En marge des «États généraux de la presse» et du grand chambardement promis à l'audiovisuel public, Reporters sans Frontière et Médiapart ont allumé un contrefeu pour défendre la presse libre et indépendante en France, lors d'une soirée publique au Théâtre de la Colline *, le 24 novembre dernier.
À l'issue de cette rencontre, les professionnels présents — journalistes, sociologues des médias, juristes, enseignants en sciences politiques, etc. — ont rendu public un texte proclamant l'indépendance, la transparence et le pluralisme pour garantir la liberté de la presse et le droit à l'information du public citoyen.
Face au risque de concentration qui s'annonce pour la presse, face au risque de mainmise de l'exécutif sur l'audiovisuel public, il semble urgent de signer cette pétition, ici.
On peut regretter toutefois que les blogs ne soient pas mieux défendus à cette occasion. Car au delà de la 'presse numérique', c'est toute la blogosphère qui se trouve menacée par l'allongement du délai de prescription appliqué à la presse professionnelle.
Et que dire du curieux appel d'offre de 'Grandes oreilles' lancé par le Ministère de l'éducation nationale et de la recherche, révélé par Fabula début novembre, repris par Libération le 10 novembre et par Arrêt sur images la semaine dernière ? Ambiance...
Au delà de la lecture sur écran, le lecteur devient scripteur lui-même. À travers les commentaires d'abord et grâce aux blogs ensuite. Il est donc essentiel de garantir au citoyen blogueur les mêmes droits et les mêmes protections que la presse écrite, pour garantir sa liberté d'expression, jusque sur le Web.
Peut-être l'appel de la Colline a-t-il un peu manqué cet objectif ? C'est dommage.
dimanche 30 novembre 2008
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Bravo bravo bravo!
RépondreSupprimerPeut-être faudrait il lancer une pétition "touche pas à mon blog" ???
Le blog ou l'expression blogosphérique (car je n'exclus pas les contributeurs que je suis activement) sont le niveau d'expression de la démocratie le plus juste: celui du citoyen! Le premier maillon de la chaîne!
C'est la somme des éclairages des uns et des autres qui nous donne une vision la moins déformée possible de l'information.
C'est la synergie qui créé le cas échéant le contre-pouvoir. Nous formons une communauté. Voyez Edwige. Certains l'ont compris et veulent s'en défendre, maitriser ou exploiter le filon pour faire de la Comm.
La presse est l'information certes et pour cela il nous faut être solidaires mais la blogosphère aujourd'hui l'est aussi!! A ce titre, nous devons leur demander cette même solidarité même si quelque part nous leur faisons concurrence.
Si on pervertit ce maillon, c'est la démocratie tout entière qu'on pervertit !
Lucia
Bonne idée ce Touche pas à mon blog ! J'adooore.
RépondreSupprimerEt pourquoi ne pas lancer un mouvement européen... D'autres nouvelles inquiétantes ce matin, sur le blog de Christophe Ginisty :
E pericoloso blogare
(il est dangereux de bloguer)
.
Cher Pierre, vous avez évidemment raison. Mais vous êtes peut-être un peu injuste avec notre appel. Dans les limites du genre (longueur, rythme, efficacité), l'appel de la Colline évoque explicitement la question des blogueurs et de leur reconnaissance à part entière. C'est à la rubrique "pluralisme", et je cite: "le pluralisme c'est à dire: une reconnaissance à part entière de la place des lecteurs en tant que commentateurs, contributeurs et blogeurs, de façon à accroître la diffusion et le
RépondreSupprimerpartage démocratiques des informations et des opinions". Le point qui précède revendique (et cela va dans le même sens): "une égalité de traitement de la presse numérique et de la presse imprimée, de façon à éviter toute discrimination stigmatisante d'Internet".
C'est juste pour le plaisir de la précision, car vous avez bien raison d'insister en ces temps de vaste offensive régressive et normalisatrice.
Bien à vous,
Edwy Plenel
Monsieur Penel,
RépondreSupprimerJe comprends bien la nécessité d’être solidaires avec VOTRE cause pour vous, pour la communauté internet (en effet vous nous citez dans votre manifeste) , pour la démocratie .
Bon nombre d'entre nous ont répondu présents à votre appel.
La Liberté de la Presse est primordiale en démocratie mais vous avouerez néanmoins que cela fait plusieurs années que La Presse elle même ne l'a pas toujours respectée intrinsèquement compte tenu des pressions économiques notamment auxquelles elle est assujettie.
VOTRE Liberté était déjà toute relative. Cette alerte permettra peut-être de raviver la flamme déontologique de certains de vos confrères ;-)
Ceci dit, La Liberté que vous défendez se fonde sur un concept matrice encore plus en amont dans l'échelle des Libertés démocratiques, qui est la Liberté d’Expression .
Finalement,
- soit vous faites votre appel de votre coté (et on est avec vous) et moi ou d'autres proposeront un « touchepasamonblog » ou peu importe son nom (j'espère que vous serez de la partie),
- soit nous faisons CAUSE COMMUNE et nous défendons ensemble La Liberté d’Expression, laquelle entend tous les points que vous déclinez ainsi que ceux de la communauté blogosphérique et bien au-delà.
Que dire en effet de tous les citoyens-rédacteurs par exemple qui ne peuvent s’exprimer librement dans les entreprises, les écoles, les mairies et j’en passe ?
