lundi 13 octobre 2008

Parité : seulement 16,6% de femmes élues au Bureau du MoDem 67 !

En 1999, lors de la révision constitutionnelle sur la parité, Élisabeth et Robert BADINTER avaient coordonné un petit ouvrage passionnant au titre ambigu : Le piège de la parité — couverture ci-contre, liste des co-auteurs ici.

Le Mouvement démocrate du Bas-Rhin vient de tomber dans ce piège, de façon caricaturale et grotesque.

Alors que le Conseil départemental nouvellement élu comprend exactement 48 femmes* pour 48 hommes* issus de listes à parité, ce dernier vient de décider, en catimini et à huis-clos, de fouler au pied les objectifs de parité du MoDem au sein des instances locales : en dehors des membres de droit, le Bureau départemental sera composé de 20 hommes pour 4 femmes seulement, soit 16,6%...

Même à l'Assemblée nationale et au Sénat, on fait mieux ! Avec respectivement 18 et 22% – voir l'Observatoire de la Parité.

Lors de la campagne interne, j'avais défendu une mise en œuvre raisonnée de la parité, au sein de la Commission électorale d'abord (sans aucun succès) puis dans un billet sur ce blog : Parité ou discrimination sexiste ? En résumé, il s'agissait de constater que le corps électoral des adhérents du MoDem 67 était composé à 27% de femmes et à 73% d'hommes. Dans cette situation, imposer une alternance 'chabada' sur les listes (un homme une femme) revenait en réalité à favoriser les femmes et à défavoriser les hommes, autrement dit, à instaurer une discrimination sexiste de fait, contraire à mes valeurs démocratiques.

Selon la révision constitutionnelle de 1999, la parité est « l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives ». L'égal accès se traduit par 1 homme 1 femme dans les élections générales puisque le corps électoral est à 50-50. Mais pour les élections internes où le corps électoral est déséquilibré (27% F et 73% H pour les adhérents alsaciens du MoDem) il serait préférable d'avoir une approche plus intelligente, plus constructive, plus efficace et plus juste de la parité, pour garantir bel et bien l'égal accès des hommes et des femmes aux mandats électoraux et aux fonctions électives.

Un objectif intermédiaire entre la situation de départ (27-73) et la situation idéale (50-50) me semblait garantir à la fois un progrès important, tout en réduisant l'impact de la discrimination sexiste.

La décision du Conseil départemental, de n'élire qu'une femme sur six au sein des instances exécutives départementales m'indigne à double titre :

¶ — D'une part, elle révèle toute l'hypocrisie à avoir accepté sur les listes, l'alternance homme-femme comme un arrangement cosmétique, sans s'interroger sur le sens véritable du mot 'parité' tel qu'il est défini dans la révision constitutionnelle de 1999.

¶ — D'autre part, 16,6% de femmes élues au Bureau départemental, c'est 10% de moins que la proportion de femmes au sein des adhérents du MoDem 67 – elles sont 27% ! –, ce qui est quand-même le comble du ridicule et de l'inconséquence, en terme de parité réelle !

Selon l'article 2 de sa Charte éthique, le Mouvement démocrate respecte en son sein les principes démocratiques qu’il promeut à l’extérieur (...). Après les beaux discours de la campagne, on peut juger nos élus, enfin, à leurs actes.

C'est au pied du mur qu'on voit le maçon... Tout pareil pour le Démocrate :o) Après un abus de pouvoir** de la Présidence, cette décision inouïe mais quasi-unanime (!) du Conseil départemental, au mépris des principes de parité défendus pourtant par le Mouvement démocrate. Bravo !

Courage, mes amis. La route est encore longue. Courage !

_ _ _


* : sous réserve d'éventuelles démissions dont je n'ai pas encore connaissance. Mais les démissions seront-elles à parité ?-)

** : la Présidence collégiale avait prononcé le huis-clos pour la première réunion du Conseil départemental dont les adhérents n'avaient même pas été informés...

