jeudi 17 juin 2010

La retraite, C Politique & la « pénibilité » en question ...

Mise à jour du 17 juin : réaction de François BAYROU invité d'Audrey PULVAR hier soir, sur iTélé :







Mise à jour du 16 juin : réactions à chaud de Robert ROCHEFORT et Jean-Marc AYRAULT ce matin sur RTL :


Mise à jour du 16 juin 2010 : Danièle KARNIEWICZ, présidente de la Caisse nationale d'Assurance Vieillesse sur France-Info ce matin : « Le compte n'y est pas ; il manque 19 milliards. »


_ _ _

À ceux qui l'ont loupé, le coup de gueule de Martine Aubry sur les retraites à la minute 29:00 et suivantes de C Politique :




J'ai deux divergences de vue sérieuses avec la vision du PS sur le financement des retraites :
  • D'abord, l'extension tous azimut des sources de financement ("le capital", les stock-options, etc.) me semble être une mauvaise chose car elle met en péril le principe-même de la répartition.

    La répartition est un principe simple selon lequel les salariés paient la pension des retraités inactifs. C'est jouer avec le feu que de vouloir élargir inconsidérément l'assiette du financement des retraites aux autres revenus car la répartition y perdrait son âme.

    En revanche, il me semble possible d'élargir l'assiette de cotisation des autres assurances sociales -- la santé, la famille, le chômage -- afin de consolider la part des retraites dans les cotisations sur les salaires (parts salariale & patronale) à prélèvements constants.

    Sur les stock-options, il est nécessaire de réserver ce mode de rémunération exclusivement aux Jeunes entreprises innovantes plutôt qu'à l'ensemble des sociétés du CAC 40, ce qui rendra la question de leur taxation relativement secondaire.

  • La question de la pénibilité est souvent mise en avant mais en réalité, c'est une question très délicate, épineuse même qui ne sert qu'à "dégager en touche" car le métier seul ne permet pas de définir le niveau de pénibilité d'un emploi.

    Dans le bâtiment par exemple, la pénibilité du travail sera très différente selon que l'entreprise Lambda sera bien équipée en moyens mécaniques de levage et de manutention...

    Ne risque-t-on pas également de réduire la pression pour l'amélioration des conditions de travail -- dont le besoin est réel dans bien des secteurs ! -- si l'on accepte l'idée qu'un travail pénible permet de réduire la durée de cotisation ?

    Et puis, quand on est dans la force de l'âge, la pénibilité d'un travail n'est pas un problème ! Ceux qui partent travailler sur une plateforme pétrolière par exemple, reçoivent une compensation salariale très honnête pour le peu de temps qu'ils se soumettent à des conditions extrêmes d'usure physique et psychologique (isolement social).

    [ mise à jour du 15 juin 2010 ] — Voir à ce sujet la proposition de Lucia D'Apote sur Democratia Europe.

    Dans tous les cas, la formation tout au long de la vie est la meilleure garantie pour assurer la mobilité des salariés entre des emplois physiquement ou psychologiquement usants et des emplois mieux adaptés aux corps vieillissants et à l'expérience.
Alors je ne vois que deux alternatives pour trancher cette question (obscure et) complexe de la pénibilité que les politiques semblent prendre pour la martingale sociale pour fixer l'age de départ à la retraite :

-- ou bien il faut instaurer une approche démographique pure et simple, et analyser la question de l'espérance de vie dans toute sa brutalité sociale et sa froideur, ce que les caisses de retraites savent faire mieux que personne car elles connaissent parfaitement les parcours professionnels et les espérances de vie ;

-- ou bien il faut dire clairement que le suivi individuel doit être instauré, par la Médecine du Travail par exemple, car tous les hommes ne sont pas égaux devant l'usure physique des métiers -- et parmi les Hommes, les hommes & les femmes encore moins !

  • Enfin, il est nécessaire de favoriser la transition progressive entre vie professionnelle et retraite au sein des entreprises*.

    Il n'est plus acceptable que dans certains métiers, le chômage et la pré-retraite servent de palliatif systématique au déficit de formation pour les plus de 50-55 ans.

    Pourquoi ne pas instaurer par exemple, au sein des entreprises, un critère de bonne représentativité de la pyramide des âges, afin de pénaliser (par un alourdissement des cotisations sociales) toutes les entreprises qui ne feraient pas les efforts suffisants pour employer des juniors et les séniors ?


    * : conjointement aux mesures de transition entre vie professionnelle et retraite, ne serait-il pas souhaitable de reconnaitre aux retraités un statut spécifique à tous ceux qui s'engagent bénévolement dans la vie associative ?

1 commentaire: