lundi 15 décembre 2008

L'inculture chez les démocrates : mon pédigrée

M'étant fait harponné par Guillaume, j'ai décidé de faire preuve de bonne volonté ;-) et de ne pas briser la chaîne de l'inculture. Me suivrez-vous ? Je tente le tout pour le tout en essayant de réveiller deux blogueurs endormis, nos amis démocrates Anne et Thomas. Aux antipodes des blogueurs endormis, j'aimerais insister auprès de Laure et de Christophe pour qu'ils entrent dans la danse. Un petit tag collectif aussi pour Antonin et sa bande, au Libre du MoDem.

Voici donc quelques mots pour brosser le tableau de mon inculture, dans les grandes lignes, pour chacune des catégories requises :

Cinéma — Oui j'avoue, je hais la VO. Désolé, ça fait mauvais genre, je sais. Par conséquent, des pans entiers du cinéma mondial m'échappent, étant donné le peu d'efforts consentis par les distributeurs pour réaliser des doublages de qualité.

Depuis Méliès, la magie du cinéma, c'est le trucage. Alors je ne comprends pas cet intégrisme de la VO omniprésente. Rendre les films accessibles aux cinéphiles dans leur langue maternelle, aussi bien qu'en VOST, voilà un défi culturel de la mondialisation. Alors pourquoi cela fonctionne-t-il pour Steven Spielberg ou James Cameron et pas pour Ken Loach ou Woody Allen ? C'est du séparatisme socio-culturel, sous couvert de rentabilité financière.

Je ne vais pas au cinéma pour lire ; les bibliothèques et les librairies sont faites pour cela. Je maudis ces désordres typographiques qui gesticulent en bas de l'image et perturbent le cadre cinématographique. Je ne compte plus le nombre de films ratés pour avoir attendu, en vain, une VF.
La honte ! Shame on me !

Pour moi, la vraie voix de Woody Allen est celle de sa doublure. C'est la magie du cinéma.

Bon, j'ai promis de faire un effort pour réexaminer cette position peut-être trop tranchée sur la VOST des salles obscures... Avec le DVD et la vidéo on demand, l'alternative entre VOST et VF est moins brutale, plus conciliante. Alors j'irai louer La Vie des autres en support multilingue pour pouvoir, peut-être, me raviser ;-)

Littérature — Oui j'avoue, Comment parler des livres que l'on n'a pas lus est un de mes livres de chevet préférés.

En grand démocrate, je vénère les droits imprescriptibles du lecteur selon Daniel Penac et en particulier les 3 premiers : le droit de ne pas lire, le droit de sauter des pages, le droit de ne pas terminer un livre. J'en use et j'en abuse. À l'empilement vertical (des livres achetés trop vite et qui se font désirer) et à l'alignement horizontal de la bibliothèque (les livres lus et classés par préférence et catégories) je préfère l'empilement scabreux des livres échoués, retournés en accents circonflexes (les lectures qui traînent, les lectures en parallèle, les lectures abandonnées).

En démocrate exigeant, je complète les droits du lecteur selon Penac par : le droit de préférer les commencements (relire 36 fois les premières pages) le droit de corner les pages, le droit d'écrire dans les livres (sauf ceux empruntés à la bibliothèque) le droit d'ignorer les 4èmes de couverture, le droit aux boules Quiès à la saison de la rentrée littéraire, le droit de me moquer du barnum des prix littéraires, le droit de ne pas lire les critiques des livres dans les journaux (la république des lettres entre copains et coquins), parce que c'est beaucoup plus intéressant sur Internet.

Géographie — Oui j'avoue, mes professeurs d'histoire-géo au collège ont réussi à me dégouter de l'histoire et de la géographie. Traumatisé par un tableau à 5 colonnes comprenant les pays africains, leur drapeau, leur capitale, leur superficie et même leur population, tableau appris par coeur... et oublié aussitôt. Avec le dégoût de la géographie en prime. J'en ai fait des cauchemards. Les batailles de Napoléon ont dû subir le même sort : ingurgitées comme on gave une oie, et vomies aussitôt. Une horreur pédagogique dont j'ai gardé les séquelles jusqu'au début de l'âge adulte. J'essaie encore de me rattraper... C'est dire l'immensité de mon inculture en histoire-géo. On devrait interdire ce genre de violences faites aux enfants, et interner les coupables.

