vendredi 17 octobre 2008

« La misère ne se gère pas, elle se combat. »

Selon ATD Quart Monde, la misère touche 7 millions de personnes en France, soit 12% de la population – ou encore une personne sur huit environ. Parmi elles, 3 millions de personnes sont mal logées. Les statistiques concernant les sans-abris sont quasi-inexistantes, les estimations très variables, entre 100.000 et trois fois plus.

Dès l'hiver 54, l'abbé Pierre soulignait la question cruciale du logement dans le développement de la grande pauvreté.

Depuis des décennies, l'évolution du marché de l'immobilier protège et valorise le patrimoine des plus aisés et des 'classes moyennes' propriétaires. Mais cette évolution précarise mécaniquement les conditions de logement des plus démunis. La part du logement dans le budget des familles les plus modestes peut atteindre jusqu'à 50 voire 55%. Dans ces conditions, la spirale infernale de l'endettement et des loyers impayés peut conduire très vite au drame de l'expulsion.

Octobre 2008 — Crise des subprimes ayant pour origine l'endettement immobilier des plus modestes et des classes moyennes aux États-Unis, crise à l'origine d'un désordre financier sans précédent — Loi dite 'SRU' en discussion au Sénat où un amendement controversé remet en cause le quota de 20% de logements sociaux dans les communes — Stagnation des mises en chantier des logements neufs en raison de la crise financière — Inadaptations locales entre l'offre et la demande de logements, due à des politiques d'exonération et de niches fiscales déraisonnables. Etc.

Tous ces rapprochements peuvent paraître très hasardeux et pourtant. De la crise des sub-primes au dévissage des bourses, du possible éclatement d'une bulle immobière au scandale de la grande pauvreté et des sans-abris. Tous ces dysfonctionnements ne seraient-ils pas les différents symptômes d'un même désordre ? Celui des excès d'un marché immobilier devenu spéculatif, au détriment d'un développement plus durable et plus humain.

Et si la remise en ordre de nos marchés et l'éradication de la misère trouvaient finalement, quelques solutions communes ?

« La misère ne se gère pas, elle se combat. »
Abbé Pierre

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4 commentaires:

  1. Je ne te félicite pas souvent, et même jamais, mais là bravo!

    La misère va probablement s'accroitre très fortement en France en 2009, c'est presque une certitude. Et on ne sait déjà pas la contrebattre aujourd'hui. Dans le Monde il y a des perspectives de famines catastrophiques. Il va falloir que nous puissions agir rapidement et de façon concrète. Je lance l'idée ici de réfléchir a un mode d'action, et pourquoi pas aux couleurs du MoDem.

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  2. La crise des subprimes a démontré une chose qu'on savait déjà: tout le monde ne peut pas devenir propriétaire !

    Avec le système qui nous régit, j'entend.

    Si TOUT le monde veut devenir propriétaire, comment voulez vous que certains fassent une plus value en vendant LEUR BIEN? La LOI du marché est celui de l'offre et de la demande. S'il y a trop d'offres, la demande est moindre et le prix tombe. Donc point de spéculation lucrative.

    Donc, combattre la misère c'est se battre pour que le logement ne soit plus un produit de spéculation et c'est trouver une solution qui permettrait à tout un chacun d'avoir SON BIEN PROPRE.

    Je n'ai rien contre le fait que les spéculateurs s'amusent avec leur adrénaline en misant sur l'innovation par exemple... bien au contraire.

    Il ne s'agit pas de diaboliser ce système mais de trier ce qui peut être soumis à la spéculation et ce qui ne peut pas l'être dont ce qui touche au vital des citoyens. Et le BIEN immobilier en est un!

    Il nous faut trouver un équilibre entre le marché de l'immobilier et le logement social.
    Et si les plus values étaient partagées fifty fifty entre le propriétaire vendeur et un "Fonds de Financement du Logement Social"? Ca s'appelerait "le bouclier spéculatif" ! ;-)

    Lucia D'APOTE

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  3. et avant l'Abbé PIerre, toujours d'actualité, Victor Hugo :
    http://lespagespolitiquesdemirabelle.over-blog.fr/article-23657980.html

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  4. @ Mirabelle :
    Dans l'œuvre de V. Hugo, on oublie trop souvent ses discours à la tribune de l'Assemblée nationale.
    http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/7e.asp


    @ Lucia :
    Je vote pour le bouclier anti-spéculation... On pourrait se dire que sur le papier, un tel mécanisme existe déjà : c'est l'impôt sur les plus-values. Mais dans les faits, c'est un bouclier inefficace : son taux est sans rapport avec les gains de spéculation obtenus et on a tricoté tellement d'exonérations autour que les plus-value immobilières sont devenues de véritables niches fiscales pour les plus malins -- et même pour les Français 'moyens' qui revendent leur habitation principale... ils ont fait de belles affaires depuis 25 ans :-)

    Il faudra bien cesser un jour d'avoir des politiques schizophrènes... Vouloir faire une 'France de propriétaires' grâce à des politiques d'exonérations fiscales déraisonnables qui créent elles-même la pression sur le marché de l'immobilier (et les dégâts collatéraux sur le prix des loyers pour les plus modestes).

    Un rapport du Sénat avait révélé l'évolution réelle du prix de l'immobilier depuis 20 ans : aux alentour de +10% par an déduction faite de l'inflation. L'immobilier aurait augmenté, chaque année depuis 25 ans, 3 à 4 fois plus vite que les salaires. Le drame de l'exclusion et des sans-abris, c'est le résultat du même phénomène. De confortables plus-values pour les uns (exo fiscale) et le rue pour les autres. Ce n'est pas très 'politiquement correct' à entendre mais c'est pourtant la réalité, la triste réalité de notre inconséquence politique. Il n'y a plus qu'à espérer que la 'bulle immobilière' n'existe pas (ce dont je doute perso) et qu'elle n'éclatera à la figure de personne... Plus qu'à toucher du bois !
    Voir ici les tableaux de synthèse sur l'évolution du marché. On comprend mieux mais c'est inquiétant pour la suite.

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