samedi 15 novembre 2008

Europeana ou quand l'Europe des projets avance !

Le 14 décembre 2004, Google annonçait le lancement d'un projet pharaonique : Google Book Search dont l'objectif est de numériser 15 millions de livres imprimés et de les rendre accessibles sur Internet, en partenariat avec de prestigieuses bibliothèques américaines et européennes.

Le défi lancé par Google était autant culturel qu'industriel. Conscient de cet enjeu majeur pour la diversité culturelle, Jean-Noël Jeanneney, président de la Bibliothèque nationale de France, fut le premier à organiser la riposte européenne au projet de Google.

Dès janvier 2005, il publie une tribune alarmiste dans le journal Le Monde sous le titre Quand Google défie l'Europe. Quelques mois plus tard, en avril, Jeanneney publie un essai pour esquisser les contours d'un projet européen de numérisation des livres : Quand Google défie l'Europe, plaidoyer pour un sursaut.

Jeanneney parvient à convaincre les autres Bibliothèques nationales européennes et surtout Jacques Chirac, Président de la République en exercice qui va réussir à convaincre lui-même la Commission européenne avec le soutien de Jean-Claude Junker qui présidait alors le Conseil européen. Dès avril 2005, le projet est sur les rails, avec le soutien de l'Allemagne, de l'Italie et de l'Espagne, de la Hongrie et de la Pologne.





Dès la semaine prochaine, Europeana permettra d'accéder à 2 millions d'œuvres numérisées. Puis 6 millions d'œuvres seront disponibles dès 2010, tous médias confondus : livres, films, presse, tableaux, œuvres musicales, manuscrits.

Contrairement à Google qui numérise les livres à la volée, sans aucun choix de collection, Europeana proposera en priorité les oeuvres fondatrices de l'histoire européenne, les oeuvres majeures du patrimoine culturel européen y seront accessibles dans les principales langues de l'Union. L'histoire des sciences et des techniques y tiendra une place privilégiée, également.

L'Europe des projets est en marche... et la bonne nouvelle, c'est que cette Europe-là, cette Europe concrète et utile, fait voler en éclat tous les préjugés de l'euroscepticisme. Ainsi la Britisch Library, les bibliothèques nationales du Danemark ou de la République tchèque, pourtant eurosceptiques, seront des contributeurs majeurs d'Europeana. Même la Suisse et la Norvège verseront des fonds numérisés dans les entrepôts d'Europeana ! Vingt-huit bibliothèques nationales y contribuent, seuls Malte, l'Irlande et l'Estonie restent à l'écart, pour l'instant.

Les serveurs d'Europeana et son staff administratif seront basés à La Haye aux Pays Bas. Notons enfin qu'Europeana ne se substitue pas, pour l'instant, au portail de TEL, The European Library, fédération de plus de 40 bibliothèques nationales européennes, au sens large du Conseil de l'Europe. TEL est un portail fédérateur qui n'offre pas de contenu numérisé en ligne (sauf ses Trésors bien connus) mais son périmètre est bien plus large que celui d'Europeana.

Rendez-vous donc le 20 novembre pour l'ouverture officielle d'Europeana. Vive l'Europe des projets concrets !

« Si c'était à refaire,
je recommencerais par la culture »

Jean Monnet (1888-1979)

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