Mathématiques — En général, les snobs cultivés se vantent de ne rien connaître aux mathématiques, ou de ne pas savoir se servir d'un ordinateur. C'est de bon ton. Ils écrivent à la plume d'oie, ont re-re-lu tout Proust mais ne veulent rien connaître aux probabilités, aux logarithmes et à la théorie des catastrophes. Ils s'en vantent. Alors je veux bien étaler ici mon inculture mathématique, mais vous ne saurez pas si c'est du lard ou du cochon... Du coup, j'hésite ;-)

C'est un vrai drame culturel en France, ce séparatisme entre une culture noble et élitiste (littéraire, historique, philosophique) et une culture scientifique et technique, trop souvent considérée comme une culture de seconde zône. Peut-être est-ce aussi une des principales cause du déficit d'innovation en France ?

Cuisine — Ma méconnaissance des cuisines du Monde est insondable. Comme cuisinier, j'ai une bonne excuse : les ingrédients et les ustensiles sont difficilement accessibles et parfois introuvables. Comme gourmand, j'assume et j'en profite : les découvertes des saveurs lointaines sont infinies, et j'en raffole.

6 commentaires:

  1. On devrait interdire ce genre de violences faites aux enfants, et interner les coupables.

    Puis-je mettre un + ∞ ?
    :-)

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  2. Christophe va être content : il a été taggué 2 fois ! Eh oui! Je n'ai pas pu résister non plus à tester son inculture! ;-))) Amitiés, Chantal

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  3. On est tous inculte en quelque chose. Mes ami(e)s savent qu'il faut beaucoup m'aider en informatique, en anglais, en...
    Et pourtant, un fanal, c'est pour montrer la route justement..misère !

    Au fait Pierre et les amis de sa région : la Charente-Maritime a maintenant plus de cigognes que vous, si !

    Amicalement à tous,
    Danielle

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  4. Pierre, tu m'as rendu moins inculte en me faisant connaitre Hobbes: qui disait que science et philosophie ne font qu'un!

    "Une philosophie inséparable de la science
    Souvent méconnus, les travaux scientifiques de Hobbes sont inséparables de sa théorie politique, tout comme la physique des stoïciens, fort négligée par les commentateurs, est indissociable de leur philosophie morale. En publiant De corpore, Hobbes souligne que la philosophie se divise en trois parties: la mathématique, la physique, la philosophie de la société civile."

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  5. @ Claudio :
    oui moi aussi, leur colle perpette sans hésiter

    @ Chantal :
    l'union fait la force, on n'a pas été trop de 3 ! Claudio s'y était mis aussi

    @ Danielle :
    c'est un des noms les plus mystérieux de la blogosphère démocrate que vous avez là... et les mouettes sur le Rhin, la faute au réchauffement ?-)

    @ Philippe :
    la découverte de Hobbes... bien malgré moi :-)

    Les Frères Jacques - La Confiture

    La confiture ça dégouline
    Ça coule coule sur les mains
    Ça passe par les trous d'la tartine
    Pourquoi y a-t-il des trous dans l'pain

    Bien sûr on peut avec du beurre
    Les trous on peut bien les boucher
    Ça ne sert à rien c'est un leurre
    Car ça coule par les côtés

    Faudrait contrôler sa tartine
    La tenir droite exactement
    On la met en douce elle s'incline
    Ça coule irrémédiablement

    Et ça vous coule dans la manche
    Et ça vous longe le pourpoint
    De l'avant bras jusqu'à la hanche
    Quand ça ne descend pas plus loin

    Et quand ça coule pas ça tombe
    Le pain s'écrase entre les doigts
    Ça ricoche et puis ça retombe
    Côté collant ça va de soi

    Au moment de passer l'éponge
    On en met plein ses vêtements
    Plus on essuie plus on allonge
    Plus on frotte et plus ça s'étend

    C'est pour ça qu'y'en a qui préfèrent
    Manger d'la crème de marrons
    Ça colle au pain c'est sans mystère
    C'est plus commun mais ça tient bon

    On fait l'école buissonnière
    De retour on prend l'escabeau
    On va tout droit vers l'étagère
    Pourquoi tourner autour du pot

    Qu'elle soit aux fraises à la rhubarbe
    On l'ingurgite goulûment
    La confiture on la chaparde
    On l'aime clandestinement

    Puis un jour on est bien en place
    On mène la vie de château
    Dans les avions dans les palaces
    On vous porte sur un plateau

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  6. Vous n'imaginez pas comme je suis ravi de lire votre paragraphe sur les mathématiques. Je commençais à me demander si j'étais normal de penser cela. Cette question est effectivement capitale dans notre pays, et pas seulement au niveau de l'innovation. Oserai-je vous demander de publier un article sur le sujet ?

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