dimanche 21 novembre 2010

Devinez pourquoi GOOGLE émet ses factures depuis l’Irlande ?

Les contribuables européens vont payer pour sauver les banques irlandaises
— à lire sur Coulisses de Bruxelles, le blog de Jean Quatremer —


Devinez pourquoi Google émet ses factures et ses paiements depuis l’Irlande ? C'est à Dublin qu'est installé son centre de gestion pour toute l’Europe : impôt sur les sociétés proche de zéro, un vrai paradis fiscal.

Cet après-midi, un conclave de ministres des finances européens vient de décider de voler au secours de l'Irlande dont le déficit budgétaire atteint des fonds abyssaux (32% du PIB).

Facture : entre 80 et 90 milliards d'Euros piqués* dans la poche du contribuable européen lambda, le péquin moyen comme vous et moi...

Jusqu'ici, tout va bien... Si au moins ce nouvel épisode de vertige monétaire permettait de rapprocher les politiques fiscales au sein de l'Union européenne... mais j'en doute, hélas.

* : on dit "empruntés" en langage diplomatique du FMI et de la BCE... Mais si l'affaire tourne mal, le résultat est le même !

Lire sur le blog de Jean Quatremer : Les contribuables européens vont payer pour sauver les banques irlandaises
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4 commentaires:

  1. Ainsi, les 4 millions d’irlandais vont devoir supporter une charge supplémentaire de 80 à 90 milliards d’euros. Tu parle d’un sauvetage, comment ils vont payer au juste ? Tous les acteurs (UE, FMI, BCE) de ce drame à venir s’en moquent, l’euro obtient, au sacrifice d’un peuple, un sursis. L’Irlande n’en a pas terminé avec les ennuis : c’est le début. Le SMIC horaire va diminuer d’un euro, sans parler des 15 milliards d’économies via un plan de rigueur exceptionnel, etc.

    Emprunter un tiers de son PIB, en voilà une sacrée idée pour l’avenir…

    « Le Figaro », rubrique économie, titre aujourd’hui « Le Cac 40 applaudit l’aide à l’Irlande ». Tu m’étonne ! Le système boursier est déconnecté de l’économie réelle depuis un moment. A qui le tour maintenant ? Portugal ? Espagne ? Pays de l’Europe de l’est ? Royaume-Uni ? Ou… France ?

    SP.

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  2. L'Europe au secours des banques irlandaises. Dublin a dû se résoudre, sous la contrainte des marchés financiers, à demander l’aide de l’Union européenne. Celle-ci s’est empressée d’accepter pour « pour sauvegarder la stabilité financière dans l’Union et la zone euro », selon les termes du communiqué des ministres des Finances des Vingt-sept publié dimanche soir. Aucune somme précise n’est encore avancée, mais les fonds prêtés à l’Irlande devraient se situer entre 85 et 110 milliards d’euros, selon les estimations de Barclays Capital. Plusieurs prêteurs sont sur les rangs : le Fonds européen de stabilisation financière (FESF), autorisé à emprunter jusqu’à 440 milliards d’euros sur les marchés avec la garantie des États de la zone euro, le Mécanisme européen de stabilité financière (MESF), qui permet à la Commission de lever jusqu’à 60 milliards sur les marchés avec la garantie du budget communautaire, la Grande-Bretagne et la Suède (qui a déjà prêté à la Lettonie et à l’Islande) disposées à accorder des prêts bilatéraux et, enfin, le Fonds monétaire international (FMI). Décryptage d’une crise qui fait trembler la zone euro.

    * Pourquoi l’Union doit-elle intervenir ?

    À la différence de la Grèce, sauvée in extremis en mai dernier par l’intervention des Européens et du FMI, qui lui ont prêté respectivement 80 milliards et 30 milliards, l’Irlande n’a pas de problème de liquidités, ses besoins de financement étant assurés jusqu’en juin 2011. Autrement dit, elle est parfaitement solvable et ses comptes publics sont sous contrôle, le gouvernement conservateur de Brian Cowen ayant déjà adopté depuis 2009 une vigoureuse politique de rigueur qui n’a rien à envier à celle imposée à Athènes par l’Union et le FMI. Ainsi, le dernier plan publié par Dublin prévoit une économie de 15 milliards d’euros en 4 ans, soit 10 % du PIB irlandais.

