lundi 21 juin 2010

Jean-Michel APATHIE dans ses œuvres : « On ne peut pas empêcher à l'épouse d'Éric WOERTH de travailler »...

Mise à jour du lendemain matin :

Selon le site de France Soir, Florence Woerth "devrait démissionner"
dans les prochains jours, de la société où elle gère une partie
de la fortune de l'héritière Liliane Bettencourt.

Lire aussi dans les commentaires :
- l'éditorial de Claude Askolovitch dans le JDD
- le billet de Jean-François Kahn sur son blog

Écouter aussi :
- interview d' Edwy Plenel au journal de la mi-journée sur France Culture


Apathie est le journaliste radio préféré des Français, 33ème tout de même, loin derrière une myriade de journalistes télé -- et aucun journaliste de la presse écrite.

Assurément, Apathie potasse à fond les dossiers techniques quand il prépare ses interviews politiques, ce qui est suffisamment rare pour être apprécié.

Mais il y a chez Apathie, un plaisir pervers à dézinguer les plus faibles -- comme la pauvre Christine Boutin la semaine dernière au Grand Journal -- alors qu'il sait faire preuve d'une incroyable mansuétude et parfois même d'une indulgence suspecte -- ne serait-ce que par omission -- à l'égard des plus puissants et des plus influents.

C'est dans son rôle de "chien de garde" de la République des avocats d'affaires que J-Michel Apathie s'est une nouvelle fois illustré ce matin, à 7h50 sur RTL, par une simple virgule, un petit commentaire insidieux glissé entre deux phrases de l'interviewé.

F. Bayrou était l'invité (vidéo ci-dessous) et dénonçait, concernant l'affaire Woerth Bettencourt, l'éternelle immixtion d'intérêts privés dans les affaires publiques et l'intérêt général.

Défendant l'emploi de Florence Woerth, épouse du ministre, au service financier de Liliane Bettencourt, héritière de l'empire l'Oréal, Apathie se désole :

On ne va tout de même pas empêcher à l'épouse d'Éric Woerth de travailler ! »

Insidieux
, presqu'inaperçu et pourtant consternant :
  • Éric Woerth était déjà Ministre du Budget fin 2007, lorsque son épouse Florence est entrée au service de Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de l'héritière. Jean-François Kahn affirme même sur son blog qu'Éric Woerth connaissait personnellement P. de Maistre lorsqu'il est intervenu auprès de lui pour faire engager son épouse. Si les faits sont avérés, la démission de l'ex-Ministre du Budget est à l'ordre du jour.

  • Comme Ministre du Budget, Éric Woerth avait la tutelle des services fiscaux jusqu'en mars 2010. En particulier, il supervisait les négociations résultant de la politique d'amnistie fiscale défendue par Nicolas Sarkozy, visant à favoriser le retour des exilés fiscaux moyennant une simple transaction amiable. Dans cette situation, il était parfaitement inacceptable que le ministre du Budget soit également trésorier de l'UMP, en raison des connivences politico-financières évoquées plus haut, précisément.
De tels mélanges de genres (intérêts privés vs intérêt public, trafic d'influence) violent au grand jour les principes les plus élémentaires de la séparation des pouvoirs (politiques, financiers). Ils seraient tout simplement inimaginables dans la plupart des pays démocratiques du Monde, d'Europe en tout cas, sauf peut-être dans l'Italie de Berlusconi.

Le psychodrame qui se joue actuellement en Afrique du Sud autour des Bleus peut sembler bien dérisoire en comparaison... à moins que les Unes de l'Équipe et de Libération ne servent en fait qu'à distraire l'opinion publique des vrais sujet !


2 commentaires:

  1. Quand le doigt montre le scandale, l’imbécile regarde le doigt, et nous sommes des imbéciles si nous nous trompons de sujet.

    La question n’est pas de savoir si la vie privée de Liliane Bettencourt a été violée par un ex-majordome qui enregistrait ses conversations privées… mais de voir le fisc et la justice déterminer si la première fortune de France se surprotégeait en soustrayant au fisc quelques millions d’euros, ce que semblent indiquer les bandes révélées par nos confrères de Mediapart et du Point. De même, la question n’est pas de savoir si Florence Woerth, épouse d’Eric, a le droit de mener une carrière indépendante de celle de son mari. Mais de se demander s’il était raisonnable de voir l’épouse du ministre du Budget travailler pour Clymène, structure gérant la fortune de Mme Bettencourt, au moment où celle-ci, peut-être, organisait une protection de ses biens.

