mardi 9 juin 2009

Du Grain à moudre, avec Sylvie Goulard

Brice Couturier reçoit ce soir Sylvie Goulard sur le thème :
« Europe : et si on avait commencé par la culture ? ».

Ça commence à 18h30, sur les ondes de France Culture.

Il faudra dresser un jour la liste des mots célèbres qui n’ayant jamais été prononcés par leur auteur, ont pourtant circulé sous leur nom. Ainsi, contrairement à ce qui a été dit il y a déjà quelques temps par un de nos invités à cette antenne, le secrétaire général du PCF, Georges Marchais n’a jamais traité Daniel Cohn Bendit « d’anarchiste juif-allemand », mais « d’anarchiste allemand » tout court, ce qui n’est pas la même chose.
J’ai vérifié et j’en profite pour corriger, à la demande de plusieurs auditeurs.
Même chose pour la fameuse apostrophe désabusée de Jean Monnet – « si c’était à refaire, je commencerais par la culture ».
Elle est magnifique, mais le fait est qu’il ne l’a jamais prononcée. C’est Hélène Ahrweiler, ancienne recteur de l’Académie de Paris qui la lui avait attribué à l’irréel du présent, dans un discours public – « Si c’était à refaire, je commencerais par la culture, pourrait s’écrier Jean Monnet s’il revenait parmi nous »…
Reste que la fortune posthume de la formule, reprise à leur compte par de nombreux essayistes, témoigne de la nostalgie d’une intégration européenne qui, au lieu d’avoir été pensée sur le modèle « fonctionnaliste » - à partir de l’économie, pour impliquer la politique, créer des « solidarités de fait » pour engager un processus cumulatif de transferts de compétences – serait partie de la culture. Il est vrai qu’on ne crée pas un peuple par la simple régulation d’un marché commun, aussi perfectionnée soit-elle. Notre Union européenne est régie par des procédures, elle souffre d’un manque de substance. Nous disposons de toutes les institutions d’une entité politique souveraine, mais la machinerie tourne à vide ; elle est dépourvue de volonté politique. Et pour cause : c’est la culture commune qui fait défaut. On a même l’impression que le processus d’échange et de rapprochement, qui s’était engagé dans les années 80, a eu plutôt tendance à se défaire.
Prenez la revue Lettre Internationale, dont j’ai sous les yeux quelques numéros jaunis. Partie de France, sous l’impulsion d’Antonin Liehm, elle permettait à toute l’Europe intellectuelle, celle de l’Ouest et celle de l’Est, celle du Nord et celle du Sud, de dialoguer en plusieurs langues. Elle a cessé de paraître en version française dans l’indifférence générale.
C’est que l’expression « identité culturelle européenne », qui faisait l’objet de quantité de colloques et de publications à l’époque de la chute du Rideau de Fer, est aujourd’hui devenue suspecte. Faut-il la réhabiliter pour tenter d’empêcher l’Europe de se défaire ?


http://sites.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/grain/fiche.php

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire