lundi 8 novembre 2010

Logement : les associations alertent à nouveau

Source : Mediapart

Le pont des Arts, pont des amoureux, s'est transformé le temps d'une journée en pont des mal-logés. Le campement n'aura pas tenu longtemps: vendredi 5 novembre vers 20h15 la police est intervenue pour démonter les 31 tentes rouges installées par les 31 associations de lutte contre le mal logement, posées le matin même sur ce pont situé face au Louvre à Paris. Et ce afin d'interpeller le gouvernement sur ses «promesses non tenues». Un rendez-vous avec le premier ministre a été fixé en début de semaine prochaine.

«On est satisfaits du rendez-vous mais on aurait pu se passer de la petite séquence CRS. Dans le fond, on aurait préféré ne pas avoir à venir du tout sur le pont des Arts», a déclaré à l'AFP M. Angotti, s'exprimant au nom du Collectif (LDH, Emmaüs, Secours catholique, fondation Abbé-Pierre, etc.)

L'objectif de cette journée d'action? «Remettre la question de la lutte contre les exclusions et le mal logement en haut des priorités de l'État, pour sortir de l'impasse ceux qui souffrent de la crise du mal logement dans notre pays», a expliqué Christophe Robert, délégué général adjoint de la fondation Abbé-Pierre. Il s'agit de «tirer la sonnette d'alarme, de mettre sur un pont et pas dessous, au cœur de Paris» ce problème de la crise du logement. «Les associations ne pourront pas gérer la crise continuellement comme ça.»


Mal logement: les tentes du Pont des Arts avant évacuation
envoyé par Mediapart. - L'info video en direct.

Quatre ans après l'installation de quelque 200 tentes sur les berges du canal Saint-Martin à Paris, puis un peu partout en France, les propos sont très amers: «Vous allez voir que dès l'arrivée des grands froids les ministres – si ce n'est pas le président de la République – vont se précipiter dans un foyer d'hébergement pour plaindre le sort des sans-abri, mais derrière ça ne suit pas, les associations n'ont pas été subventionnées à hauteur des besoins», soutient Jean-Yves Cottin, s'exprimant au nom du Comité des sans-logis.

«Nicolas Sarkozy, c'est celui qui a dit pendant la campagne “Je veux – si je suis élu – que d'ici deux ans plus personne ne dorme à la rue”, il a dit ça en hiver avec des larmes de crocodile, et depuis il a été élu et il a fait augmenter les prix», rappellera Julien Bayou de Jeudi Noir, venu en soutien. Ce dernier dénonce notamment une «contre-politique du logement des apprentis pyromanes du gouvernement» qui préfèrent «baisser les crédits, ne pas respecter la loi SRU (les 20% de logements sociaux), vider le droit opposable de son efficacité, soutenir sans réfléchir l'accession à la propriété qui fait augmenter les prix».

Etienne Pinte (député UMP) est passé dans la matinée pour les soutenir. «Tout le travail qu'il a fait pendant six mois a été mis aux oubliettes, il est vraiment très déçu et essaye d'interpeller de son côté comme il peut, mais ça va être compliqué de le faire dans sa majorité sachant que c'est aussi compliqué d'interpeller à gauche sur ces questions», dira Augustin Legrand, venu sous la casquette de président des Enfants de Don Quichotte (et non en tant que conseiller régional Europe Ecologie pour l'Ile-de-France), regrettant l'absence des grands partis de l'opposition lors de cette journée d'action hautement symbolique.

Hugo Vitrani, stagiaire à Médiapart, le 8 novembre 2010

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