lundi 1 novembre 2010

Biodiversité sauce Nagoya : la Nature n'a pas de prix, vendons-la quand-même !



Curieux satisfecit sur les "accords" de Nagoya depuis trois jours...

De Chantal Jouanno, secrétaire d'État UMP à Sandrine Bélier, député européen Europe Écologie en passant par Yann Wehrling, porte-parole du Monde parallèle (MoDem) tout le monde semble satisfait... mais satisfait de quoi ? Même Libération participe au concert unanime : Nagoya est un succès, qu'on se le dise !

Trois jours après la clôture de COP 10, je recherche toujours le texte de cet accord... introuvable. Si un de mes lecteurs sait où il se trouve, les commentaires sont ouverts ;-) Merci d'avance.

À défaut du texte pour apprécier le contenu de cet accord et ce qu'en disent médias & politiques unanimes, je me suis rabattu sur le podcast de Terre à terre, l'émission de Ruth Stégassy sur France Culture, tous les samedi entre 7h05 et 8h.

Je vous recommande d'écouter son émission sur Nagoya, tant elle pose d'excellentes questions. En attendant, je cherche toujours le texte de l'accord tant salué... Télécharger le MP3 ici.

Lire aussi les textes d'Agnès Bertrand et Françoise Degert :
- Nagoya : le bal des financiers sur Le Monde.fr, le 21 octobre 2010 et
- La finance à l'assaut de la biosphère sur Libération.fr, le 29 juin 2010.

« Le problème de cette nature,
c'est qu'elle est gratuite »

Hélène Leriche
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5 commentaires:

  1. Nagoya, 29 octobre 2010 - Réunis à Nagoya, au Japon, les Etats parties à la Convention sur la diversité biologiques ont adopté un nouveau plan stratégique comportant des objectifs clairs pour lutter contre la perte de biodiversité d'ici à 2020.

    Les gouvernements ont notamment convenu d'augmenter la superficie des terres protégées et des parcs nationaux à 17% de la surface terrestre de la Terre, contre près de 12,5% aujourd'hui, et d'étendre les zones marines protégées à 10% de la surface maritime de la planète, contre moins de 1% actuellement. Un autre défi du plan adopté prévoit de sauver d'ici à 2020 toutes les espèces connues et menacées à l'heure actuelle d'un risque d'extinction.

    La réunion a aussi convenu d'étudier les ressources mobilisables pour aider les pays en développement à atteindre les nouveaux objectifs prévus dans le plan, en se basant sur une méthodologie qui lie les soutiens offerts aux besoins et lacunes identifiés.

    Autres décisions comprises dans l'accord de Nagoya, la mise en oeuvre d'une « approche de précaution » dans l'exploitation de zones riches en biodiversité dans le cadre de la lutte contre le changement climatique et le développement des biocarburants de synthèse.

    « La réunion de deux semaines, en s'appuyant sur les dix mois écoulés de cette Année internationale de la biodiversité, a aussi débouché sur un changement radical dans la perception et la compréhension globale de l'importance de la biodiversité, des forêts, des sources d'eau douce et d'autres écosystèmes, en terme de revenus, pour l'économie mondiale et les économies nationales, en particulier, pour le PIB des pays les plus pauvres » a souligné le Directeur du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) et administrateur de la Convention sur diversité biologique, Achim Steiner.

    Ce changement a été provoqué par une initiative du PNUE - l'économie des écosystèmes et de la biodiversité (EEB)- réclamée par les ministres de l'Environnement du G8 ainsi que plusieurs pays en développement et soutenue par les gouvernements d'Allemagne, de Norvège et du Royaume-Uni.

    À Nagoya, le PNUE a rendu public le premier rapport global sur l'EBB, tandis que le Brésil et l'Inde ont annoncé qu'ils allaient lancer leurs propres études de l'EEB.

    La Banque mondiale a également annoncé le lancement, en partenariat avec plusieurs organisations, dont le PNUE, la création de « comptes verts » qui intègrent le « capital naturel » dans les plans nationaux de développement économique des pays.

    « La conservation et l'utilisation durable de la biodiversité ont besoin d'investissements catalyseurs, stratégiques, sérieux et ciblés de la part du secteur public, mais au final, les milliards, voire les centaines de milliards, de dollars nécessaires ne seront investis que lorsque les politiques publiques et les mesures d'incitations permettront de libérer les investissements du secteur privé », a également estimé Achim Steiner.

