La crise...
Catastrophe assurée ?
Fantasme médiatique ?
Prédiction auto-réalisatrice ?
Aubaine profitable ?
Ça dépend pour qui.
L'industrie automobile résume assez bien les paradoxes de la crise et mes incompréhensions à son sujet. L'État va prêter 3 milliards d'euros à Renault et 3 milliards d'euros à Peugeot Citroën PSA pour aider les constructeurs à traverser la 'crise'. Quelle crise ?
Depuis bientôt 6 mois, les médias et les politiques nous annoncent une catastrophe économique mondiale, jamais vue depuis 1929. Des prédictions aussi inquiétantes ne peuvent qu'inciter les ménages à la plus grande prudence dans leurs investissements.
Trois voitures sur quatre vendues en France sont financées à crédit. Dans cette situation, chacun reporte d'un mois sur l'autre l'achat programmé du prochain véhicule... C'est l'attentisme bien compréhensible du 'bon père de famille'. Effet réel de la crise ou effet du discours-catastrophe sur la crise annoncée ?
Il est vrai que les constructeurs français affichent déjà de mauvais résultats. Mais dans la baisse de leur chiffre d'affaires, quelle est la part des prémisces de la 'crise' et quelle est la part de l'effet bonus malus ?
Les concessionnaires savent que le Bonus Malus écologique a produit quelques effet pervers : celui d'avoir anticipé les achats et celui d'avoir réduit la valeur moyenne des achats puisque les consommateurs se sont tournés vers les voitures bénéficiant du Bonus écologique, généralement plus petites et moins chères. À volume d'achat constant, le marché a donc baissé en valeur, c'est l'effet magique du Bonus Malus et pas celui de la 'crise' !
Troisième interrogation, souvent répétée : l'inadaptation de l'offre des constructeurs aux attentes des consommateurs. Pour preuve, le succès relatif mais confirmé de Logan ou de Smart. Les automobilistes réclament de petites voitures, des voitures pas chères, des voitures sympa et rétro... La publicité nous vend des berlines d'un classicisme désolant qui nous donnent envie d'aller voir du côté des petites japonaises... La crise ? Et si les constructeurs européens marchaient tout simplement à côté de leurs pompes ?
Arrive Nicolas Sarkozy et son plan d'aide, avec trois conditions posées aux constructeurs.
Primo — Ne pas délocaliser en Europe de l'Est. Et vive l'Union européenne ! Aujourd'hui, 57% des Renault vendues en France sont fabriquées à l'étranger... Et alors ? Vaut-il mieux acheter une Renault fabriquée en Tchéquie ou une Toyota fabriquée à Valenciennes ? Comprenne qui pourra. La France serait-elle le seul pays de l'Union à devoir faire face à cette 'crise' ? Un Conseil européen extraordinaire a été convoqué par la Présidence tchèque pour éclaircir ce point dès le 1er mars.
Secundo — Mieux répartir les bénéfices sur le modèle des 3 tiers : actionnaires, salariés, investissement. Oubliant évidemment le 4ème tiers : l'impôt sur les bénéfices déjà versé à l'État. Et sur les 3 tiers restant, la part des actionnaires est déjà très proche d'un tiers en valeur. Si la part des salariés est si faible (l'intéressement) c'est parce que les bénéfices réinvestis constituent de loin, la plus grosse part du gâteau ! Ce sont bien les salaires qu'il faut négocier avant tout. L'intéressement et la participation ne peuvent permettre actuellement de rééquilibrer la balance des bénéfices en faveur du travail. Poudre aux yeux !
Tertio enfin — renforcer les efforts de recherche sur la voiture électrique. C'est un serpent de mer*... Pourquoi continuer à promouvoir cette filière de recherche et développement qui est un gouffre sans fond depuis des décennies ? Le défi technologique ne concerne pas la voiture électrique mais le stockage de l'électricité ! Alors ne serait-il pas plus constructif et plus durable, de promouvoir l'usage des moteurs électriques là où ils fonctionnent déjà parfaitement, sans nécessiter de stockage d'énergie : dans les tramways et dans les TGV ! Une relance des programmes de déplacements urbains en site propre et une relance du réseau européen à grande vitesse serait une dépense bien plus efficace et adaptée à ces temps de crise !
