Hasardeux, présomptueux ou lapidaires, y compris dans la blogosphère MoDem — le dernier commentaire en date est ici. Dans un style vaguement plus humoristique, voir plutôt ici où là... et encore !
Ce n'est pourtant que le B.A.-BA de la démocratie interne qui a été âprement discuté au PS, et rien d'autre ! Il s'agissait simplement de garantir la sincérité du scrutin, c'est-à-dire de s'assurer que l'écart de voix entre les candidates était bien supérieur au risque d'erreur — erreurs de bonne foi ou éventuelles fraudes.
Tout démocrate sincère devrait rester vigilant et exigeant sur ce point. Disons que, malgré quelques pratiques "pas plus tricheuses que d'habitude" (dixit Pierre Moscovici), les militants du PS ont su rester vigilants et qu'ils n'ont pas failli.
Si mes souvenirs sont bons, les élections internes du MoDem en septembre n'ont pas été à ce point irréprochables*, pour que l'on puisse venir donner des leçons de démocratie interne au PS aujourd'hui !
Finalement, Martine Aubry aura devancé Ségolène Royal de 102 voix seulement, sur un total de 134.800 suffrages exprimés. Une analogie de groupe est plus parlante :
¶ — Si vous rassemblez un échantillon représentatif de 100 militants socialistes, vous obtiendrez exactement 50 soutiens de Martine Aubry et 50 soutiens de Ségolène Royal.
¶ — Si vous en rassemblez 10 fois plus, soit 1.000 adhérents socialistes, vous ne verrez toujours rien de la préférence exprimée par l'élection interne du PS : si l'échantillon est représentatif, vous obtiendrez très exactement 500 pro-Aubry et 500 pro-Royal, pas un de plus, pas un de moins !
¶ — Pour commencer à mesurer l'écart entre Martine et Ségolène, vous devrez rassembler au minimum 3.000 militants socialistes, tirés au hasard sur un échantillon représentatif.
Et sur ces 3.000 personnes, un seul militant fera la différence !
Vous obtiendrez :
- 1.501 partisans de Martine Aubry et
- 1.499 partisans de Ségolène Royal
Avantage Aubry ! Un pour 3.000... Autant dire que l'écart est fin comme une feuille de papier à cigarette...
En démocrate que je suis (que j'essaie d'être, tant bien que mal...), je comprends parfaitement que les équipes de Ségolène Royal et de Martine Aubry aient voulu s'assurer, dans une telle situation, que l'écart de leurs scores était bien supérieur au risque d'erreur ou au cumul des litiges !
Quoi de plus normal pour un démocrate ? Que ceux qui n'ont jamais failli avec les règles de la démocratie interne* leur jettent la première pierre...
Le gros bug me semble être plutôt du côté de la direction du PS qui n'a pas été fichue d'expliquer une chose aussi simple, aussi évidente à l'opinion publique et aux médias.
Reste à savoir qui a vraiment gagné le « bras de fer » — physique et médiatique. Car du côté de l'endurance et la ténacité, y'a pas photo...
Primo — La tenue du congrès socialiste 18 mois après la Présidentielle devait dégonfler la popularité de Ségolène Royal comme une baudruche... Mais contre toute attente, la motion signée par Ségolène Royal arrive en tête (29%).
Secundo — Puis, le renoncement de Bertrand Delanoë (25%) et son désistement en faveur de Martine Aubry (24%) devait laminer Ségolène Royal... Mais contre toute attente, Ségolène Royal arrive en tête du 1er tour avec 42,5% (elle améliore son score de plus de 12%). Avec le soutien de Delanoë, Aubry ne recueille que 34% (soit une déperdition de 15%).
Tertio — Et pour finir au deuxième tour, le désistement de Benoit Hamon (22,8%) devait assurer une victoire très confortable à Martine Aubry (34,7%) soit au moins 10% d'avance... Elle ne sera élue que d'un cheveu !
_ _ _
* : petit mémo des dysfonctionnements au MoDem 67 :
. iniquités flagrantes dans la diffusion des documents de campagne,
. non-respect de la séparation des pouvoirs,
. verrouillage des 3 élections entre elles,
. organisation quasi-industrielle du vote par procuration,
. huis clos sur les débats du conseil départemental élu,
. etc.
Commençons donc à balayer devant notre porte !
note a contre-courant c courageux et pas faux!
RépondreSupprimerfaché avec les chiffres?
RépondreSupprimer102 voies d'écart sur 134800, ca fait 1 pour 1322 si j'en croie ma calculette cher ami!
@ professeur Nimbus :
RépondreSupprimerC'est tout à fait vrai, votre calculatrice marche bien ! La nuance est due à un arrondi et à un doublon.
D'abord, observez que dans mon texte, quand 1 personne du groupe change d'avis, cela creuse l'écart de 2 voix en non d'une : ainsi, on passe de 5.000/5.000 à 5.001/4.999 soit 2 voix d'écart, alors qu'un seul militant a changé d'avis : +1 pour Martine, -1 pour Ségolène, normal !
Donc si l'on veut rapporter l'écart à 1 seule voix mesurable, l'échantillon est de 1.500 et non de 3.000 comme dans mon texte. Vous vaez raison sur ce point, mais mon texte n'est pas faux.