    Le problème irlandais est, pour l’essentiel, bancaire : les banques de l’île ont profité de la dérégulation financière mise en place par le Fianna Fail (au pouvoir depuis 1987 sauf entre 94 et 97) et des bas taux d’intérêt offerts par l’euro pour prêter à tout va, créant ainsi une bulle immobilière. Lorsqu’elle a éclaté, le système bancaire n’a dû sa survie qu’à la garantie accordée par l’État à la dette bancaire (dépôt des particuliers et prêts des investisseurs, soit autour de 250 % du PIB…). Mais le sauvetage des banques locales a coûté cher : 50 milliards d’euros en recapitalisation et 80 milliards d’euros d’actifs toxiques cantonnés dans une « bad bank », la NAMA, ou structure de défaisance. Une facture qui a fait plonger le déficit public irlandais à - 32 % du PIB. Cela étant, il s’agit d’une dépense imputée sur une année qui ne se répétera pas et la dette publique (99 % du PIB) reste soutenable.

    Le problème est que les marchés financiers ont commencé à craindre que l’Irlande soit incapable de faire face à ses remboursements. La volonté du Conseil européen de la fin du mois d’octobre de mettre en place une procédure de restructuration de la dette publique des États fortement endettés a achevé de les paniquer. De peur de perdre leur mise, ils se sont mis à exiger une prime de risque de plus en plus importante, lui interdisant en fait de se financer sur les marchés. Pour mettre l’Irlande à l’abri des marchés le temps que Dublin fasse le ménage dans ses finances publiques et dans son secteur bancaire, l’Union a été obligée d’intervenir. « Un bel exemple de prophétie autoréalisatrice », soupire-t-on à Bercy.

    Cependant, il n’est même pas certain que les Européens devront réellement lui prêter de l’argent, la garantie explicite de l’Union pouvant suffire à ramener le calme. À voir dans les prochains jours.

    (...)

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  3. (...)

    * L’euro est-il menacé ?

    L’euro n’est absolument pas menacé. Et ce, même si un ou plusieurs pays décidaient de quitter la monnaie unique. L’euro serait certes balloté sur les marchés, mais aucune monnaie n’a jamais disparu par la pression des marchés… Et la zone euro reste l’une des principales puissances économiques du monde, ce qui attirera toujours des investisseurs.

    De toute façon, aucun pays n’aurait intérêt à quitter l’euro : en effet, sa nouvelle monnaie serait immédiatement attaquée et dévaluée et le stock de dettes existant, libellé en euros, serait encore plus lourd à rembourser. Sans compter que le coût des emprunts serait encore plus lourd qu’aujourd’hui, ce qui grèvera la croissance de ces pays, et que le retour de l’inflation (surenchérissement des importations) grèvera lourdement à terme leur compétitivité, la dévaluation n’offrant qu’un bol d’air très provisoire. Même une restructuration de la dette publique ne résoudra pas le problème, puisqu’ensuite le pays le paierait très longtemps sous la forme d’une forte prime de risque. Ne pas entrer dans la zone euro est une chose, la quitter en est une autre.

    * Le tigre celtique, un modèle pour l’Europe ?