NB : cliquer ici pour lire les commentaires confortablement.

13 commentaires:

  1. La parité n'est-elle qu'un quota bête et méchant pour représenter démocratiquement les hommes et les femmes ? Je ne pense pas.

    La parité est utile pour favoriser l'accès des femmes aux responsabilités afin qu'elles invente d'autres façons d'exercer le pouvoir.

    Les rôles des hommes et des femmes dans la société ont changés. Plus il y aura de femmes au pouvoir et plus la démocratie y gagnera. Ca ne se fera pas en une élection, même avec la parité.

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  2. Ahem : Badinter, pas Bandinter...

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  3. @ joanny :
    pourquoi les hommes ne pourraient-ils pas inventer d'autres façons d'exercer le pouvoir, eux aussi ?
    :-)

    @ l'hérétique :
    oups, merci c'est corrigé.

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  4. La parité était à mon sens non seulement contestable mais contre-productif pendant ces élections internes car, dans le principe (qui est une grande avancée démocratique) il s'agit de permettre une "accessibilité équitable" ou une "équité d'accès" ou que sais-je encore comment le qualifier.

    Aussi il nous faudrait dans quelque élection que ce soit, prendre le nombre de candidat(e)s potentiel(le)s (les électeurs/trices en fait) pour connaitre la proportion équitable entre hommes et femmes . Nous respecterions ainsi l'égalité électorale.

    Inciter les femmes à s'engager en politique doit se faire à la base à savoir les faire adhérer dans un parti. Ainsi le quota des femmes éligibles augmenterait au fur et à mesure.

    Pendant cette campagne, nous avons assister à une multiplication des roues de paon de la part des équipes pour "remplir leur quota". Je n'avais jamais vu des dames autant courtisées.

    C'est dommage parce qu'il s'agit là de l'application biaisée d'un principe juste à la base !

    En revanche, compte tenu de la parité effective du Conseil départemental et de la présidence, il eut été juste et conforme à l'esprit de la parité que le nombre hommes/femmes ait été en l'occurrence respecté à moins que la gente féminine ait décliné ou qu'un type de compétences privilégié... non?

    Lucia

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  5. Inventer une nouvelle façon d'exercer le pouvoir? Je crains fort, que tout a été essayé en la matière, et même trop que pas assez!

    Comment peut-on savoir si quelqu'un va bien exercer le pouvoir? De quoi ça dépend? Bonne question, si quelqu'un à la réponse, mais bon dieu qu'il la donne!

    En fait, on le sais tous plus ou mois, ça va dépendre de l'acquis, de l'expérience de la vie, du contexte social et culturel, de la chance aussi, et le tout couplé de façon inextricable aux gènes et au taux d'hormones.

    Alors il est vraiment difficile de répondre à la question: Quel dosage de taux d'hormones féminines et masculines voulons-nous chez nos dirigeants, et de toutes façons la réponse ne serait liée qu'à une toute petite partie du problème.

    Voilà, je crois que c'est clair, rien n'est clair, alors essayons de ne pas nous perdre en suppositions, regardons juste les gens en face et faisons confiance à notre bon sens pour les juger apte ou inapte à nous gouverner...

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  6. @ Lucia 1cognita :

    Pour ma part, je ne suis pas certain qu'il faille « inciter les femmes à s'engager en politique » ou de « les faire adhérer dans un parti ».

    C'est à la source que la parité se règlera : quelle proportion de papas à la sortie des écoles, à la tenue des aspirateurs, à la préparation des repas, aux caddies des supermarchés, aux hublots des lave-linge, etc.

    Quand la parité sera réglée à la source, les quotas de parité au sein des assemblées politiques ne se posera même plus.

    (jeter un oeil sur L'Injustice ménagère, parue tout récemment sous la direction de François de Singly, sociologue de la famille)

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  7. @ philippe :

    L'innovation aurait-elle un sexe ?

