles les travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), c'est-à-dire les savants. Deux groupes de personnes sont donc en jeu : un groupe d'experts qui savent mais qui ne sont pas élus, et un groupe d'élus qui ne savent pas. Pour avancer, il faudra inventer une reconfiguration de ces deux profils. Celui du politique comme celui du scientifique, dont l'implication dans la vie de la cité est aujourd'hui absolument nécessaire.

    Propos recueillis par Catherine Vincent
    Article paru dans l'édition du 22.12.09

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  6. Ben.. t'es, comme on dirait... envahi !
    Pollution blogale ? ;-)

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  7. Envahi ?
    Est-ce que j'ai une tête à me laisser envahir ?-)
    Non non, ce ne sont que des notes en bas de page.
    Je détourne assez souvent la fonction commentaire pour relier des choses ici ou là.

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  8. AFP 05/01/2010 | Mise à jour : 17:26 |

    Le président bolivien Evo Morales a annoncé aujourd'hui la tenue en avril en Bolivie d'une "conférence mondiale" sur le changement climatique et les droits de la Terre à laquelle il a convié gouvernants, scientifiques et mouvements sociaux, après "l'échec de Copenhague".

    "La conférence mondiale des peuples sur le changement climatique et les droits de la Terre mère" visera à "analyser les causes structurelles du changement climatique" et à "proposer des mesures de fond pour le bien-être de l'humanité, en harmonie avec la nature", a déclaré le président à la presse.

    Le président socialiste, un des piliers du bloc anti-libéral d'Amérique latine, n'a donné aucune indication sur les participants confirmés à cette conférence climatique alternative, prévue du 20 au 22 avril à Cochabamba (centre).

    Une "Cour internationale de justice climatique"

    Elle devra réfléchir, selon Morales, à un projet de Déclaration universelle des droits de la "Terre mère", à un projet de "référendum mondial" sur un plan de lutte contre le changement climatique et à la mise en place d'une "Cour internationale de justice climatique", sujets chers au président bolivien, et qu'il a développés à la conférence de l'ONU de Copenhague en décembre.

    Selon la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes (Cepal) dépendant de l'ONU, l'Amérique latine, une des régions émettant le moins de gaz à effet de serre, est la plus touchée par le réchauffement, avec 30 à 40% de biodiversité de certains pays menacée d'ici 2100.

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