Le reste de la différence tient simplement à l'arrondi. J'ai trouvé plus parlant d'évoquer 100, 1.000 puis 3.000 personnes : les ordres de grandeur sont exacts et on mémorise mieux. Mais là aussi, vous avez raison : le bon chiffre aurait été 2.643 exactement et non 3.000 !
Bravo pour votre perspicacité ;-)
... cela ne change guère ma démonstration :
RépondreSupprimerl'écart entre Ségolène et Martine n'est pas mesurable sur un échantillon de 1.000 personnes, ni même de 2.000 !
il en faut 2.643 au moins pour que statistiquement, la différence soit mesurable.
Et puis même s'il n'y avait qu'une voix d'écart l'exercice n'en est plus contestable qu'avec 100, 200 voire davantage ... et puis qu'elle fierté de pouvoir dire qu'une simple voix de militant PS compte autant sinon plus que 1000, 2000 voire 10000 voix au MoDem !
RépondreSupprimerParce que ne nous leurrons pas ce que le PS a fait choisir démocratiquement un leader le MoDem n'a pu le faire en toute transparence.
Et puis même s'il n'y avait qu'une voix d'écart l'exercice n'en est PAS plus contestable etc ...
RépondreSupprimer@ Farid :
RépondreSupprimerUn peu plus de transparence et d'équité démocratique ne nuirait pas à l'organisation du MoDem, je te l'accorde très volontiers. Il y a encore du chemin à faire, dans les mouvements départementaux et ailleurs.
Départager une élection avec une seule voix est un idéal démocratique. Et si tout le reste était irréprochable, alors un tel résultat serait la fierté d'une organisation démocratique idéale.
mais tout le reste n'est pas irréprochable, hélas ! raison de plus pour s'y atteler tous ensemble, non ?
Dans la position de simple militant, le Modem actuel me convient bien. Mais il est vrai Pierre que je n'ai ni les mêmes aspirations que toi, ni ton parcours, ni ton ressenti. Le MoDem est sur ses rails et doit maintenant avancer. Le plus dur est de faire les premiers mètres, c'est peut-être même le moment le plus crucial. Surtout s'il y a de la poussière sur les rails, les roues glissent et patinent, et la locomotive peut faire facilement du surplace.
RépondreSupprimerPour le reste, j'avoue honteusement que j'ai aussi calculé de mon côté, juste pour voir, et j'ai presque fait la même bêtise que prof nimbus...Mais je me suis dit, nonnnn! Il ne se fera pas prendre deux fois, avec les électrons libres une fois ça suffit! :-). Je te soupçonne même, ayant vu le piège, d'avoir préparé machiavéliquement la riposte à l'avance. Hé! Hé! Hé!. Et je suis sûr que tu as vérifié tes calculs à trois fois.
Sinon sur la démocratie au PS, je suis partiellement d'accord avec toi. Je dis partiellement car, là où ça coince pour moi, c'est la culture du mensonge permanent, des fausses convenances, des fausses amitiés, la culture de la trahison, des congloméras et de l'exclusion. Des jeux d'acteur dans le jeu des appareils. Baser la démocratie sur cette parodie ridicule, pour moi, ça coince vraiment!
@ Philippe
RépondreSupprimerDiable, quelles sont donc mes aspirations ?-) Beaucoup reconnaissent que la démocratie locale du MoDem est encore perfectible, ça n'a rien à voir avec les clivages passés de l'élection interne. C'est une observation de démocrate, c'est tout ;-) D'ailleurs il n'est plus temps de polémiquer avec ça, je ne le rappelais que pour mémoire, histoire de ne pas oublier d'arranger les choses dès qu'on pourra, puisque nous avons les instruments pour le faire : le RI départemental entre autres.
Sur le PS, je m'en tenais à l'arithmétique de l'élection et au rapport de force des deux principales protagonistes. Mais c'est vrai que si on plonge la main dans le panier de crabes... Aïe !
Tiens à propos, un billet dans le journal de demain. Le constat est sévère mais certains point de vue rejoignent le mien :
http://www.lemonde.fr/politique/article/2008/11/27/la-fraude-une-pratique-ancienne-dans-la-plupart-des-partis_1123881_823448.html
@Pierre S, non, il y a trop d'écart entre l'idéal démocratique et ce que Bayrou à fait du Modem.
RépondreSupprimerComme je n'aime pas les grands écarts alors j'ai quitté le MoDem en me disant que ceux qui restaient étaient autant critiquables que ceux qui détournaient l'idéal démocrate pour assouvir une ambition personnelle. En effet ceux qui acceptent sont autant autant complices que les autres.
Une petit prolongement de ce billet sur la Mécanique de l'Orange.
RépondreSupprimerhttp://lamecaniquedelorange.hautetfort.com/archive/2008/11/30/parti-politique-et-democratie-intern-n-net.html
ouais, comme tu dis, Pierre, le pb c'est qu'ils n'ont pas su communiquer simplement la dessus, mais que la guerre a fait rage en public...
RépondreSupprimerMerci d'être magnanime avec le parti de ton frère ;-)