mardi 16 décembre 2008

« J'ai essayé de bouger l'Europe, mais l'Europe m'a changé »

Une quarantaine de militants du Mouvement démocrate étaient venus écouter Nathalie Griesbeck, député européen, hier soir au Parlement européen de Strasbourg.

Après nous avoir présenté rapidement les rouages des institutions européennes et après avoir donné son sentiment sur le bilan de la Présidence française de l'Union européenne, Nathalie Griesbeck s'est livré au jeu de quelques questions-réponses. Plusieurs questions concernaient le siège du Parlement européen à Strasbourg ; je suis resté sur ma faim quant à ses réponses, toujours sur la défensive et manquant cruellement d'ambition pour Strasbourg, capitale démocratique de l'Europe.
En une heure trente, l'affaire était réglée...

Évoquant le discours d'ouverture de la Présidence française il y a six mois, Nathalie Griesbeck rappelait que ce discours avait duré 3 heures 30, 'ce qui n'est pas le genre de la maison'... Je dois reconnaître qu'à l'époque, ce discours volontariste de Nicolas Sarkozy, retransmis en différé sur LCP, m'avait plutôt intéressé.

Ce matin, Nicolas Sarkozy revenait à Strasbourg pour livrer le bilan de la Présidence française. Après le non irlandais, après la crise géorgienne et la crise financière, les parlementaires européens lui ont accordé, toutes tendance confondues, un satisfecit plutôt mérité.

Ceux qui me connaissent, ceux qui lisent ce blog de temps à autre, savent que je ne suis pas suspect de complaisance ou d'indulgence sarkozyste... Pourtant, j'ai trouvé ce discours européen de Nicolas Sarkozy plutôt réussi, dans le fond plus que sur la forme :-)

Optimiste, j'en retiens une phrase, osant croire à la sincérité de cet aveu : « J'ai essayé de bouger l'Europe, mais l'Europe m'a changé. (...) ». Un regret toutefois, de taille : la question du siège du Parlement européen à Strasbourg n'a pas été évoquée.

[ ajout du lendemain ] Pour un propos moins consensuel, je recommande de caler cette vidéo sur 1:33:33 pour quelques éclairages dissonants de Daniel Cohn-Bendit sur les questions institutionnelles (Lisbonne, l'unanimité, le rôle du Parlement et de la Commission) et sur les questions économiques et environnementales.

Verbatim — Fin du discours * :

(...) Et enfin, je voudrais vous dire, à titre personnel, que moi, cette Présidence de six mois m’a beaucoup appris et que j’ai beaucoup aimé ce travail. Et pour dire les choses, je comprends que les parlementaires européens soient passionnés par ce qu’ils font, parce que lorsque que l’on a la chance, pendant six mois, de connaître et d’avoir à trancher des problèmes de 27 pays, on gagne en tolérance, on gagne en ouverture d’esprit et on comprend que l’Europe est sans doute la plus belle idée qui ait été inventée au XXème siècle et que cette Europe, on en a plus que jamais besoin.

J’ai essayé de bouger l’Europe mais l’Europe m’a changé. Et je veux dire une chose parce que je le pense profondément : je crois vraiment que chaque chef d’Etat et de gouvernement gagnerait à exercer de temps à autre cette responsabilité. D’abord, parce qu’il comprendrait que les problèmes qu’il connaît dans son pays ne peuvent bien souvent trouver de solution qu’en accord avec nos voisins. Il comprendrait qu’au-delà de ce qui nous différencie, il y a tellement de choses qui nous rapprochent et il comprendrait que, surtout quelque chose de plus important, c’est que c’est plus facile pour l’Europe d’avoir des grandes ambitions que de toutes petites ambitions.

Et la dernière chose que je crois au plus profond de moi-même, c’est qu’au Conseil européen, au Parlement européen, à la Commission européenne, c’est plus facile de faire aboutir des grands projets que des petits projets. Parce que les petits projets n’ont pas le souffle et la force nécessaire pour faire reculer les égoïsmes nationaux. Les grands projets, les grandes ambitions, les grandes idées, au nom de ces grandes idées et de ces grandes ambitions, on peut surmonter les égoïsmes nationaux. Alors, que l’Europe reste ambitieuse et que l’Europe comprenne que le monde a besoin qu’elle prenne des décisions. Quand on met la poussière sous le tapis, on se prépare des lendemains difficiles. Les problèmes, il faut les régler tout de suite et maintenant et ce n’est pas vrai que les institutions européennes empêchent la prise de décision. Ce qui empêche la prise de décision, c’est le manque de courage, le manque de volontarisme, c’est l’affadissement d’un idéal. Les décisions, on ne doit pas attendre Lisbonne, on ne doit pas attendre demain, on doit les prendre maintenant et je fais toute confiance à la Présidence tchèque pour assumer le continuum de la présidence. »

Pour le discours intégral en vidéo, cliquer ici.
Pour la transcription, ici.

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