    « C'est peut-être l'ultime épreuve de vérité, mettre sur un pied d'égalité le capital naturel et le capital humain et financier. L'histoire peut nous montrer que ce sera cela le véritable succès et l'héritage de la réunion de Nagoya », a-t-il ajouté.

    Selon lui, « Nagoya a en effet permis d'établir de nouvelles normes sur lesquelles les nations du monde seront jugés par leurs citoyens ». « Cette fois ces objectifs doivent être une source d'inspiration et de changement fondamental pour aller réellement vers un développement durable et une économie verte pour tous, pas seulement pour quelques uns » a-t-il conclu.

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  2. Ce qui suit ne m’aura pas coûté beaucoup de temps. Il s’agit de l’habituelle chronique de l’excellent George Monbiot dans The Guardian, quotidien britannique. Peut-être l’un d’entre vous aura le temps de traduire, ce qui n’est pas mon cas. Permettez-moi de vous dire - vous ne lisez pas nécessairement l’anglais - que Monbiot a essayé de comprendre l’incroyable battage médiatique fait autour de la pompeuse Conférence mondiale sur la biodiversité de Nagoya. J’ai moi-même écrit mon sentiment dans les deux articles passés : pour des raisons évidentes, qu’il était facile de reconstituer à distance - ce que j’ai fait -, nul ne pouvait savoir ce que contenait cet « Accord historique », à bien des égards « hystérique ». Monbiot a tenté d’y voir plus clair, et il y est parvenu. Aucun journaliste, au moment où pleuvaient dans le monde entier des articles manipulés, ne disposait même du texte signé. Je dois dire que cette tragicomédie est d’une ampleur remarquable. Place maintenant à Monbiot et à ce Ghost Agreement. En français, « Accord fantôme ».

    Lire l'article du Guardian le 2 novembre 2010, signé George Monbiot (sur son blog).

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  3. A Ghost Agreement
    Posted November 1, 2010

    Everyone agrees that the new declaration on biodiversity is a triumph. Just one snag: it doesn’t appear to exist.

    By George Monbiot, published in the Guardian 2nd November 2010

    “Countries join forces to save life on Earth”, the front page of the Independent told us. “Historic”, “a landmark”, a “much-needed morale booster”, the other papers chorused(1,2,3). The declaration agreed at the summit in Japan last week to protect the world’s wild species and wild places was proclaimed by almost everyone a great success. There’s only one problem: none of the journalists who made these claims has seen it.

    I checked with as many of them as I could reach by phone: all they had read was a press release, which, though three pages long, is almost content-free(4). The reporters can’t be blamed for this: though it was approved on Friday, the declaration has still not been published. I’ve now pursued people on three continents to try to obtain it, without success. Having secured the headlines it wanted, the entire senior staff of the Convention on Biological Diversity has gone to ground: my calls and emails remain unanswered(5). The British government, which lavishly praised the declaration, tells me it has no written copies(6). I’ve never seen this situation before: every other international agreement I’ve followed was published as soon as it was approved.

    Lire la suite sur Monbiot.com

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  4. Nathalie Rey (left) briefs reporters before the close of the Convention on Biological Diversity in Nagoya, Japan

    After two weeks of negotiations, this CBD COP has concluded and not without some last-minute drama. Unsurprisingly, a lot of the contentious issues were left to the last day. Delegates, media and observers were told that the Friday afternoon plenary discussion to begin at 3pm. That meant that the 197 nations gathered here would have to agree a new Protocol, decide the future of protected areas on land and at sea and sign off on a new Strategic Plan for the CBD all in less than three hours. For all of you out there who haven’t sat through these talks for the past two weeks, I assure you that this seemed like an impossible feat when they announced it on Thursday.

    We sent our teams in to the working groups and late-night meetings and early-morning last-minute lobbying were our last-ditch efforts to get our oceans and forests protected. We knew it was an uphill battle and they told us that there were many closed-door meetings going on deep in the recesses of the Nagoya Conference Center that were going to decide the whole thing.