    Il y a toujours des contradictions entre la liberté individuelle et l’intérêt général ou républicain. Nous sommes en plein dans ce dilemme, et conscients des risques : intrusion, censure, société de surveillance généralisée, logique du soupçon… Mais Eric Woerth, dans la droite française, est l’homme d’une certaine rigueur, fiscale et désormais sociale ; celui qui, liste de fraudeurs à la main, demandait aux évadés fiscaux de se dénoncer: précisément pour protéger ce qu’il est et porte, il aurait dû comprendre, et son épouse avec lui, qu’il n’était pas concevable pour elle d’assister une milliardaire, fût-ce pour lui conseiller des investissements.

    C’est injuste? Admettons. Mais la situation est pire aujourd’hui, où l’impartialité de l’Etat est mise en doute, et Eric Woerth n’a que sa parole et sa réputation à opposer au délitement de la confiance. Si l’on ajoute les interventions élyséennes dévoilées par les mêmes "bandes Bettencourt", l’intrusion du Président dans la reprise du Monde, les petits arrangements avec le bon sens de tel ministre fumeur de cigares, on est devant un mélange malsain, qui nourrit les pensées les moins démocratiques: l’idée que ceux qui gouvernent, sûrs de ce qu’ils sont, s’autorisent ce qu’ils refusent aux autres.

    C’est la définition même de l’oligarchie: le gouvernement du pays par une classe cooptée, s’abstrayant des critères communs au nom de son existence même, voire de sa bonne foi. Ajoutons pour être clairs. On parle ici du sarkozysme; l’oligarchie a aussi été de gauche, notamment au temps du mitterrandisme finissant. Ajoutons aussi: ce qui navre, dans cette histoire, c’est que Woerth, sans doute, est d’une netteté incontestable, et Nicolas Sarkozy réformateur et, souvent, régulateur; mais des complaisances, des oublis, des colères viennent obérer leurs actions. Ajoutons enfin: les journalistes, et celui qui écrit ici peut s’y inclure, peuvent émarger ou côtoyer des oligarchies mouvantes, ou les couvrent par paresse ou passivité. Eric Woerth, nous disent aujourd’hui les amis du ministre, n’a jamais fait mystère des choix professionnels de son épouse, et cela n’avait provoqué ni scandale ni avertissement. C’était exact. C’est notre tort.

    Claude Askolovitch - JDD - Samedi 19 Juin 2010

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  2. C’était prévisible : en s’enfermant dans un système de dénégation absolument non crédible, allant jusqu’à reprendre l’argument fameux de Charles Pasqua « est-ce que j’ai une tête à couvrir des fraudes fiscales ! », Eric Woerth a finalement lui-même déclenché un processus de demandes d’explications qui lui sera de plus en plus difficile d’éluder. Même la direction du PS, après cinq jours de réflexion, a fini par exiger des éclaircissements.

    Et du coup, tout explose. Madame Florence Woerth a dû annoncer, en catastrophe, qu’elle démissionnait de son emploi de gestionnaire de fortune chez Madame Bettencourt (ce qui prouve bien que ça posait un sérieux problème). Tandis que Madame Bettencourt faisait annoncer qu’elle allait rapatrier des capitaux qui avaient été exportés illégalement à l’étranger pour être soustraits au fisc. A part ça, il n’y avait pas de problème : les enregistrements étaient des faux ; il s’agissait de déstabiliser Eric Woerth pour saboter la réforme des retraites ; l’ancien ministre du Budget n’était au courant de rien ; sa femme non plus. Tout était clean ! Aujourd’hui, à l’Elysée, c’est un peu la panique.

    Le gouvernement se trouve désormais confronté à trois exigences difficilement contournables :
    1) quand va-t-il porter plainte contre le conseiller financier de Liliane Bettencourt pour organisation de fraude fiscale et de dissimulation de capitaux ?
    2) Quand va-t-il diligenter une enquête ?
    3) Quand la Garde des Sceaux, Madame Alliot-Marie, décidera-t-elle de faire toute la lumière sur des cas apparemment flagrants de pressions politiques sur le cours de la justice ? Les premières initiatives ont été prises pour tenter de circonscrire l’incendie. D’autres suivront.

    Jusqu’ici c’étaient surtout, dans le camp sarkozyste, les réactions de ceux qui tentaient de noyer le poisson qui étaient significatives, tant elles révélaient une formidable gêne.
    Y compris sur ce forum.

    Quelques exemples : (...)

    lire la suite sur le blog de JFK

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