PREMIÈREMENT — Il faut fixer les objectifs de réduction de CO2 par tête d'habitant plutôt qu'en pourcentage, pour ne pas créer de graves injustices entre les pays développés et les pays en voie de développement. Un Chinois ou un Mexicain émet aujourd'hui 3 fois moins de CO2 qu'un Européen ou 5 fois moins qu'Américain du Nord ; un Indien 10 fois moins qu'un Européen ou 20 fois moins qu'un Américain, un Africain 100 voire 200 fois moins...
Les objectifs de réduction de CO2 ne peuvent en aucun cas contraindre le développement des pays émergents. C'est une question éthique avant d'être une question politique. Comme démocrate et comme démocrate humaniste, nous devons refuser les objectifs de réduction en pourcentage pour fixer des quotas par tête d'habitant, quelque soit le pays - voir billet du 29 septembre. Mais accepter cette idée est un défi gigantesque pour les pays riches ! Il faudra bien y arriver pourtant.
DEUXIÈMEMENT — Les objectifs de Copenhague doivent être clairs si l'on veut aboutir à un accord. Il s'agit de réduire les gaz à effet de serre et de rien d'autre ! Michel Rocard a parfaitement exprimé ce point de vue, en fin négociateur qu'il fut... Rien ne serait pire que de vouloir "refaire le Monde à Copenhague" en voulant mettre sur la table les problèmes de corruption, le problème de l'eau, de la faim dans le monde, etc. Europe Écologie et François Bayrou ont semblé réservés sur ce principe de négociation énoncé par Rocard.
J'ajoute qu'à mon sens, il faudrait évacuer la question controversée du réchauffement climatique. Réduire la pollution de l'ère industrielle est un objectif en tant que tel. Améliorer la qualité de l'air de nos centres-villes et réduire les perturbations climatiques locales dans le ciel des mégapoles est un objectif de santé publique (CO2, microparticules, ozone) avant d'être le moyen de lutter contre un hypothétique réchauffement... Alors laissons-là l'urgence climatique (controversée) pour nous intéresser plus directement à l'air pur qu'on aimerait bien respirer tous les jours. La réduction de CO2 doit devenir un objectif en soi, comme pour toutes les autres formes de pollution. Nous devons protéger notre atmosphère aussi bien que nos sols et notre environnement.
TROISIÈMEMENT — Le CO2 émis par les aéronefs reste le grand absent de cette négociation. Le sujet serait-il carrément tabou ? En raison d'accords internationaux sur l'aviation civile, le kérosène est totalement exonéré de toute taxation sur le carbone – TIPP ou 'taxe carbone', c'est pareil au bout du compte, j'y reviendrai dans un prochain billet. Ne serait-il pas temps de soumettre le carburant des avions aux mêmes taxes que les carburants des moteurs terrestres, afin de donner au transport aérien son véritable prix ?
Seul un accord international permettrait d'effacer cette aberration qui subventionne le transport aérien au détriment des autres moyens de transport... Un seul aller-retour Paris-New York produit plus de CO2 par passager qu'une voiture familiale pendant un an... Est-il bien juste de rajouter une "taxe carbone" à la TIPP sur l'essence (plus de la moitié du prix de l'essence !) alors que le kérosène échappe scandaleusement à toute forme de taxation ?
François Bayrou au Forum Copenhague d'Europe Ecologie
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François Bayrou 2/2 au Forum Copenhague d'Europe Ecologie
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Retrouver ici l'intégralité du Forum Copenhague organisé par Europe Écologie le 21 novembre 2009 à l'Assemblée nationale.
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