lundi 25 mai 2009

Robert Schuman et Strasbourg : morceaux choisis de la Conférence nationale du 23 mai 2009

[mise à jour] : voir toutes les vidéos de la Conférence nationale.

Dans un précédent billet, je livrai quelques morceaux choisis de la Conférence nationale du 23 mai. Comme annoncé dans ce billet, voici les vidéos du discours de clôture.

Au début de la 1ère partie, dans les 5 premières minutes, Strasbourg, capitale parlementaire de l'Europe. Le verbatim est en dessous des vidéos.

En fin de 1ère partie, vers la minute 17, l'hommage appuyé à Robert Schuman et au discours du Salon de l'Horloge, le 9 mai 1950. Relayé par l'hommage à Jean Monnet au début de la 2ème séquence vidéo.


2ème partie :



Verbatim "Strasbourg"

Je veux vous dire à quel point je suis fier de ce que nous avons assumé et qui est un profond renouvellement des visages, des parcours de ceux qui vont nous représenter à Strasbourg et à Bruxelles.

Au passage, permettez-moi de dire qu’il n’y a qu’une seule équipe qui défende réellement la présence et, s’il le faut, la présence renforcée du Parlement européen à Strasbourg. Tous les autres ou bien se taisent et n’en parlent pas, ou bien font ouvertement campagne pour que le Parlement européen soit déménagé de Strasbourg à Bruxelles.

Strasbourg, symbole de la paix en Europe, symbole de la représentation des peuples européens, est la capitale européenne et doit demeurer le siège du Parlement européen

Je voudrais simplement rappeler, devant vous, qu’il y a, pour moi, pour nous, trois raisons profondes de rappeler ou d’exiger que le Parlement européen siège à Strasbourg et, s’il le faut, siège plus encore qu’il ne le fait aujourd’hui.

La première, on a l’air de l’oublier, mais je ne l’oublie pas, c’est que les pères fondateurs ont inscrit Strasbourg dans le traité et ce n’est pas par hasard. C’est parce que, symboliquement -et pour moi vous savez combien les symboles sont importants- il était crucial, il était de fondation pour l’Europe de placer le siège de son parlement au lieu qui avait été le plus déchiré, le plus blessé, le plus lacéré par les guerres qui venaient de s’écouler et dont on voulait sortir.

Strasbourg est un symbole qui dit l’essentiel de la première étape de l’Europe, qui est la paix.

Deuxièmement, il est très important pour la France que Strasbourg assume ce rôle-là. C’est très important pour l’Alsace, n’est-ce pas Yann Wehrling, c’est très important pour notre pays de continuer à non seulement revendiquer mais à prouver que nous avons ainsi cette aspiration.

Troisièmement, je sais bien que c’est un argument qui n’est jamais utilisé mais je voudrais le formuler devant vous : parce que cela montre que la logique de représentation des peuples n’est pas exactement la même que celle des institutions qui représentent le gouvernement, ou qui représentent la Commission européenne. Je trouve très important pour l’avenir qu’il y ait une sensibilité politique, en France et ailleurs en Europe, qui revendique que la logique de représentation des peuples dans les décisions européennes soit reconnue à part entière, et que plus personne ne puisse confondre, comme on le fait habituellement, Bruxelles et Strasbourg. Parce que je considère qu’aux États-Unis, par exemple, cela a fait un très grand mal aux institutions fédérales d’être toutes ensemble localisées à Washington.

Je trouve indispensable que les peuples aient une capitale et que cette capitale soit Strasbourg. C’est symboliquement important pour notre pays et décisif pour l’avenir de l’Europe et la représentation que les citoyens s’en font peut-être.

C’était une parenthèse, mais je voulais l’ouvrir au début puisque cela venait ainsi dans mon propos. (...)


Verbatim "Robert Schuman"


Le premier message est un message à ceux qui vont construire l’Europe. C’est un message pour leur dire : l’Europe dont nous avons besoin est une Europe qui croit en elle, et si elle croit en elle, alors elle croira en nous. L’Europe dont nous avons besoin est une Europe qui quitte les rivages dans lesquels elle s’est enfermée pendant trop longtemps.

Je le dis à cette tribune qui a été -c’est une métaphore mais après tout- celle des fondateurs de l’Europe. Ici, se sont exprimés les fondateurs de l’Europe. Ici, se sont exprimés des hommes… Si j’avais à faire un panthéon du siècle, je les mettrais en premier. Je mettrais au panthéon du siècle, en premier, Robert Schuman.

Je voudrais vous dire pourquoi. Chez tous les hommes d’État, chez tous les hommes d’histoire, il y a -et c’est normal- une part de haute idée d’eux-mêmes. Le général de Gaulle avait une haute idée de lui-même, Winston Churchill avait une haute idée de lui-même, et je pourrais continuer et faire le tour, il y en a un certain nombre qui ont changé la face du monde qui avaient une haute idée d’eux-mêmes. Robert Schuman est le seul que je connaisse qui ait changé le monde en ayant une idée humble, modeste, assumée de lui-même. C’est assez rare, me semble-t-il, pour qu’on le note et que l’on s’en souvienne.

Je ne fais aucun reproche à ceux qui ont une haute idée d’eux-mêmes… Je considère que c’est un devoir dans une vocation, que de penser que l’on ne va pas donner sa vie à de petites choses. On va la donner à de grandes choses, mais plus grands encore dans l’ordre de l’humanité sont ceux qui donnent leur vie à de grandes choses en se considérant eux-mêmes comme peu de chose.

Je n’en connais qu’un seul de cette espèce, et c’est pourquoi je le mettrai en premier. C’est donc Robert Schuman qui venait, le 9 mai 1950, prononcer des paroles d’histoire, des paroles définitives, à l’échelle des siècles, pour lancer la plus grande aventure que des peuples libres aient jamais connue entre eux, et qui en même temps, venait avec son petit sandwich glissé dans sa serviette, dans son papier d’aluminium comme on disait à l’époque et qui mangeait son sandwich dans le train, sans garde du corps. Au fond, il venait faire de très grandes choses avec le plus petit et le plus modeste viatique.

Cela venait de ce que, je crois, pour autant que l’on puisse en juger, ce n’était pas seulement un grand esprit, c’était aussi une grande âme. Pour moi, à un certain moment de l’histoire, l’âme pèse quelque chose. C’est pourquoi je trouve que, dans cette famille, nous ne devons jamais perdre -c’est la seule photo que j’aie dans mon bureau- le souvenir de Robert Schuman. Nous sommes la famille des fondateurs de l’Europe. (...)

[mise à jour]
Voir toutes les vidéos
de la Conférence nationale du 23 mai 09

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire