lundi 3 novembre 2008

L'idéologie du laisser-faire, critiquée par Helmut Schmidt

Du haut de ses 90 printemps, Helmut Schmidt aurait-il trouvé les mots justes pour critiquer les dérives du capitalisme, sans jeter l'anathème sur le capitalisme en général ?

Dans un précédent billet, je signalais l'intervention remarquable de Michel Camdessus à la Conférence nationale du Mouvement démocrate, le 26 octobre. J'y épinglais au passage les propos de François Bayrou contre le capitalisme. Cette critique m'a valu une volée de bois vert par e-mail mais j'aurais préféré que cette discussion ait lieu à ciel ouvert, dans les commentaires.

Depuis, la blogosphère MoDem résonne de quelques billets écrits sous la bannière de... l'anticapitalisme ! Alors j'allume ici un contre-feu en signalant deux textes tout récents, fort intéressants :

Le premier est un billet de Jean Quatremer, journaliste à Libération, billet publié hier sur son excellent blog Les coulisses de Bruxelles. C'est une réponse argumentée à l'anticapitalisme primaire d'Olivier Besancenot : Crise financière, le n'importe quoi et le réel.

Le second est une interview d'Helmut Schmidt, ancien Chancelier de la République fédérale d'Allemagne publiée ce soir dans le journal Le Monde. Contrairement à F. Bayrou, H. Schmidt évite les anathèmes sur le capitalisme et préfère critiquer l'idéologie du laisser-faire... Il explicite ainsi le capitalisme rhénan fondé sur la régulation, en l'opposant au capitalisme de la dérégulation et du laisser-faire — l'ultra ou le néo-libéralisme comme dirait JF Kahn.

Le capitalisme n'est pas, intrinsèquement, synonyme de dérégulation et de spéculation financière. J'imagine que Michel Candessus aurait pu nous l'expliquer en trois phrases :) Outre la propriété des moyens de production, le capitalisme rhénan est fondé sur la régulation :
  • une vision à long terme des relations entre les acteurs économiques (fournisseurs, clients, employés) ce qui est le contraire de la spéculation financière,
  • des syndicats puissants, organisés démocratiquement et responsables
  • un haut niveau de protection sociale
  • un rôle modéré de la Bourse dans le financement des projets d'entreprise
Alors évitons les anathèmes contre le capitalisme en général, mais critiquons précisément ses dérives.

2 commentaires:

  1. Encore un complément sur le Capitalisme Rhénan.

    Le capitalisme Rhénan est basé sur un sens industriel et sociale développé que nous ne possédons pas, ou pas encore, en France.

    Coopération des acteurs sociaux à tous les niveaux de l´entreprise : philosophie du donnant donnant. De nombreuses décisions sont prises en commun entre le chef d´entreprise et les représentants du personnel.

    Compacité de la grille salariale entre simples employés, cadres et dirigeants (écarts bien plus faibles qu´en France).

    Grosse flexibilité du travail, mais couplée à une forte protection sociale.

    Très fort respect pour le travail manuel (alors qu´en France c´est dégradant)

    Incroyable (pour un Français) coopération, interpénétration, entre l´entreprise et l´Université : liens constants, respect mutuel, de nombreuses collaborations contractuelles, même ponctuelles. L´Université vend continuellement ses services à l´industrie.

    Bien entendu, et tu l´as souligné Pierre, une Politique bancaire tournée vers l´industrie et l´innovation.

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  2. Merci d'avoir complété le tableau Philippe. Il y aurait donc des formes de capitalisme ... à visage humain ?
    On en reparle à François Bayrou dès la première occasion, hein :)

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