* : sans parler de la voiture hybride qui est une supercherie au plan écologique.
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A propos! ton site fonctionne assez mal. Il est bien souvent inaccessible!
RépondreSupprimerSinon, oui effectivement en attendant la relève technologique qui tarde...les petites voitures vont probablement revenir à la mode.
Mais kèskispass ? Il me semble marcher assez bien ce blog... pas plus mal que les autres sur Blogger ou bien ? Merci pour l'info, l'enquête est ouverte.
RépondreSupprimerLaurence Parisot la présidente du Medef vient de rappeler quelques notions de d'économie et de gestion des entreprises a son ami Nicolas: http://udfboulogne-billancourt.hautetfort.com/archive/2009/02/18/repartition-en-3-tiers-2-parts-ou-4-tiers.html
RépondreSupprimer@ BB92 :
RépondreSupprimerLes approximations de Sarkozy en matière économique deviennent vraiment inquiétantes, et la patronne des patrons a bien raison de tacler sur ces sujets... Voir aussi la dépêche Reuters de ce midi. J'avoue ne pas comprendre la notion de 'partage de la valeur ajoutée' mais cette histoire de 'partage des bénéfices en 3 tiers' mériterait un billet d'analyse plus appronfondi. C'est une belle formule de marketing politique, totalement caricaturale et déconnectée de la réalité économique des entreprises.
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Mis en accusation, le Medef ferme sur la répartition des profits
jeudi 19 février 2009 12h04
PARIS, 19 février (Reuters) - Face à Nicolas Sarkozy et aux syndicats qui pressent les entreprises de partager leurs profits avec les salariés, le patronat français reste ferme et dénonce la confusion entre rémunération du travail et du capital.
La présidente de l'organisation patronale Medef, Laurence Parisot, a été bousculée mercredi par le chef de l'Etat et les dirigeants syndicaux sur cette question lors du sommet social, ont raconté des participants.
Partisan d'un partage de la valeur ajoutée et des profits en trois tiers - salariés, investissement, actionnaires -, Nicolas Sarkozy a menacé de forcer la main aux entreprises.
"Le statu quo n'est pas tenable", a-t-il dit lors d'une allocution télévisée mercredi. "Cette question du partage sera débattue entre les partenaires sociaux et si des progrès ne sont pas réalisés rapidement, l'Etat prendra ses responsabilités."
Pour Laurence Parisot au contraire, la répartition en tiers "c'est typiquement la fausse bonne idée".
"Ça a l'air très simple de dire trois tiers mais les choses ne peuvent se passer ainsi", a-t-elle ajouté sur France Info, dénonçant "beaucoup de malentendus et de confusion intellectuelle sur le sujet".
"Le travail est rémunéré par le salaire et le capital est rémunéré par les dividendes", a-t-elle expliqué. "Qu'est-ce qui se passerait si tous les investisseurs, qu'ils soient petits épargnants français ou grands épargants internationaux, se disaient 'il n'y a plus aucun espoir en France, retirons nos capitaux de la France'?"
Selon un proche du chef de l'Etat, "il y a eu des discussions extraordinairement passionnées sur le partage de la valeur et le partage des profits" lors du sommet social.
Le secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, a expliqué que "la force conservatrice hier autour de la table c'était le patronat".
"Le patronat en France dit 'au nom de la défense de l'entreprise et de la propriété privée, je refuse de revoir ou de discuter de la répartition des richesses'. Ce n'est pas entendable de la part des salariés", a-t-il dit sur France 2.
Selon l'Elysée, le débat porte à la fois sur la valeur ajoutée, c'est-à-dire sur le résultat avant paiement des salaires, et sur les bénéfices.
Laurence Parisot a répliqué sur ces deux points, déclarant que "les entreprises françaises n'ont pas à rougir" sur les salaires et soulignant que l'intéressement et la participation étaient des système uniques dans le monde occidental.
Le directeur de l'Insee, Jean-Philippe Cotis, chargé de la mission d'analyse et de concertation sur la répartition de la valeur ajoutée et des profits, rendra ses conclusions dans deux mois.
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