    Personne n’a oublié que les Irlandais ont rejeté deux traités européens (certes avant de se raviser) en 2001 (Nice) et en 2008 (Lisbonne), manifestant ainsi un attachement déclinant à l’idée européenne. L’Irlande, soulée par sa réussite, a oublié tout ce qu’elle devait à l’Europe : sans les aides régionales, représentant 4 % de son PIB, et sans le marché intérieur, qui offrait un débouché aux exportations des entreprises qu’elle attirait chez elle à coup de dumping fiscal (un impôt sur les sociétés de 12,5 %), sa croissance n’aurait pas été la même… Charlie McCreevy, le ministre des finances responsable de la dérégulation du système bancaire irlandais, a parfaitement incarné cette arrogance irlandaise qui a fini par ternir l’image de ce pays : commissaire au marché intérieur entre 2004 et 2009, il a torpillé toute régulation financière européenne, arguant que ce qui était bon pour l’Irlande l’était forcément pour l’Union… Voir aujourd’hui Dublin tendre la sébile suscite à Bruxelles un sentiment de « Schadenfreude », une joie mauvaise devant le malheur des autres.

    Jean QUATREMER - 23 novembre 2010

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  4. ... à insérer entre les 2 commentaires précédents

    (...)

    * Quelles seront les contreparties au plan d’aide ?

    C’est tout l’enjeu de la négociation qui a commencé jeudi, à Dublin, entre les experts de la Commission, de la Banque centrale européenne et du FMI et le gouvernement irlandais. Sur le plan budgétaire, on ne voit pas très bien ce que Bruxelles, Francfort et Washington pourraient exiger de plus. D’autant que l’Irlande a exclu d’augmenter son impôt sur les sociétés, l’un des plus bas d’Europe, en dépit des pressions de ses partenaires, la France et l’Allemagne au premier rang.

    Tout l’effort irlandais devrait donc porter sur la réorganisation en profondeur du secteur bancaire. Il s’agit de « faire en sorte que le système bancaire soit viable et dégraissé », a ainsi expliqué Brian Lenihan, le ministre des finances irlandais. « Les banques irlandaises vont être plus petites », a renchéri Brian Cowen qui a précisé que de nouveaux « stress tests » seront organisés « avant de savoir si une recapitalisation sera nécessaire ». Un fonds de recapitalisation sera d’ailleurs mis en place afin d’offrir de l’argent frais aux banques irlandaises. Certains, en Europe, pensent qu’il faudrait aller jusqu’à une nationalisation des banques, ce qui permettrait au moins de « faire prendre une tôle » aux actionnaires. Mais leurs actions ne valent déjà plus grand-chose.

    La vraie contrepartie à ce plan d’aide serait, en fait, une restructuration de la dette bancaire, seul moyen de faire supporter une partie des pertes à ceux qui ont prêté de l’argent aux banques et qui sont donc aussi responsables de l’emballement bancaire irlandais (les « senior bond-holders »). Pour l’instant, une telle restructuration n’est pas au programme. À Bercy, on fait valoir que cette dette est couverte par la garantie de l’État, ce qui reviendrait en réalité, si on y touche, à restructurer la dette publique. « Et si on commence à jouer avec la dette publique, on prend le risque de la panique et de la contagion », souligne un haut fonctionnaire. Bref, l’Union va sans doute devoir endosser le choix du gouvernement Cowen de sauver sans contrepartie ses banques, pour le plus grand bonheur des détenteurs internationaux d’obligations bancaires… La morale politique n’y trouvera guère son compte.

    * Y a-t-il un risque de contagion à d'autres pays de la zone euro ?

    Curieusement, les marchés, qui réclamaient l’intervention de la zone euro, n’ont pas été rassurés si l'on en juge par le glissement de l’euro face au dollar, tombé aujourd’hui sous le seuil de 1,34 dollar. De même, les taux d’intérêt exigés du Portugal et de l’Espagne ne se sont pas détendus, bien au contraire. Comment l’expliquer ? Sans doute par le fait que les investisseurs ayant obtenu ce qu’ils voulaient pour l’Irlande, c’est-à-dire la ceinture et les bretelles, veulent maintenant sécuriser leurs placements dans la péninsule ibérique. Pourquoi, de fait, s’arrêter en si bon chemin ? D’autres facteurs peuvent jouer : les investisseurs s’interrogent sur l’état de santé réel des banques espagnoles, ne savent toujours pas quel sort sera réservé à l’Irlande et à sa dette bancaire et redoutent toujours une restructuration des dettes publiques.

    (...)

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