D’autant, si je puis me permettre, que les initiatives aussi louables soient-elles comme la votre risquent de ne pas rallier TOUS vos confrères.
Une dynamique collective où nous serions tous des partenaires à parts égales , me semble plus juste, pertinente et efficace.
Cordialement.
Lucia D’Apote
Monsieur Plenel,
RépondreSupprimerPardon pardon d'avoir écorché votre nom .. ça devait être surement l'émotion :-)
Cher Edwy Plenel,
RépondreSupprimerBienvenu sur ce blog. Exigence démocratique se flatte de votre visite... et du plaisir de la précison ;-)
Précisément, votre citation révèle assez bien ce qui me chiffonne dans l'Appel de la Colline. Le droit du public ne se réduit pas, ne se réduit plus au droit à l'information.
Du temps de la presse imprimée, du temps des médias industriels de radio et de télédiffusion, le droit à l'information était le pendant mécanique du droit de la presse. C'était au siècle dernier...
Désormais, tout citoyen dispose de moyens de publication efficaces, grâce à Internet. Notre liberté d'expression et notre liberté d'opinion doit donc être protégée en tenant compte de ces nouveaux moyens de diffusion des idées, qui participent pleinement à la construction de notre espace démocratique.
Il faut prendre acte de ces évolutions techniques et protéger l'émergence d'une nouvelle forme d'agora. Et je ne vois pas d'autre solution que de garantir aux citoyens blogueurs les mêmes prérogatives légales, les mêmes protections que les journalistes, protégés par le droit de la presse — et des mêmes obligations en ce qui concerne d'éventuelles infractions, aussi.
On ne peut réduire le blogueur à son état de lecteur ou de commentateur, comme le fait un peu l'Appel de la Colline.
Le commentaire et le blog sont autre chose qu'une glose dans la marge laissée libre par les journalistes 'professionnels'. Des analyses pertinentes, parfois expertes, des pensées originales émergent de la blogosphère. Ce ne sont pas des textes de seconde zone.
Quand l'Appel de la Colline demande d'assimiler la presse dite 'numérique' à la presse imprimée, n'est-ce pas pour mieux déplacer la limite entre la la 'presse numérique' et la blogosphère ?
Comme d'autres plus haut, je m'interroge. L'appel de la Colline défend-il suffisamment la liberté d'expression des blogs ou bien ne voudrait-il pas mieux lancer une action spécifique pour alerter l'opinion contre les tentatives de contrôle insidieux de la liberté d'expression en ligne...
À suivre ...
J'estime pour ma part que les blogueurs n'ont pas à être doté des mêmes prérogatives et protections que celles données par le droit de la presse.
RépondreSupprimerIl y a une différence entre les journalistes et les blogueurs (journalistes pouvant au demeurant être blogueurs parfois).
Le blog est un espace personnel pas journalistique. Si l'on peut trouver des blogs informatifs ou citoyens particulièrement intéressant, ils ne sauraient être mis au même niveau que les journalistes professionnels. N'importe qui peut ouvrir un blog et y écrire ce qu'il veut, sans avoir à vérifier ses sources.
Les journalistes professionnels peuvent faire des erreurs comme tout le monde, il n'en demeure pas moins que le distinguo doit être maintenu.
Une certaine protection des blogueurs pour assurer une liberté d'expression oui, des droits équivalent au monde de la presse, non.
@ Arnaud,
RépondreSupprimerMe semble que la différence devient de plus en plus ténue entre ce qui est "journalistique" et ce qui ne l'est pas...
Dans le domaine de la presse professionnelle par exemple. Je connais un tas de blogs professionnels, dans mon domaine d'activité, qui sont devenus des sources d'information ultra fiables, peut-être meilleures que la presse professionnelle soumise aux pressions économiques de la publicité !
Et puis, il y a un autre écueil au distinguo que tu proposes : la loi sur la presse (loi de 1881 sur la liberté de la presse) ne protège pas que les journalistes. Elle protège aussi les éditeurs de livres, les auteurs de livres, et les auteurs de n'importe quelle feuille de choux émanant de toute association ou d'une organisation politique.
Alors si la loi sur la presse protège les feuille de choux et les journaux scolaires, pourquoi vouloir soumettre les blogs à un régime particulier ? C'est un projet de loi liberticide, vraiment !
PS : je voulais parler du projet de loi du Sénat que j'évoquais dans un précédent billet
RépondreSupprimerJe te conseille de visionner la vidéo de Davduf, c'est très clair !
" La responsabilité pénale du blogueur : les délits de presse.
RépondreSupprimer(…)
Certains écrits sont donc pénalement incriminés en eux même : la liberté d'expression est une liberté fondamentale, certes, mais il n'existe aucune liberté générale et absolue. Rappelons la rédaction de l'article 11 de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen :
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre à l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.
En l'espèce, la loi qui s'applique est notre loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse, avec les adaptations apportées par la LCEN aux spécificités du support informatique. Qu'est-ce qui est interdit, au juste ? "
extrait du site du vénéré (vénérable je n'sais pô) Eolas. La suite là pour ceux qui veulent en savoir plus.
http://www.maitre-eolas.fr/2008/03/24/905
-blogueurs-et-responsabilite-reloaded