    So, we filed into the large meeting room at 3pm, wondering what might happen next. We knew it would be long and we knew it would be not the most fast-paced of Friday afternoons, but we did not know that it would entail three long breaks (one to accommodate a reception thrown by the government of India, the host of the next CBD COP) and go until 2 in the morning. Some last minute fireworks due to some diplomatic breakdowns between the European Union and several Latin American countries made things interesting before the group ratified the new Aichi-Nagoya Protocol on Access and Benefits Sharing, a new Strategic Plan and new protected areas targets at sea and on land.

    Having a new Protocol is great news- it means that local communities and indigenous communities will be able to reap the benefits of their natural resources and not have them stolen away through the bio-piracy we are all too familiar with these days. It is disappointing, though, that more of our oceans and land areas were not protected by governments here. Certainly, Nagoya was not Copenhagen and it is encouraging to know that global environmental deal-making is not dead. We had hoped for more and are still going to work for more because in the end, this is a step forward, although a small one.

    We’d like to thank you for following along on our adventures here in Japan and keep fighting for a healthy future for our children and theirs. Please join us in demanding more marine reserves and tell your friends to do the same.

    Nathalie Rey is an Amsterdam-based Oceans Policy Analyst who lead Greenpeace's delegation in Nagoya for the CBD. She is the proud mother of two daughters, an avid coffee drinker and a surprised fan of Japanese food.

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  5. Cela faisait vingt ans que se préparait le sommet mondial 2010 pour la biodiversité. Un accord a été signé le 29 octobre dernier. Réelle avancée ou coup d'épée dans l'eau ?

    L'accord a été salué de tous les superlatifs. Le communiqué officiel emploie cinq fois le mot "historique". « Nous allons discuter sincèrement de l’avenir de la Terre pour trouver une solution. Transmettre une Terre belle, avec une biodiversité riche, aux prochaines générations est un désir partagé partout dans le monde. » Ainsi accueillait Ryu Matsamoto, le ministre japonais de l'environnement, les 193 États signataires de la Convention sur la diversité biologique issue du Sommet de la Terre de Rio en 1992.

    L'accord de Nagoya comporte trois volets décidés au sommet de la Terre de Johannesburg en 2002 :

    - Un plan stratégique pour la biodiversité. L'objectif est de freiner d’ici 2020 le rythme des disparitions des espèces en augmentant les aires protégées de la planète. On estime que plus d‘un mammifère sur cinq, plus d’un amphibien sur trois et plus d’un oiseau sur huit sont menacés. De même, aujourd’hui seules 13% de la surface terrestre et 1% de la surface maritime sont protégées. L'accord de Nagoya promet de passer à 17% de la surface terrestre et 10% de la surface maritime.

    Ce premier volet, directement lié à la préservation de la biodiversité, a permis de sanctuariser quelques lambeaux de terre et de mer de plus... La délégation européenne arrivée à Nagoya avait pour objectif de parvenir à "enrayer la perte de biodiversité d’ici 2020". A l'issue de Nagoya, l'objectif a été "downsized". L’'objectif global repris dans le Plan stratégique adopté stipule que les parties s’engagent à "prendre des actions efficaces pour arrêter la perte de biodiversité afin d’avoir des écosystèmes résilients capable de fournir leurs services".

    - Un accord sur le financement de cette stratégie. Le montant, évalué à 200 milliards de dollars n'a pas été adopté. Au final, les parties ont convenu de ne pas s’engager sur des montants mais de mettre en place un processus visant à chiffrer les besoins de financement d’ici 2012. C'est plus prudent.

    - Un protocole de partage des bénéfices. Ce protocole représente le volet le plus sensible. Non pas du fait de son influence sur la biodiversité, mais il était brandi comme un préalable indispensable contre menace de veto par les pays du Sud, notamment par le Brésil. Afin d’éviter les pratiques de biopiraterie, il réglemente le partage des bénéfices tirés par les industries de la pharmacie et des cosmétiques sur les ressources génétiques des pays du Sud (animaux, plantes, micro-organismes). C'est parce qu'un accord a effectivement été trouvé sur ce volet que Nagoya, contrairement à la Conférence de Copenhague, a été considérée comme un succès.

    Après Nagoya, il est possible de prendre du recul. Peut-on parler de succès lorsqu'aucune contrainte n'est imposée aux États signataires ? Peut-on parler de succès lorsque, même pour un accord sans contrainte, les États-Unis ont refusé de signer ?

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