mercredi 5 novembre 2008

M. Barack Hussein O. & Mlle Mame Ramatoulaye Y.

Le New-York Times retrouve ce soir le prénom complet du candidat démocrate à l'élection présidentielle des États-Unis d'Amérique :
Barack Hussein Obama was elected the 44th president of the United States on Tuesday, sweeping away the last racial barrier in American politics with ease as the country chose him as its first black chief executive. (...)


Comme beaucoup, la nuit dernière, devant la retransmission du discours de Barack Obama à Chicago, j'ai pleuré ;-)

Comme beaucoup, j'ai pensé à l'histoire contemporaine des États-Unis. À Rosa Parks, couturière noire refusant de céder sa place à un Blanc, dans un bus. C'était en 1955 ! Rosa avait réfusé de payer l'amende de 10 dollars et avait fait appel de cette condamnation devant un tribunal. J'ai pensé aussi à un jeune pasteur noir de 26 ans, inconnu à l'époque, à qui vint l'idée saugrenue de lancer une campagne de boycott de cette compagnie de bus... un certain Martin Luther King.

Un an plus tard, la Cour suprème des États-Unis abolissait les lois ségrégationnistes, les déclarant anticonstitutionnelles.

À peine plus d'un demi-siècle nous sépare de ces événements... L'élection de Barack Obama est d'abord l'exploit formidable de la démocratie américaine et la preuve de sa vitalité renaissante. Un exploit vertigineux en si peu de temps, qui serait peut-être impossible ailleurs, voire impensable... Dans notre vieille Europe, serions-nous capables d'un tel exploit nous-même ?

Pourtant, je m'étais tenu à l'écart de la Barack o'mania qui envahissait la blogosphère démocrate depuis quelques semaines. Car Barack Obama, tout ami démocrate qu'il est, restait fondamentalement pour moi, favorable à la peine de mort et à la vente d'armes aux États-Unis.

Bon d'accord, contrairement à Hillary Clinton, notre ami démocrate n'avait pas voté en faveur de la guerre en Irak. Et conscient de l'agravation sans précédent des inégalités sociales, il proposait le renforcement de la Sécurité sociale pour les enfants et pour les plus pauvres, en jouant carte sur table avec les 5% des États-Uniens les plus favorisés qui verront leurs impôts augmenter.

Wall Street vient d'ailleurs d'encaisser le coup : après l'euphorie saluant l'élection de Barack Obama à l'ouverture, le Dow Jones vient de replonger de plus de 5 points ce soir... Les temps vont être durs pour les Golden parachutes ;-)

Mais chez nous, qu'en est-il ? Une seule député d'origine métisse à l'Assemblée nationale. Aucun au Sénat... Ça n'en rend que plus suspect l'omniprésence de Rama Yade sur tous les plateaux de télévision depuis 15 jours, pour commenter la victoire annoncée de Barack Obama... J'aime beaucoup Rama Yade, et surtout ses coups de gueules salutaires contre ses collègues du gouvernement, lorsqu'il s'agit de défendre les Droits de l'Homme.

Mais qui a eu cette idée saugrenue de faire de Rama Yade la figure de proue de la Barack o'mania gouvernementale ? C'est ridicule. Ce genre d'exploit de communication est totalement contreproductif. Et la signature probable de Thierry Saussez n'y change rien. L'opinion publique n'est pas dupe de ce genre d'excès de com, qui en général revient à la figure de l'envoyeur comme un boomerang...

En France, le personnel politique est très loin de refléter la diversité de la société française. Et la sympathique Rama Yade, transformée en potiche des plateaux de télé depuis quelques jours, n'y changera rien.

Pire, il me semble qu'en France, le monde économique est encore très très en retard de ce point de vue, par rapport aux États-Unis.

Ah j'oubliais : Barack Obama s'oppose au principe de la discrimination positive... Thierry Saussez et Rama Yade pourraient faire passer le message à Nicolas Sarkozy, au moins !!!

« Yes we can ! »
Les États-Unis d'Amérique l'ont fait.
La France en sera-t-elle capable, un jour ?


5 commentaires:

  1. attention les dernières lois ségrégationnistes n'ont été abolies aux states qu'à la fin des années 60 seulement

    RépondreSupprimer
  2. Merci pour cette correction.
    Je précise :
    « en 1964, le Civil Rights Act interdit toute discrimination et ségrégation dans les lieux publics ; en 1965, le Voting Rights Act suspend les clauses restrictives sur le droit de vote. Les Noirs sont devenus des citoyens américains à part entière. »
    Source : Arte - L'Histoire

    Barak Obama avait donc 4 ans au moment de l'abolition des dernières lois ségrégationnistes. Tant de chemin parcouru en si peu de temps... Chapeau bas à la démocratie étasunienne !!!

    RépondreSupprimer
  3. « En France, le personnel politique est très loin de refléter la diversité de la société française. »

    « Pire, il me semble qu'en France, le monde économique est encore très très en retard de ce point de vue, par rapport aux Etats-Unis »

    La réponse à ta première remarque est inscrite dans ta seconde phrase ci-dessus. Qu´on le veuille ou non, la représentation politique Française est issue des « élites» économiques et administratives, dont on connaît le conservatisme et la fermeture absolue aux classes populaires et parmi elles aux gens de couleur. Tout le système est construit pour sélectionner par le statut social. L´école de la république n´est qu´un bluff, qui n´engage que ceux qui y croient vraiment !

    RépondreSupprimer
  4. Tout à fait d'accord avec toi Philippe -- sauf peut-être sur ton défaitisme en ce qui concerne l'école --.

    Concernant la représentation de la société française dans sa diversité (je préfère cette expression un peu longue à 'minorité' :) j'en parlais justement à une amie démocrate pas plus tard qu'hier... Peut-être nous donnera-t-elle son point de vue ici ?

    En tout cas, je te suis sur ce point. À une nuance près : le personnel politique en France reflète essentiellement l'élite administrative. Je ne connais pas beaucoup de patrons de PME ou de cadres dirigeants d'entreprises élus à l'Assemblée nationale, au Sénat où à la tête d'une collectivité locale !

    Voilà pour l'élite, comme dirait Nelly :) Et on peut s'étonner que la diversité ne soit pas mieux représentée au sein des élites (administratives et économiques).

    Maintenant, la démocratie, c'est autrechose que la délégation de pouvoir à des élites élues ! La diversité sociale est un autre élément de la représentativité des élus ...

    RépondreSupprimer
  5. Je ne suis pas défaitiste Pierre, je dénonce froidement et simplement un fait. Il suffit de regarder les pourcentages de représentation des milieux populaires, échelon par échelon, et de s'apercevoir qu'ils sont inversement proportionnels au nombre d'années d'études.


    La soit distante « école de la république » reproduit la grille salariale des parents. Elle fait donc de la sélection par le statu social. C'est connu, c'est démontré, je n'invente rien, sauf cette nouvelle dénomination: l'école de la spoliation républicaine.

    RépondreSupprimer