    Sans tomber dans le déterminisme culturel, le déterminisme des genres, l'inné et l'acquis et toutes ces balivernes, je te recommande de comparer les méthode d'Anne Meunier et de Marielle de Sarnez pour mettre au point le règlement intérieur départemental du MoDem.

    Anne Meunier et Marielle de Sarnez sont ex-aequo sur leur taux d'hormones (ou bien c'est moi qui ?) pourtant, elles ont mené la rédaction du RI départemental de façon diamétralement opposée.

    Règlement intérieur du MoDem de Paris

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  8. Premièrement :

    31 femmes étaient présentes et 46 hommes, pour une assemblée élue à parité.

    Deuxièmement :

    L'amendement 3 de l'article 5 du réglement intérieur du Mouvement Démocrate du Bas-Rhin, qui proposait la parité au bureau a été rejeté par 58 voix contre, 12 abstentions et seulement 7 voix pour par le conseil départemental. Y aurait-il des femmes qui ont voté contre ou se sont abstenues ?

    Troisièmement :

    Le bureau proposé à été voté à l'unanimité moins deux voix contre et une abstention par la même assemblée. Y aurait-il des femmes qui ont voté pour ? Y aurait-il des femmes qui se sont abstenues pour l'amendement sur la parité et ont approuvé ce bureau ?

    Quatrièmement :

    Nous avons une présidente et une vice-présidente sur les 5 élus de la présidence, deux conseillers nationaux sur 3 pour le Bas-Rhin sont des femmes.

    Conclusion : il va falloir trouver autre chose pour affirmer que la seule démocratie qui vaille est la tienne et tenter de convaincre quelqu'un que tu as raison seul contre tous, car la réalité et la manière dont se passent les choses te contredisent chaque fois. Et dès que tu es prêt à travailler avec les autres et non contre, n'hésite pas.

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  9. Arnaud,

    Ta façon de "travailler avec les autres" consiste à convoquer le Conseil départemental à l'insu des adhérents qui l'ont élu et à réunir ce Conseil départemental à huis-clos. Avoue que comme façon de travailler 'avec les autres' (avec les 1260 adhérents non élus au Conseil) on peut rêver mieux !

    Je ne connais aucun autre département où de telles pratiques d'embargo et de confidentialité des débats ont été mises en oeuvre. C'est une grande spécialité du Bas-Rhin de mépriser à ce point les adhérents, de cette façon.

    Mes critiques sont constructives. En tout cas, j'espère qu'elles le deviendront, grâce à toi. À vous de voir...

    Sur la parité, tu as été témoin du débat que j'ai tenté d'engager, en vain, au sein de la Commission électorale. Je n'ai pas été suivi, et alors ? Pour moi, ça ne change rien au bienfondé d'une interprétation plus juste de la parité, qui n'est pas l'alternance homme femme mais leur égal accès aux fonctions électives.

    Il me semble que la décision (quasi-unanime) du Conseil départemental de n'élire* que 16,6 % de femmes au sein du Bureau départemental, cette décision saugrenue (eh oui!) est la preuve évidente qu'il y a un gros bug dans votre conception très 'spéciale' de la parité, disons. Là aussi, à vous de juger si ma critique peut être constructive, ou pas.

    Sur l'amendement de parité qui a été proposé pour le Bureau, il ne t'a pas échappé que cet amendement mélangeait deux choses différentes, sinon trois... En tout cas, un amendement simple concernant la parité de l'exécutif aurait pu être proposé, encore aurait-il fallu que la parité soit réellement souhaitée, au delà du discours convenu... 16,6% de femmes élues au Bureau, c'est 10% de moins que la proportion de femmes parmi les adhérents. Misérable.

    [ fin de la critique constructive ]

    Pierre

    *: je parle bien des membres élus, et non des membres de droit qui par définition, sont issus de listes formées à parité.

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  10. Arnaud,

    Premièrement, s'il y avait plus de femmes absentes, c'est qu'il y a une raison.
    Soit, elles ont moins de temps compte tenu qu'aujourd'hui les stats disent qu'elles passent plus l'aspirateur que les hommes. Soit j'en reviens à mon histoire de casting, de forçage et de roues de paon exacerbées pendant les élections.

    Deuxièmement, le vote pour la parité était il de proposer fifty, fifty ? Auquel cas, je salue mes consoeurs de n'avoir été aussi rigides et revendicatrices. Ou était il de composer un panachage néanmoins équilibré ?


    Troisièmement, la composition du bureau a été proposé par qui? S'agissait il de candidats ou de nominés? Dans ce cas, je me vois mal en effet refuser un tel ou un tel, tous étant élus donc censés être représentants compétents qu'ils soient hommes ou femmes.

    Quatrièmement,Pierre a répondu.

    En conclusion, je trouve contrairement à toi que Pierre fait avancer la démocratie interne et non la freine ou la bloque parce que c'est la base même de la démocratie, à tous les niveaux et dans toutes les configurations (en l'occurrence le Conseil Départemental bas-rhinois) d'apporter des arguments contradictoires et une "pensée alternative" ;-)

    Lucia

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  11. Pierre, est ce que « la source » n'est elle pas justement dans la prise de conscience?
    Hors pour que la société réagisse d’elle même il faut du temps, beaucoup de temps.
    C'est là où interviennent théoriquement les intellectuels, les philosophes, les sages pour bousculer les esprits et inciter les dirigeants et les politiques à changer le cadre, les règles, les lois pour que la société évolue dans l'intérêt collectif.

    Le cercle est vertueux parce que ces nouvelles données ont des répercussions sur les mentalités, les esprits et les consciences.

    Ceci dit il est un biais dont il faut se méfier : celui de vouloir aller trop vite.
    Mais il y a le bon sens populaire qui n’hésite pas à s’exprimer le cas échéant ne serais-ce que pour freiner des quatre fers.

    Il faut un bon équilibre entre les deux. Un rythme intermédiaire entre les progressistes et les conservateurs. La démocratie implique des efforts de tous.

    Aussi Pierre, je pense pour ma part qu'attendre en l’occurrence que les mentalités changent au rythme de certains frustrent les autres. De la même manière aller trop vite risque de pervertir le principe qui était juste au départ.

    Le principe de stimulation donnée par la parité permettra de faire cette fameuse politique autrement. Les femmes et tout ce qu'elles portent de "différent" (vision, priorités, manière de faire)ne pourront que changer la donne.

    En revanche la forcer pour moi est un non sens. Cela risque de fausser le casting.

    Calculer la parité à partir des candidat(e)s serait pour moi un juste milieu. C’est l’accessibilité qui doit être équitable.

    C'est pour cela qu'à mon sens qu'il faut faire prendre conscience aux femmes et aux hommes qu'ils n'ont pas à choisir entre le ménage et la politique mais à faire de la politique ensemble et l'aspirateur chacun son tour ;-)

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  12. La parité 'à la source', c'est précisément cela. Faire en sorte que les mesures incitatives soient appliquées en amont, dans la vie quotidienne des gens, plutôt qu'en fixant des quotas lorsqu'il s'agit de présenter des listes aux élections.

    Les études sociologiques ont identifié depuis longtemps la principale cause du défaut de parité dans les assemblées élues : c'est en partie le reflet du déséquilibre parental dans la vie familiale et l'organisation domestique.

    En Suède par exemple, le congé parental est accordé indistinctement au père et à la mère des enfants avec une partie incompressible et non transférable pour le père (30 jours). Imagine-t-on en France un congé parental obligatoire pour les pères ? Je prétends que la parité est à ce prix. Autre exemple : quand un enseignant convoque un parent d'élève... qui se pointe en général ? Voilà ce que j'appelle 'parité à la source'.

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