Incroyable dialogue de sourds ce soir, au JT de Claire Chazal. François Fillon répondait à une interpellation de François Chérèque enregistrée la veille, au même endroit.
Voir l'échange à la minute 3:40 :
François Chérèque évoque le "cas d'école" d'un salarié, entré dans la vie active à 18 ans et qui devra cotiser 44 ans avec la réforme (contre 40,5 ans aujourd'hui) alors que ceux qui ont commencé à 22 ans (ou plus tard...) cotiseront 2 voire 3 ans de moins. [ J'affirme pour ma part que ceux qui ont commencé après 21 ans ne seront nullement concernés par la réforme car les **_hypothétiques_** années de cotisation supplémentaires auront pour 1ère conséquence la hausse de leur pension (+ deux 41èmes soit 5% + 10% de décote en moins). ]
L'interpellation du syndicaliste est claire : « Pourquoi est-ce l'ouvrier qui paie pour les autres ? C'est ça l'injustice ! »
Réponse sidérante du Premier ministre : « Ce que dit François Chérèque n'est pas exact. » Fichtre ! Et de poursuivre sans démontrer la prétendue erreur de Chérèque mais en réfutant son argument sur la durée de cotisation pour se concentrer sur le seul critère valable à ses yeux : l'âge légal.
Au delà du dialogue de sourds (plutôt inquiétant pour ce qu'il révèle de l'état de notre démocratie sociale), François Fillon n'évite pas une grossière erreur : « Il [l'ouvrier en question] aura deux ans de cotisations supplémentaires, comme tout le monde. (sic) » Ce qui est parfaitement inexact puisque ceux qui ont commencé après 21 ans ne sont pas concernés par le report de l'âge légal à 62 ans et qu'ils ne contribueront qu'à la marge, voire pas du tout, au financement de la réforme.
Question (inquiétante) : Faut-il savoir
compter pour réformer les retraites ?
Deux épisodes précédents nous avaient déjà mis la puce à l'oreille, avant que Libération ne titre en Une lundi « Retraites — Les bobards faussent le débat ».
Le 3 octobre, François Fillon répondait à Guy Lagache sur M6 - Capital. Guy Lagache fait observer qu'un salarié ayant commencé à travailler à 18 ans devra cotiser 44 ans avant d'atteindre le nouvel âge légal de 62 ans, soit 2,5 années de plus que la durée de cotisation requise pour un départ à taux plein (41,5 ans en 2020).
Réponse de F. Fillon : « Dans ce cas, vous allez toucher une retraite plus élevée. » Évidemment faux car la surcote ne s'applique qu'au delà de l'âge légal. Libé titrera le lendemain Réforme des retraites : Fillon invente une surcote imaginaire.
Pendant ce temps, le contribuable moyen, citoyen informé, cotisant Lambda commence à avoir des sueurs froides... Un Premier ministre qui visiblement, ne connait pas sa réforme... Faut-il savoir compter pour réformer les retraites ? Ça commence à faire beaucoup...
Rebelotte hier soir au JT de France 2. C'est Luc Chatel qui s'y colle, porte-parole du gouvernement. Il répond aux questions de Laurent Delahousse (voir vidéo à la minute 8:45) et affirme :
« Nous demandons des efforts aux Français, nous leur demandons de travailler 2 ans de plus. »
Affirmation habile (un "élément de langage" sans doute) qui n'est acceptable qu'en apparence mais fausse en réalité. Car si le gouvernement avait voulu demander aux Français de travailler 2 ans de plus, il aurait en même temps allongé de 2 ans la durée de cotisation de (tous) les Français, plutôt que de reporter uniquement l'âge légal qui ne concerne qu'une partie d'entre eux.
Ainsi va la réforme des retraites, de rafistolage en rafistolage.
En attendant, la réforme en cours est toujours aussi inefficace qu'injuste, comme l'avait très bien démontré Danièle Karniewicz :
Malgré tout ça, malgré les rafistolages, malgré les mensonges, malgré les erreurs arithmétiques, François Fillon, droit dans ses bottes, l'affirme ce soir : « La réforme ira jusqu'au bout ! »
On est sauvé.
Deux épisodes précédents nous avaient déjà mis la puce à l'oreille, avant que Libération ne titre en Une lundi « Retraites — Les bobards faussent le débat ».
Le 3 octobre, François Fillon répondait à Guy Lagache sur M6 - Capital. Guy Lagache fait observer qu'un salarié ayant commencé à travailler à 18 ans devra cotiser 44 ans avant d'atteindre le nouvel âge légal de 62 ans, soit 2,5 années de plus que la durée de cotisation requise pour un départ à taux plein (41,5 ans en 2020).
Réponse de F. Fillon : « Dans ce cas, vous allez toucher une retraite plus élevée. » Évidemment faux car la surcote ne s'applique qu'au delà de l'âge légal. Libé titrera le lendemain Réforme des retraites : Fillon invente une surcote imaginaire.
Pendant ce temps, le contribuable moyen, citoyen informé, cotisant Lambda commence à avoir des sueurs froides... Un Premier ministre qui visiblement, ne connait pas sa réforme... Faut-il savoir compter pour réformer les retraites ? Ça commence à faire beaucoup...
Rebelotte hier soir au JT de France 2. C'est Luc Chatel qui s'y colle, porte-parole du gouvernement. Il répond aux questions de Laurent Delahousse (voir vidéo à la minute 8:45) et affirme :
« Nous demandons des efforts aux Français, nous leur demandons de travailler 2 ans de plus. »
Affirmation habile (un "élément de langage" sans doute) qui n'est acceptable qu'en apparence mais fausse en réalité. Car si le gouvernement avait voulu demander aux Français de travailler 2 ans de plus, il aurait en même temps allongé de 2 ans la durée de cotisation de (tous) les Français, plutôt que de reporter uniquement l'âge légal qui ne concerne qu'une partie d'entre eux.
Ainsi va la réforme des retraites, de rafistolage en rafistolage.
En attendant, la réforme en cours est toujours aussi inefficace qu'injuste, comme l'avait très bien démontré Danièle Karniewicz :
- hypothèses de croissance et de chômage inatteignables ;
- unification des régimes reportée aux calendes grecques ;
- équilibre incertain et à très court terme, etc.
Malgré tout ça, malgré les rafistolages, malgré les mensonges, malgré les erreurs arithmétiques, François Fillon, droit dans ses bottes, l'affirme ce soir : « La réforme ira jusqu'au bout ! »
On est sauvé.
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